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Histoire de l'internationalisme

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ERASME: DE BELLO TURCIS INFERENDO<br />

Monarchie universelle, vers laquelle l'ambition <strong>de</strong> certaines personnes<br />

semblent se tourner .... Il est vrai, dit Erasme, que la Monarchie<br />

[universelle] serait la meilleure <strong>de</strong>s choses, si toutefois il se trouvait<br />

un prince ressemblant à Dieu; cependant, les moeurs <strong>de</strong>s hommes<br />

étant telles que nous les connaissons, les royaumes <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur<br />

moyenne sont les plus sûres, surtout s'ils sont unis par <strong>de</strong>s pactes<br />

chrétiens.»'"<br />

C'est la fédération <strong>de</strong>s états souverains, un équilibre entre <strong>de</strong>s<br />

empires à peu près égaux, qui semble se présenter ici à l'esprit<br />

d'Erasme. Le conseiller <strong>de</strong> Charles»Quint, ayant passé la soixan»<br />

taine, regar<strong>de</strong> le mon<strong>de</strong> d'un oeil désillusionné. L'idéal du Moyen*<br />

Age: ut omnes unum fiant, est toujours le sien: «Optima qui<strong>de</strong>m est<br />

Monarchia». Mais il n'ose plus aspirer à la perfection; il vaut mieux<br />

s'incliner <strong>de</strong>vant la dure réalité: «ut sunt hominum mores, tutis»<br />

sima sunt mo<strong>de</strong>rata imperia.»<br />

L'histoire <strong>de</strong> l'Europe est là pour prouver que notre humaniste<br />

a vu juste: la fédération <strong>de</strong>s nations indépendantes est <strong>de</strong>venue<br />

l'idéal <strong>de</strong>s pacifistes <strong>de</strong> nos jours. Et l'Europe contemporaine aurait»<br />

elle eu à passer par la crise terrifiante que l'on sait, si au lieu <strong>de</strong> la<br />

juxtaposition <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s puissances et <strong>de</strong> petits états, on avait eu<br />

un certain nombre <strong>de</strong> «mo<strong>de</strong>rata imperia, christianis foe<strong>de</strong>ribus inter<br />

se connexa»? Il est permis <strong>de</strong> le croire.<br />

C'est sur cette parole que nous allons quitter Erasme, le plus<br />

grand prédicateur contre la guerre parmi les humanistes, si grand<br />

que sa voix est entendue encore <strong>de</strong> nos jours. J'ai dit déjà que ses<br />

écrits sont encore publiés et lus aujourd'hui.<br />

Toutefois Erasme n'était pas seul à faire cette croisa<strong>de</strong>. Nous<br />

allons voir que plusieurs <strong>de</strong> ses contemporains étaient imbus <strong>de</strong>s<br />

'" Op. V, 366—67. «Terret nonnullos universalis Monarchiae vocabulum quo<br />

vi<strong>de</strong>ntur spectare quidam .... Optima qui<strong>de</strong>m est Monarchia, si Princeps <strong>de</strong>tur<br />

Deo similis, verum, ut sunt hominum mores, tutissima sunt mo<strong>de</strong>rata imperia, chri»<br />

stianis foe<strong>de</strong>ribus inter se connexa.»<br />

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