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Jonathan Strange & Mr Norrell

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extérieur de fer forgé, et qui avait tellement grandi en l’espace<br />

d’un an qu’elle bouchait complètement une fenêtre de l’étage<br />

au-dessus, celle d’un fabricant de bougies. Après quoi vinrent<br />

d’autres plantes à la taille incroyable : Jack et son haricot<br />

magique – le géant au sommet de la tige de haricot, les géants et<br />

les tueurs de géants en général – ; Napoléon Bonaparte et le duc<br />

de Wellington ; les mérites du duc dans tous les domaines de la<br />

rie sauf un – le grand chagrin de la duchesse.<br />

— Heureusement, nous ne connaissons ni l’une ni l’autre ce<br />

que c’est qu’avoir l’esprit constamment troublé par la vision de<br />

son époux occupé à rendre hommage à d’autres femmes,<br />

conclut-elle, un peu hors d’haleine.<br />

— Je suppose que oui, répondit Lady Pole, d’un air un<br />

tantinet dubitatif.<br />

Cela chagrina Arabella. Elle avait beau se montrer<br />

indulgente pour toutes les bizarreries de Lady Pole, elle avait du<br />

mal à lui pardonner sa froideur coutumière envers son époux.<br />

Arabella ne pouvait se rendre à Harley-street aussi souvent<br />

qu’elle le faisait sans remarquer à quel point Sir Walter était<br />

dévoué à Lady Pole. S’il songeait à une chose qui puisse lui<br />

agréer ou soulager le moins du monde ses souffrances, alors ce<br />

secours lui était donné dans l’instant, et Arabella voyait toujours<br />

avec un serrement de cœur combien ses efforts étaient<br />

maigrement récompensés. Non que Lady Pole montrât une<br />

quelconque aversion envers lui ; elle semblait parfois à peine<br />

s’apercevoir de sa présence.<br />

— Oh ! Mais vous ne mesurez pas quelle bénédiction c’est là !<br />

s’écria Arabella. Une des plus grandes de l’existence.<br />

— De quoi parlez-vous ?<br />

— De l’amour de votre époux.<br />

Lady Pole parut surprise.<br />

— Oui, il m’aime, énonça-t-elle enfin. Ou, du moins, le<br />

prétend-il. Mais à quoi cela m’avance-t-il ? Son amour ne m’a<br />

jamais réchauffée quand j’avais froid, et j’ai toujours froid,<br />

savez-vous ? Il n’a jamais non plus raccourci un de ces longs<br />

bals ennuyeux ne fût-ce que d’une minute, ni arrêté une seule<br />

procession dans ces interminables couloirs obscurs et<br />

fantomatiques. Il ne m’a jamais préservée d’aucune misère.<br />

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