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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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S06 COURS DE LITTÉRATURE.<br />

sévérité <strong>du</strong> spectateur t lui donner un besoin plus Impérieui<br />

eTémotknis fortes et nouvelles. Et <strong>de</strong> lotîtes ces eonsidératfaas<br />

os peut conclure que Fart <strong>de</strong>s Corneille et <strong>de</strong>s Racine<br />

, défait être plus éten<strong>du</strong> f plus varié, plus difficile qm celui<br />

<strong>de</strong>s Euripi<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s Sophocle.<br />

« Ces <strong>de</strong>rniers avalent encore aa avantage que n'ont pas<br />

eu parmi nous leurs imitateurs et leurs rivaux : ils oftaieat<br />

à leurs concitoyens les grands événements <strong>de</strong> leur histoire 9<br />

les triomphes <strong>de</strong> leurs héros, les malheurs <strong>de</strong> leurs ennemis,<br />

les infortunes <strong>de</strong> leurs ancêtres, les crimes et les<br />

•engeances <strong>de</strong> leurs dieux ; ils réveil<strong>la</strong>ient <strong>de</strong>s idées imposantes<br />

9 <strong>de</strong>s souvenirs touchants ou <strong>la</strong>ttears, et par<strong>la</strong>ient<br />

I <strong>la</strong> fais I lliomme et an citoyen.<br />

« La tragédie ; soumise comme tout te reste an caractère<br />

patriotique, fut donc chez tes Grecs leur religion et lear<br />

histoire en action et en spectacle. Corneille, dominé par son<br />

génie, et n'empruntant aex anciens que les premières<br />

règles <strong>de</strong> fart, sans prendre lear manière pour modèle, §t<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie aae école d'héroïsme et <strong>de</strong> vertu. Mais combien<br />

il y avait encore à faire! combien Fart dramatique;<br />

qui doit être le résultat <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> mérites différents, était<br />

loin <strong>de</strong> les réunir ! combien y avait-il encore, je ne dis pas<br />

seulement à perfectionner} mais à créer! car rassemb<strong>la</strong>is<br />

<strong>de</strong> tant <strong>de</strong> beautés neuves et tragiques qui étincelèrent dans<br />

le premier chef-d'œuvre <strong>de</strong> Racine, dans Ândromaque,<br />

n'est-il pas une véritable création? C'est à partir <strong>de</strong> ce<br />

point que Racine, plus profond dans <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong><br />

Fart que personne ne f a? ail encore été , s'ouvrit use route<br />

itae? elle; et <strong>la</strong> tragédie fut alors f histoire <strong>de</strong>s passions et<br />

le tableau <strong>du</strong> cœur humais. » (Él&ge <strong>de</strong> Racine*)<br />

* Mais il ne faut pas dédaigner <strong>de</strong> jeter tin coup<br />

d'oeil sur les essais <strong>de</strong> sa première jeunesse. . Noos<br />

y reconnaîtrons, au milieu <strong>de</strong> tous les défauts qui<br />

dominaient encore sur <strong>la</strong> scène f le germe d'un<br />

grand talent poétique; et Raeine s 9 y annonce déjà<br />

par un <strong>de</strong>s mérites qui lui sont propres 9 ce<strong>la</strong>i <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

tmileatiaiL II n'avait pas vingt-cinq ans lorsqu'il<br />

«tonna kê Frèrm ememâsf commencés longtemps<br />

auparavant, sujet traité sur tous les théâtres an*<br />

<strong>de</strong>ns, et qui ne pouvait guère réussir sur le nôtre.<br />

Mi Tue ni fautre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ui frères ne peut inspirer<br />

d'intérêt; tous <strong>de</strong>ui sont à peu près également<br />

coupables, également odieux : Tua est un usurpateur<br />

<strong>du</strong> ttdne, et Fautre est l'ennemi <strong>de</strong> sa patrie.<br />

Leur «ère ne peut <strong>mont</strong>rer qu'une douleur impuissante;<br />

et <strong>de</strong>s intrigues d'amour ne peuvent se mêler<br />

mwmmdkhmmt au milieu <strong>de</strong>s horreurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> race<br />

ie Laïus. Tel est le vice <strong>du</strong> sujet 9 et <strong>la</strong> fable <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pièce ne va<strong>la</strong>it pas mieux. La manière <strong>du</strong> jeune pacte<br />

est fidèlement calquée sur les défauts <strong>de</strong> Corneille.<br />

Manie profita mieux que le talent commence presque<br />

toujours par l'imitation. C'est en même temps<br />

un hommage qu'il rend à ses maîtres, et un éeueil<br />

où il peut échouer, si le modèle n'est pas parfait ;<br />

car il est <strong>de</strong> Fineipérietiee et <strong>de</strong> <strong>la</strong> faiblesse-<strong>de</strong> cet<br />

