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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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484<br />

C0U1S DE LITTÉRATURE.<br />

lectures ait retracé ees belles formes, ces proportions<br />

élégantes, cette expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> satura, ees<br />

<strong>de</strong>ssins à <strong>la</strong> fois simples et majestueux, jusque-là<br />

connus seulement <strong>de</strong>s Grecs ; et <strong>de</strong>s Romains leurs<br />

imitateurs; enta, qui, dans <strong>la</strong> peinturef ait rempli<br />

fidée <strong>du</strong> beau, et au jugement <strong>de</strong>s artistes et <strong>de</strong>s<br />

connaisseurs <strong>de</strong> tous les pays, soit <strong>de</strong>meuré le modèle<br />

in?ariable <strong>de</strong> <strong>la</strong> perfection.<br />

La magmicence et le goût <strong>de</strong>s Médicis encouragèrent<br />

cette foule <strong>de</strong> talents supérieurs qui naissaient<br />

<strong>de</strong> toutes parts» L'Italie se remplit <strong>de</strong> ees<br />

chefs-d'œuvre jans nombre qui attirent encore dans<br />

son sein les étrangers <strong>de</strong> toutes les contrées, et<br />

qu'elle <strong>mont</strong>re arec une sorte d'orgueil national,<br />

qui a pesé jusque dans cette c<strong>la</strong>sse <strong>du</strong> peuple 9 partout<br />

ailleurs étrangère au arts, mais qui semble en<br />

avoir naturellement le goût et l'amour dans le seul<br />

pys où les beaux-arts soient popu<strong>la</strong>ires. L'Europe<br />

a jeté un cri d'indignation, un cri enten<strong>du</strong> et répété<br />

mime parmi nous, quand elle a m enlever à<br />

ces peuples <strong>de</strong>s monuments qui sont pour eux une<br />

propriété publique et l'objet d'un culte particulier. ;<br />

On a dit qu'entre les nations policées, <strong>la</strong> victoire,<br />

et mime l'exemple <strong>de</strong>s Romains, n'autorisaient pas<br />

ces spoliations toujours odieuses, également condamnées<br />

par <strong>la</strong> politique et par <strong>la</strong> morale <strong>de</strong>s nations.<br />

Four moi, je l'aYoue 9 je souhaiterais <strong>du</strong> fond<br />

<strong>du</strong> cœur que ce fût le seul tort qu'on eût à nous reprocher.<br />

L'enlèvement <strong>de</strong> quelques tableaux, <strong>de</strong><br />

quelques statues, <strong>de</strong> quelques litres y est un mal qui<br />

peut être aussi aisément et aussi promptement réparé<br />

que commis. Mais jetez les yeux d'un bout <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> France à l'autre sur <strong>la</strong> nudité <strong>de</strong>s temples, et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<br />

ce qu'est détenue cette prodigieuse quantité<br />

<strong>de</strong> monuments <strong>de</strong> toute espèce, non-seulement<br />

sacrés pour <strong>la</strong> religion <strong>de</strong>s peuples, mais riches et<br />

précieux pour les arts, pour les antiquités, pour<br />

<strong>la</strong> gloire et l'ornement d'un grand empire : ils ne<br />

sont plus, et il faut <strong>de</strong>s siècles pour tes remp<strong>la</strong>cer.<br />

Parmi tant <strong>de</strong> maux et <strong>de</strong> crimes, on ne saurait<br />

s'arrêter aux moindres, et c'est un <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> ménager<br />

son indignation et ses <strong>la</strong>rmes.<br />

Médicis, maître <strong>de</strong> Florence, et le fameux pontife<br />

<strong>de</strong> Rome, Léon X, firent chercher dans toutes<br />

les bibliothèques les manuscrits <strong>de</strong>s anciens, et<br />

les presses les repro<strong>du</strong>isirent, enrichis <strong>de</strong> recherches<br />

instructives et d'obserïations estantes* Alors<br />

fut entièrement déchiré ce ? ©île épais et injurieux<br />

qu'une longue barbarie a?ait éten<strong>du</strong> sur <strong>la</strong> belle<br />

antiquité, lie sortit <strong>de</strong> ses ténèbres, et parut<br />

encore toute vivante, comme ees statues qui, enseteiîes<br />

pendant <strong>de</strong>s siècles sous les décombres<br />

amassés par les tremblements <strong>de</strong> terre et les boule­<br />

versements <strong>du</strong> globe, semblent encore, an moment<br />

où elles sont ren<strong>du</strong>es au jour, sortir <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong><br />

