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Histoire de l'internationalisme

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LA TRADITION PACIFISTE: L'HUMANISME CHRÉTIEN<br />

Il n'est que trop évi<strong>de</strong>nt que dans <strong>de</strong> semblables circonstances<br />

le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> combattre les Turcs fut prêché partout. Charles»Quint,<br />

voyant les pays <strong>de</strong> son frère Ferdinand menacés, insista sur la néces»<br />

site <strong>de</strong> faire lunité chrétienne: il en put tirer <strong>de</strong>s arguments puis»<br />

sants, tant pour son Empire que pour l'Eglise catholique. Et le clergé<br />

catholique fut non moins emphatique, en démontrant le danger qui<br />

résulterait pour les chrétiens <strong>de</strong> leurs dissi<strong>de</strong>nces religieuses. Il en<br />

fit un grief spécial contre les protestants, fauteurs <strong>de</strong> division et <strong>de</strong><br />

désunion; il accusa même Luther d'avoir dit que la lutte contre les<br />

Turcs était en opposition avec cette épreuve envoyée par Dieu en<br />

raison <strong>de</strong>s péchés <strong>de</strong> la chrétienté. Une polémique s'ensuivit. Luther<br />

publia, en 1529, son ouvrage «Vom Kriege wi<strong>de</strong>r die Turcken.»"''<br />

Rien d étonnant à ce qu'Erasme ressentit le besoin d'expliquer<br />

son attitu<strong>de</strong>. Sa polémique contre la guerre et contre la politique<br />

belliqueuse <strong>de</strong>s princes avait été si vive, son ironie avait lancé tant <strong>de</strong><br />

moqueries contre les guerriers, qu'il pût craindre d être pris pour un<br />

adversaire même <strong>de</strong> la guerre sainte contre les Turcs. Il s'est vu<br />

forcé <strong>de</strong> se défendre contre semblable malentendu.<br />

En 1530 il écrivit son «Utilissima consultatio <strong>de</strong> bello Turcis in«<br />

ferendo et obiter enarratus Psalmus XXVIII.»"* C'est en partie une<br />

rétractation indirecte, ou disons plutôt, une «interprétation» <strong>de</strong>s opini»<br />

ons qu'il avait émises précé<strong>de</strong>mment sur le problème <strong>de</strong> la guerre.<br />

Erasme constate d'abord que l'invasion turque, tout comme les<br />

autres malheurs qui visitent la chrétienté, n'est que la punition <strong>de</strong><br />

Dieu pour nos péchés. Mais d'autre part il ne conclut pas que s'il<br />

en était ainsi, il fallait s'incliner <strong>de</strong>vant cette juste punition. Au con«<br />

traire, il se tourne contre ceux qui diraient que toute guerre nous<br />

soit interdite : «Il y en a qui estiment que les chrétiens n'ont pas<br />

du tout le droit <strong>de</strong> faire la guerre, opinion que je considère comme<br />

•• Werke, WeimanAusgabe. XI (1900), pp. 107-48. - Voir plus loin, Chap.<br />

VIL § 1.<br />

" Op., V, 345-68. — L'ouvrage est adressé à «Ornatissimo vire D. JoanniRin»<br />

cko Juris Pru<strong>de</strong>ntia Celebri», et daté du 17. mars 1530.<br />

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