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Histoire de l'internationalisme

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ERASME: INSTITUTIO PRINCIPIS CHRISTIANI<br />

les moyens <strong>de</strong> conciliation, sans avoir fait appel à un règlement judi»<br />

ciaire ou amiable du conflit, se fait juge dans la cause dans laquelle il<br />

ne <strong>de</strong>vrait être, et dans laquelle il n'est, en réalité, que partie. C'est<br />

pourquoi toute guerre d'agression est la négation même du droit,<br />

quand même elle serait entreprise pour revendiquer la justice, si, au<br />

préalable, on n'a pas eu recours à une institution judiciaire.<br />

Il faut insister sur ce point, parce qu'il est assez rare qu'Erasme<br />

discute cet aspect du problème. On ne peut pas dire qu'il l'appro»<br />

fondisse ici non plus; il ne fait que l'effleurer, et il revient tout <strong>de</strong><br />

suite à l'aspect du problème qui l'intéresse toujours: aux maux<br />

amenés par la guerre. Même, dit»il, si la guerre peut être consi'<br />

dérée comme légitime, on doit l'éviter à cause <strong>de</strong> ses maux. «Qua*<br />

propter bonus et Christianus princeps omne bellum quantumvis<br />

justum, suspectum habere débet.»-'<br />

C'est le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong>s prêtres <strong>de</strong> parler contre la guerre. Ce n'est<br />

pas ce qu'ils font. Et Erasme relève cette absurdité que les <strong>de</strong>ux<br />

parties en conflit prient le même Dieu d'appuyer leur cause. C'est<br />

là ce qui est encore plus absur<strong>de</strong>: «dans les <strong>de</strong>ux camps le Christ<br />

est présent, comme s'il luttait avec lui«même.»** Et Erasme répète ce<br />

qu'il a dit déjà: «At tota Christi philosophia <strong>de</strong>docet bellum.»" Il<br />

hésite même à dire que la guerre contre les Turcs soit permise.<br />

«J'estime que même contre les Turcs il ne faut pas entreprendre la<br />

guerre à la légère, d abord parce que je constate que le royaume du<br />

Christ est né, s'est développé et consolidé d'une manière tout à fait<br />

difi:erente, et peut*être ne convient»il pas <strong>de</strong> le servir par d'autres<br />

moyens que ceux par lesquels il a été fondé et augmenté<br />

Faisons d'abord en sorte d'être nous»mêmes Chrétiens sincères ; puis,<br />

si cela est acquis, alors attaquons les Turcs.»'*<br />

» Op. IV. 608-09.<br />

'* Op. IV. p. 610. Quodque magis est absurdum, in utrisque castris a<strong>de</strong>st<br />

Christus, velut ipse secum pugnans.<br />

" I. c. p. 608; p. 610.<br />

'"'<br />

1. c. p. 610. «Ego nec in Turcas bellum temer« suscipiendum esse censeo,<br />

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