Fourrier. De li cette espèce d'tdolltrieqn 1 elle inspira<br />

d f abord, et qui al<strong>la</strong> jusqu'à une sorte <strong>de</strong> fanatisme ;<br />

tant il est plus difficile en tout genre- <strong>de</strong> régler le<br />

mouvement <strong>de</strong> f esprit humain que <strong>de</strong> le lui donner<br />

ou'<strong>de</strong> le lui rendra. Les érudits et les commentateurs<br />

formèrent un peuple <strong>de</strong> superstitieux. La<br />

science fut pédantesque, et Fige suivant, par un<br />

autre excès, <strong>la</strong> Tendit ridicule. Mais les hommes<br />

instruits et équitables reconnaîtront toujours avec<br />

p<strong>la</strong>isir les obligations essentielles que nous avons<br />

à ces travailleurs infatigables, qui vieillissaient sur<br />

les parchemins, et s'enterraient vivants avec les<br />

morts. Nous leur reprochons <strong>de</strong> s'être trop-passionnés<br />

pour les objets <strong>de</strong> leurs veilles, comme si cette<br />

passion mime n'avait pas été un soutien nécessaire<br />

à leurs trataai ; d'avoir surchargé leurs commentai*<br />

res d'une érudition minutieuse et souvent mémo<br />

inutile, comme si nous n'étions pas trop heureux<br />

qu'ils ne nous aient <strong>la</strong>issé que rembarras <strong>de</strong> choi -<br />

sir. Us se per<strong>de</strong>nt quelquefois dans <strong>de</strong>s sentiers obs»<br />

cars et stériles; mais ils ont, les premiers» débarrassé<br />

<strong>la</strong> gran<strong>de</strong> route où nous marchons arfcerfieil<br />

sans obstacle. Us amassent péniblement quelques<br />

ronces ; mais ils ont défriché le champ où noua cueillons<br />

sans pêne les fruits et les leurs. He perdons<br />

pas une occasion <strong>de</strong> redire à ce siècle frivole et hautain<br />

, qu'il n'y a aucun mérite à mépriser tout, mais<br />

qu'il y en a beaucoup à profiter <strong>de</strong> tout. Est-ce à<br />

nous d'insulter aux savants <strong>du</strong> seizième siècle, quand<br />

nous jouissons <strong>du</strong> fruit <strong>de</strong> leur <strong>la</strong>beur? Ils ont porté<br />

jusqu'à l'abus l'étu<strong>de</strong> et l'amour <strong>de</strong> l'antiquité, je<br />

•le veux; mais <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>rnes, qui ne <strong>de</strong>vaient qu'aux<br />

lumières générales ce qu'ils pouvaient avoir d'esprit,<br />

ont beaucoup trop négligé cette même étu<strong>de</strong> dont<br />

ifs n'ont su que se moquer, comme <strong>de</strong>s héritiers<br />

étourdis et prodigues <strong>la</strong>issent en riant dépérir entre<br />

leurs mains une fortune immense, obscurément<br />

amassée par <strong>de</strong>s pères avares et <strong>la</strong>borieux.<br />

Tels ne furent point FArioste et le Tasse, qui<br />

tous <strong>de</strong>ux, versés dans l'ancienne <strong>la</strong>ngue <strong>de</strong>s Romains,<br />

assez pour y écrire avec succès, aimèrent<br />

mieux illustrer celle <strong>de</strong> l'Italie mo<strong>de</strong>rne, et y tiennent<br />

encore le premier rang : l'un qui a fait oublier le<br />

Boyardoet le Pulci, en immortalisant leurs actions,<br />

qu'il embellissait <strong>de</strong>s charmes <strong>de</strong> son style; l'autre<br />

qui, précédé dans Fépopée pr le Trissin, ne prit <strong>de</strong><br />

lui que cette simplicité <strong>de</strong> p<strong>la</strong>n, cette unité d'action<br />

enseignée par les anciens, maistpi, rempli <strong>du</strong> beau<br />

feu qui les animait t et que <strong>la</strong> nature avait refusé au<br />

chantre trop faible <strong>de</strong> Vltaâm UbemÊa* vint se p<strong>la</strong>cer<br />

à côté d'Homère et <strong>de</strong> Yirgile, et ba<strong>la</strong>nça par l'inven-

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