Littérature arabe - Notes du mont Royal

112 LITTÉRATURE ARABE
dans le Fars, fut ministre de l'Atabek Mozhaffer-Eddin
Sa'd ben Zenguî; sous Abou-Bekr, le protecteur du poète
persan Sa'dî, il fut destitué et enferméx sous l'accusation
de trahison, dans la prison d'État d'Ochkonwân, l'une
des trois forteresses qui couronnent le site de Persépolis
(fin de 1226) et y mourut quelques mois après. Pendant
son internement, il composa une ode qui a été recueillie
par son fils Tadj-Eddin Mohammed et qui est restée
célèbre en Perse. Elle est remarquable par son style
contourné et diffus, et rempli de formules de convention
apprises à l'école, au milieu desquelles il passe parfois
un souffle de vraie et de franche poésie. Elle a été publiée
et traduite en français par l'auteur de ces lignes.
Parmi les poètes persans qui ont écrit en arabe, on ne
peut oublier Sa'di, le délicieux auteur du Gulistan et du
Boûstan, ces deux fleurs jumelles de la littérature iranienne.
Sa'di a composé des qaçidas arabes, dont la
première est une élégie sur la prise de Bagdad par les
Mongols et la mort du dernier khalife abbasside. Il écrivait
dans cette langue comme dans la sienne propre,
avec cette simplicité merveilleuse, ce naturel inimitable
qui le distinguent entre tous ses confrères de l'Iran; en
môme temps ses vers sont remplis de sentiments pathétiques
et touchants. Ses odes sont au nombre de vingt.
Sa'di, né à Chiraz, capitale du Fars, vers 1184, perdit
de bonne heure son père attaché au service de l'atabek
Sa'd ben Zenguî, alla suivre à Bagdad les cours de l'université
Nizhàmiyya, fit plusieurs fois le pèlerinage de la
Mecque, exerça, par esprit de charité, la profession de
distributeur d'eau dans les marchés de Jérusalem et des
villes de Syrie, fut fait prisonnier par les Francs et obligé
de travailler avec des juifs à nettoyer les fossés de Tripoli
de Syrie; il fut alors racheté par un Alépin qui lui donna