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Littérature arabe - Notes du mont Royal

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LES ABBASSIDES 75<br />

« Il est étrange que vous autres poètes soyez si jaloux les<br />

uns des autres. Quand l'un de vous vient nous présenter<br />

une qaçida composée en notre honneur, il emploie cinquante<br />

vers à célébrer les charmes de sa maîtresse, et ne<br />

commence son véritable sujet que quand il a épuisé ses<br />

louanges; Abou'l-Atâhiya, au contraire, ne consacre que<br />

peu de vers à sa bien-aimée et commence tout de suite<br />

son panégyrique. Pourquoi êtes-vous jaloux de lui? » Sur<br />

le point de mourir, il fit venir à côté de lui le grand<br />

chanteur Mokhâriq pour lui chanter ces vers qu'il avait<br />

composés : « Au terme de mon existence, les peines des<br />

femmes qui me pleurent seront courtes. Mon amie cessera<br />

de penser à moi; elle oubliera mon amour, et trouvera<br />

vite un nouvel ami. » Sa dernière volonté fut qu'on<br />

inscrivît ces mots sur sa tombe : « Une vie qui se termine<br />

par la mort est une vie pleine d'amertume. » Abou-Nowûs<br />

lui reprochait son extrême facilité, qui lui permettait de<br />

composer cent ou deux cents vers par jour. Lui aussi, il<br />

renonça à la poésie sur le tard, par motif religieux probablement,<br />

mais cela lui valut d'être enfermé dans la<br />

prison des criminels et d'être amené en présence d'El-<br />

Mehdi, qui lui donna le choix entre la mort et la continuation<br />

de son art : « J'aime mieux faire des vers, »<br />

dit le poète, et il fut immédiatement mis en liberté. On<br />

lui prêtait l'idée d'avoir adopté les croyances des philosophes<br />

grecs, parce que ses vers parlaient de la mort,<br />

mais non de la résurrection ; on lui reprochait aussi son<br />

avarice, d'autant plus incompréhensible qu'il avait amassé<br />

de grandes richesses. Le surnom sous lequel il est connu,<br />

et qui signifie probablement l'Intrigant, est dû au khalife<br />

El-Mehdi. Il se fit des ennemis, tels que 'Abdallah, fils de<br />

Ma'an, qui le prit par ruse et lui donna cent coups de<br />

fouet, mais très doucement, par crainte de sa vengeance ;

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