âge <strong>de</strong> s'approprier d'abord ©e qu'il y à <strong>de</strong> plus aisé à<br />

imiter, c'est-à-dire les fautes: Ainsi fou voit dans ies<br />

Ftèrm€mmmÂ9 unCréon, qui, dans le temps même<br />

où il n'est oecupé qu'à brailler ses <strong>de</strong>ux neveux, et à<br />

les perdre f 11 par l'autre pour leur succé<strong>de</strong>r, est<br />

bien tranquillement et bien froi<strong>de</strong>ment amoureux<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> princesse âitigoie comme Maxime Fest d'Emilie,<br />

et rirai <strong>de</strong> son ils flémon, qu'il sait bien<br />

être fanait préféré. Il init par faire à cette Anligne,<br />

qui le hait et le méprise ouvertement, une<br />

proposition tout au moins aussi dép<strong>la</strong>cée et aussi<br />

déraisonnable que celle <strong>de</strong> Maxime à Emilie. Lorsque<br />

Étéocle et Myafce sont tués; que leur mère,<br />

Jocaste, s'est donné <strong>la</strong> mort; qu'Hennin et if aieeée,<br />

les <strong>de</strong>ux ils <strong>de</strong> Gréon, viennent <strong>de</strong> périr à <strong>la</strong><br />

vue <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux armées, Gréon, qui est resté tout<br />

seul, n'imagine rien <strong>de</strong> mieux que <strong>de</strong> proposer à<br />

Antigone <strong>de</strong> l'épouser. On sent qu'une pareille<br />

scène, dans un cinquième acte rempli <strong>de</strong> meurtres<br />

et <strong>de</strong> crimes, suffirait pour faire tomber une pièce.<br />

Antigone ne lui répond qu'en le quittant pour aller<br />

se tuer comme les autres personnages <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie.<br />

Gréon n'a pas le courage d'en faire autant,<br />

apparemment pour qu'il soit dit que tout le mon<strong>de</strong><br />

ne meurt pas ; mais il jette <strong>de</strong> grands cris, et finit par<br />

dire qu'il va chercher éurcpcs mm enferê.<br />

. On retrouve aussi dans ks Frèrei mmcmiê ces<br />

longs monologues sans nécessité, qu'il était d'usage<br />

<strong>de</strong> donner aux acteurs et aux actrices comme<br />

les moroeaux les plus propres à les faire briller,<br />

et jusqu'à <strong>de</strong>s stances dans le godt <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> Pc-<br />

§§eœ$e et à'fférœlim, espèce <strong>de</strong> hon-d'ceuvre qui<br />

est <strong>de</strong>puis longtemps banni <strong>de</strong> <strong>la</strong> scène, où il formait<br />

une disparate choquante 9 en mettant trop évi<strong>de</strong>mment<br />

le poète à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>du</strong> personnage. On y retrouve<br />

les déc<strong>la</strong>mations, les maximes gratuitement<br />

odieuses, et même les raisonnements a<strong>la</strong>mbiqués,<br />

à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>du</strong> sentiment; défauts où Eacïne n'est<br />

jamais tombé <strong>de</strong>puis. Jocaste parle à ses <strong>de</strong>ux fils<br />

à peu près comme Sabine dans les M&rmem prie à<br />

son époux et à son beau-frère ; elle veut leur prouver<br />

en forme qu'ils doivent <strong>la</strong> tuer. Et remarquons, en<br />

passant, combien il y a quelquefois peu d'intervalle<br />

entre ie faux et le vrai. Que Jocaste* an désespoir<br />

<strong>de</strong> ne pouvoir léràir ses <strong>de</strong>ux fils, leur dise qu*il<br />

faudra qu'ils lui percent le se<strong>la</strong> avant <strong>de</strong> combattre<br />

9 qu'elle se jettera entre leurs épées v ce <strong>la</strong>ipge<br />

est convenable; mais qu'elle dise,<br />

Je sols ie tous Ici <strong>de</strong>ux <strong>la</strong> oonmtine ennemie,<br />

Polique votre ennemi reçut <strong>de</strong> mol <strong>la</strong> vie :<br />

Cet ennemi mm moi M verrait pat ie Jour ;<br />

S'il meurt, ne faut-il pas que Je taeare à mon tour?<br />

Wm doutez poist, sa mort me doit être eoaamaae s<br />

11 faut m donner <strong>de</strong>nt, ou n'en donner paa une ?

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