21.10.2013 Views

Histoire de l'internationalisme

Histoire de l'internationalisme

Histoire de l'internationalisme

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

FRANCISCUS SUAREZ<br />

«C'est aussi une juste cause <strong>de</strong> guerre que <strong>de</strong> faire subir un<br />

juste châtiment à celui qui a violé le droit, s'il refuse, sans la guerre,<br />

<strong>de</strong> faire la réparation qui est due — — — La raison en est que dans<br />

un Etat, pour conserver la paix, il faut une puissance légitime qui<br />

punisse les délits; <strong>de</strong> même dans le mon<strong>de</strong>, pour que les divers états<br />

puissent subsister en paix, il faut qu'il existe une autorité qui punisse<br />

les injures <strong>de</strong> l'un envers l'autre. Mais cette autorité ne rési<strong>de</strong> dans<br />

aucun supérieur, puisqu'il n'y en a pas, dans notre hypothèse :<br />

il<br />

est donc nécessaire qu'elle rési<strong>de</strong> dans le Souverain <strong>de</strong> l'Etat lésé<br />

auquel l'autre se trouve soumis en raison <strong>de</strong> son délit. Une guerre<br />

<strong>de</strong> cette nature tient la place d'une sentence <strong>de</strong> justice vindicative.»*'<br />

La première objection qu'on ferait à ce raisonnement serait que<br />

le principe est contraire à la justice la plus élémentaire, puisque<br />

l'Etat qui déclare la guerre est juge et partie dans sa propre cause.<br />

Suarez a prévu cette objection. Il y répond: «Il est indéniable que,<br />

dans ce cas, c'est une même personne qui est à la fois juge et par»<br />

tie; comme cela arrive pour Dieu, modèle <strong>de</strong> la puissance publique:<br />

mais la seule raison, c'est que cet acte <strong>de</strong> justice vindicative est né»<br />

cessaire au genre humain, et qu'il n'y a aucun autre moyen meilleur<br />

<strong>de</strong> le réaliser, d'autant plus qu'il a fallu, avant <strong>de</strong> déclarer la guerre,<br />

constater l'opiniâtreté du coupable, refusant <strong>de</strong> donner satisfaction ;<br />

qu'il ne s'en prenne donc qu'à lui»même, s'il est tombé «sous la juri»<br />

diction <strong>de</strong> celui qu'il a offensé.»"* — D'après Suarez cet état <strong>de</strong>s<br />

choses n'a pas <strong>de</strong> parallèle dans les relations entre les particuliers,<br />

" «Justa etiam causa belli est ut qui injuriam intulit juste puniatur, si res<br />

cuset absque bello justam satisfactionem praebere Ratio est: quia sicut ins<br />

tra cam<strong>de</strong>m Rcmpublicam, ut pax servetur, necessaria est légitima potestas ad pus<br />

niendum dclicta; ita in orbe, ut diversae Respublicae pacate vivant, necessaria est<br />

potestas puniendi injurias unius contra aliam. Haec autem potestas non est in<br />

aiiquo superiore, quia nullum habent, ut ponimus: ergo necesse est, ut sit in su»<br />

premo Principe Reipublicae laesae, cui alius subdatur ratione <strong>de</strong>licti. Un<strong>de</strong> hujus»<br />

modi bellum introductum est loco justi judicii vindicativi.» (De Char., XIII, IV,<br />

5. Cité d'après Van<strong>de</strong>rpol, 1. c. pp. 18—19; j'ai en général suivi également sa tra»<br />

duction. Le même texte se retrouve chez Van<strong>de</strong>rpol, p. 61).<br />

"' Van<strong>de</strong>rpol, 1. c, p. 20. — Le texte latin n'y est pas cité.<br />

287

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!