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Histoire de l'internationalisme

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LA TRADITION PACIFISTE :<br />

L'HUMANISME CHRÉTIEN<br />

l'homme, après sa naissance, dépend <strong>de</strong> l'assistance <strong>de</strong>s autres. Les<br />

hommes sont faits pour le secours réciproque et pour l'amitié, et la<br />

guerre est la négation <strong>de</strong> tout ce qui est humain. Nous retrouvons,<br />

dans les développements d'Erasme sur sa conception <strong>de</strong> la guerre, à<br />

peu près la même <strong>de</strong>scription par onomatopées que nous avions vue<br />

déjà dans r«Eloge <strong>de</strong> la Folie»: «Rauca cornua, terrificum taratan><br />

tarae cantum».'^ Erasme examine ensuite les conséquences <strong>de</strong> la<br />

guerre, celles qui accompagnent «même la guerre la plus heureuse et<br />

la plus juste.»'* La nature s'indigne au spectacle offert par le guer»<br />

rier. «Regar<strong>de</strong> toi=même, si tu le peux, guerrier furieux ... Je t'ai<br />

imaginé comme un animal d'un certain caractère divin.»'" Il paraît<br />

évi<strong>de</strong>nt que ce mal terrible s'est insinué sous prétexte d'être un bien.<br />

Erasme cherche donc l'origine <strong>de</strong> la guerre. Il la trouve dans<br />

l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> tuer d'abord les bêtes sauvages, puis les animaux in»<br />

nocents mangés par l'homme. Sur ce point le raisonnement d'Erasme<br />

est d'un végétarien convaincu. Il trouve, dans la coutume <strong>de</strong> man«<br />

ger la vian<strong>de</strong>, l'origine <strong>de</strong> la disposition à répandre le sang; <strong>de</strong> là<br />

il n'y a qu'une étape insignifiante à franchir, et on verse en colère le<br />

sang humain. La guerre, c'est l'homici<strong>de</strong> en général, et pourtant<br />

nous ne voyons personne s'indigner. Au contraire: même l'Eglise<br />

excuse et défend la guerre. On croirait que l'humanité, qui souffre<br />

<strong>de</strong> tant <strong>de</strong> maux inévitables, ne voudrait pas tolérer un mal volon»<br />

taire, créé par elle«même. Et Erasme développe cette idée, qui a joué<br />

un rôle considérable parmi les arguments <strong>de</strong>s pacifistes contempo*<br />

rains.^' «Trop, hélas! trop <strong>de</strong> maux, dont, continuellement, qu'elle<br />

le veuille ou non, l'humanité affligée est vexée, harassée, absorbée.»^*<br />

" 1. c. p. 953.<br />

"... felicissimum etiam ac justissimum bellum ... p.<br />

" «Tamen adspice teipsum, si potes, furiose bellator . . .<br />

953.<br />

Ego te divinum quod<<br />

dam animal finxi.» 1. c. p. 954.<br />

" Frédéric Passy en 1856: Contraste entre la guerre <strong>de</strong> Crimée et l'inondac<br />

tion <strong>de</strong> la Loire. Epouvante créée par cellcjci, indifférence envers la guerre.<br />

" «Nimiura, heul nimium malorum erat quibus assidue, velit, nolit, vexatur,<br />

atteritur, absorbetur, aerumnosa mortalitas.» Op. II. 958.<br />

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