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Histoire de l'internationalisme

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EMPIRE ET PAPAUTÉ<br />

«Si l'on fait observer que l'humanité peut être gouvernée par<br />

un seul prince suprême, il ne faut pas le comprendre comme si les<br />

moindres tribunaux d'une cité quelconque peuvent avoir leur origine<br />

immédiate chez lui — — — Car les nations, les royaumes et les cités<br />

ont <strong>de</strong>s particularités qui doivent être réglées par <strong>de</strong>s lois différentes<br />

— — — Il faut le comprendre ainsi, que le genre humain doit être<br />

gouverné par lui conformément aux besoins communs, qui unissent<br />

tous les hommes, et dirigé d'après une règle commune vers la paix.»<br />

Cette conception d'une organisation fédérative <strong>de</strong> l'humanité,<br />

dans laquelle les états différents conservent leurs particularités et leur<br />

autonomie pour cé<strong>de</strong>r seulement le pouvoir judiciaire <strong>de</strong>s litiges in»<br />

ternationaux au monarque, est assurément l'idée la plus noble à<br />

laquelle s'était élevée jusque»là la méditation politique. Par elle Dante<br />

s'approche <strong>de</strong> très prés <strong>de</strong> la pensée contemporaine.'" Ce n'est que<br />

sa fidélité à l'idée monarchique qui le sépare <strong>de</strong> nous. Pour nous<br />

les pouvoirs dirigeants d'une fédération ne peuvent être que l'éma»<br />

nation <strong>de</strong>s éléments «souverains» qui constituent la fédération. Pour<br />

lui le monarque doit pour ainsi dire venir du <strong>de</strong>hors; il plane au»<br />

<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s états surbordonnés. Ou plutôt c'est l'idée monarchique<br />

qui en forme la base, et l'idée <strong>de</strong> l'autonomie locale n'est qu'une<br />

concession aux circonstances réelles, auxquelles il faut bien se plier,<br />

bon gré, mal gré.<br />

Nous avons dit que le point <strong>de</strong> départ du raisonnement <strong>de</strong><br />

Dante était franchement pacifiste, parce qu'il pose la paix comme<br />

le bien le plus grand <strong>de</strong>s biens humains. Il ne considère pas, comme<br />

tant d'autres, la lutte, ni surtout la guerre, comme un bien absolu.<br />

Et pourtant, par une contradiction qui paraît étrange, la guerr-e est<br />

'" Il me semble que Kelsen, Die Staatslehre <strong>de</strong>s Dante AUighieri (Wien u. Lpz.<br />

1905) accentue trop exclusivement le penchant unitaire <strong>de</strong> Dante (pp. 129 ss.).<br />

Il faut se souvenir que tout le raisonnement politique d'alors, toute la théorie <strong>de</strong><br />

l'Etat, était caractérisée par le rêve <strong>de</strong> l'unité, pour comprendre combien gran<strong>de</strong> est<br />

après tout la concession <strong>de</strong> Dante aux réalités <strong>de</strong> la vie. Ses contemporains —<br />

avec l'exception <strong>de</strong> Pierre Dubois — n'admettent pas le moins du mon<strong>de</strong> la divers<br />

site, que Dante voit très clairement.<br />

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