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Histoire de l'internationalisme

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EMERIC CRUCÉ<br />

se communique au lecteur : «Quel plaisir seroit»ce, <strong>de</strong> veoir les hom«<br />

mes aller <strong>de</strong> part et d'autre librement, et communiquer ensemble sans<br />

aucun scrupule <strong>de</strong> pays, <strong>de</strong> cérémonies, ou d'autres diuersitez sem«<br />

blables, comme si la terre estoit, ainsi qu'elle est véritablement, vne<br />

cité commune à tous?» (p. 36).<br />

Contre «les sauuages et voleurs», corsaires et pirates qui tâchée<br />

raient d'empêcher «un si grand bien», Crucé, en dépit <strong>de</strong> sa douceur<br />

pacifiste, veut tout <strong>de</strong> même user <strong>de</strong> la force. C'est une honte que<br />

non seulement on tolère les corsaires, mais qu'on leur donne même<br />

«<strong>de</strong>s lieux d'importance pour retraicts, comme Alger en Barbarie.»<br />

Néanmoins, «ie serois d'aduis, <strong>de</strong> tenter auparauant la voye <strong>de</strong><br />

douceur, et leur offrir quelque honneste appointement. La pauureté<br />

contrainct plusieurs <strong>de</strong> mener une vie illicite: ceste cause cessant,<br />

ils se soubsmettront à la police commune» (p. 38). On pourrait<br />

leur assigner <strong>de</strong>s terres en friche et <strong>de</strong>s lieux marécageux à cultiver.<br />

Cependant : «Si quelques uns veulent continuer leur volerie, il les<br />

faut poursuivre, et chastier sans aucune miséricor<strong>de</strong> ... Il ne tien<<br />

dra qu'aux Monarques <strong>de</strong> ce temps, que les chemins <strong>de</strong> la mer ne<br />

soient asseurez» (p. 41).<br />

A défaut du commerce, «il y a d'autres mestiers qui conuiennent<br />

au menu peuple. Non que pour cela ils soient mesprisables : car<br />

l'architecture, la peinture, l'orfeurerie, l'horlogerie, l'ouurage <strong>de</strong>s soyes,<br />

<strong>de</strong>s toiles et autres arts que nous appelons mechaniqucs, ne cè<strong>de</strong>nt<br />

gueres en inuention ou subtilité aux arts libéraux, et en vtilité les<br />

surpassent» (p. 42).<br />

C'est un idéal <strong>de</strong> travail utile, idéal <strong>de</strong> paix, qu'oppose Crucé<br />

à l'idéal guerrier. «Car Lycurgus n'auoit point raison <strong>de</strong> défendre<br />

les ouurages <strong>de</strong> main, et le trafic à ces Citoyens, ne leur laissant que<br />

le bouclier et l'espee. C'estoit violenter la société humaine et luy<br />

oster ses beaux ornemens, voire mesme la d'espoiiiller <strong>de</strong>s choses les<br />

plus nécessaires. Son ordonnance estoit bonne pour la Republique<br />

<strong>de</strong>s bestes, qui n'ont que les <strong>de</strong>nts et les griffes» (p. 45). Et Crucé<br />

insiste sur la nécessité absolue <strong>de</strong>s différents métiers. «De dire que<br />

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