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Jonathan Strange & Mr Norrell

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voulaient bien.<br />

Lord Wellington regarda autour de lui.<br />

— Watkins ! cria-t-il, hélant un soldat en uniforme<br />

d’artilleur.<br />

— Oui, monsieur ? répondit l’homme.<br />

— Je suis en quête de mon petit-déjeuner, Watkins. Je ne<br />

pense pas que vous ayez aperçu mon cuisinier ?<br />

— Le sergent Jefford a prévenu qu’il avait vu vos gens<br />

monter au château, monseigneur.<br />

— Merci, Watkins, dit monsieur le duc, se remettant en route<br />

avec son escorte.<br />

Le château d’Alba de Tormes n’avait plus grand-chose d’un<br />

château. Bien des années auparavant, au début de la guerre, les<br />

Français l’avaient assiégé et, à l’exception d’une seule tour, il<br />

était en ruine. Désormais les oiseaux et les bêtes sauvages<br />

nichaient et creusaient leurs terriers là où jadis les ducs d’Alba<br />

vivaient dans un luxe inimaginable. Les belles fresques<br />

italiennes qui faisaient autrefois la renommée du château<br />

étaient beaucoup moins impressionnantes, à présent que les<br />

plafonds avaient tous disparu et qu’elles avaient été soumises<br />

aux caresses brutales de la pluie, de la grêle, du grésil et de la<br />

neige. La salle à manger manquait de certaines des commodités<br />

dont les autres salles à manger étaient pourvues ; elle s’ouvrait<br />

sur le ciel, et un jeune bouleau croissait au beau milieu. Ces<br />

désagréments ne troublaient en rien les domestiques de Lord<br />

Wellington ; ils étaient accoutumés à servir les repas de<br />

monsieur le duc en des lieux bien plus étranges. Ils avaient<br />

installé une table sous le bouleau et l’avaient recouverte d’une<br />

nappe blanche. Pendant que Wellington et ses compagnons<br />

montaient au château, ils commençaient à dresser des assiettes<br />

de petits pains et de tranches de jambon espagnol, des saladiers<br />

d’abricots et des plats de beurre frais. Le cuisinier de Wellington<br />

sortit pour mettre à frire du poisson, des rognons à la diable, et<br />

préparer du café.<br />

Les quatre gentlemen s’attablèrent. Le colonel de Lancey fit<br />

remarquer qu’il ne pouvait se souvenir à quand son dernier<br />

repas remontait. Un autre renchérit, puis tous s’appliquèrent en<br />

silence à la sérieuse affaire qui consistait à manger et à boire.<br />

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