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Histoire de l'internationalisme

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FORMATION DES PUISSANCES EUROPÉENNES<br />

autrement cruel et atroce — nous l'avons déjà dit — que la guerre<br />

diplomatique et arithmétique <strong>de</strong>s Italiens <strong>de</strong> la Renaissance. La<br />

guerre <strong>de</strong>s mercenaires, à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'artillerie nouvelle, dont seuls<br />

les rois pouvaient se payer le luxe, provoque <strong>de</strong>s haines profon<strong>de</strong>s<br />

et durables. Destin tragique: c'est au milieu <strong>de</strong> ces haines que<br />

naissent les nouvelles nationalités européennes, qui se forment auprès<br />

<strong>de</strong>s états. Elles sont <strong>de</strong>stinées à <strong>de</strong>venir, dans un avenir encore<br />

lointain <strong>de</strong> l'époque dont nous parlons, les facteurs les plus impor*<br />

tants <strong>de</strong> l'histoire européenne.<br />

Au XVIe, au XVIIe siècles on n'aperçoit guère les nations, on<br />

ne voit que les états, on voit surtout les princes, qui, dans <strong>de</strong>s<br />

coalitions formées et reformées sans cesse, s'opposent à quiconque<br />

brigue la domination universelle. Ils combattent toute prétention à<br />

un Empire universel et toute velléité d'une hégémonie européenne,<br />

au nom <strong>de</strong> la souveraineté nationale, au nom <strong>de</strong> l'Equilibre européen.<br />

Charles^Quint et Philippe II, Louis XIV et Napoléon — tous se<br />

sont heurtés à ces idées. Tous ont dû succomber et renoncer à<br />

leurs ambitions. Mais ni la conception <strong>de</strong> la souveraineté nationale<br />

absolue, ni même celle <strong>de</strong> l'Equilibre, n'ont pu donner à l'Europe<br />

le repos, ni surtout la sécurité contre la guerre. Il en fut en<br />

Europe, comme il en avait été en Italie à l'âge <strong>de</strong> la Renaissance:<br />

tous les états se virent entourés d'ennemis contre lesquels il fallait<br />

sans cesse s'armer, le cas échéant se défendre, par la ruse ou par la<br />

force. La méfiance réciproque <strong>de</strong>vint le principe fondamental <strong>de</strong>s<br />

rapports internationaux. Elle l'est encore <strong>de</strong> nos jours. Au fond<br />

il n'est pas admissible <strong>de</strong> se fier à d'autres qu'à soi»même. Machiavel,<br />

en insistant sur ce principe, n'avait envisagé que les conditions<br />

italiennes; mais le principe ne fut pas moins valable au nord <strong>de</strong>s<br />

Alpes ; en tout cas l'enseignement <strong>de</strong> Machiavel a exercé une influence<br />

profon<strong>de</strong> sur la politique européenne. Les hommes d'état du XVIe<br />

et du XVIIe siècle étaient avant tout préoccupés <strong>de</strong>s intérêts immé»<br />

diats <strong>de</strong> leurs états; leur politique ne <strong>de</strong>vint que trop souvent<br />

myope, sans horizon ni perspective. En accentuant le principe <strong>de</strong><br />

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