la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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ANCIENS. — PHILOSOPHIE. 411<br />
pocrUes, <strong>de</strong>s pervers, et <strong>de</strong>s scélérats, etcJ A<br />
vingt mm étiez-vous tout ce<strong>la</strong>, quand fois traitiez<br />
si <strong>du</strong>rement Sénêquef Non, sans doute, car TOUS<br />
vous dites ici à vous-même, en mm peignant tel<br />
que vous étiez alors :<br />
Je v@as cernais : ICIIîS êtes ntturdlemeiit iaielpet,<br />
mm wmz l'âme kmnéte ei sensible. Vingt tais m mm<br />
a enten<strong>du</strong> mettre à <strong>la</strong> défense ém empable plus (Tinté*<br />
rit et plus <strong>de</strong> chaleur qu'il n'en mettrait à sa propre cause.<br />
CsmmeBt âviez-vons subitement per<strong>du</strong> cette heureuse ei<br />
mre disposition? »<br />
Que vous ayes l'âme honnête ei sensible, c'est ce<br />
qui ne fait rien icis et ce que tout le mon<strong>de</strong> peut<br />
dire <strong>de</strong> soi, quoiqu'il vaille mieux le <strong>la</strong>isser dire aux<br />
autres ; mais pourquoi ne le croiriez-vous pas aussi<br />
<strong>de</strong> ceux qui, comme vous 9 ont pu condamner Séné»<br />
que sans cesser d'être honnêtes et sensibles, ou<br />
plutôt parce qu'ils Tétaient? Le seraient-ils moins<br />
que vous, parce qu'ils ne mettent pas tant <strong>de</strong> chukmr<br />
et d'intérêt que vous à <strong>la</strong> défense <strong>du</strong> eoupabkf<br />
Mais ne TOUS étes-vous pas un peu mépris sur le Caractère<br />
<strong>de</strong> Yhonnéteté et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensibilité? S'il ne<br />
s'agissait que <strong>de</strong> défendre l'accusé, vous seriez dans<br />
le vrai; mais ?ous dites Yous-méme k coupable, Et<br />
où avez-vous donc pris <strong>la</strong> morak qui TOUS fait regar<strong>de</strong>r<br />
comme un attribut <strong>de</strong> Yhonnéteté <strong>de</strong> défendre<br />
k eoupabkf Ce s'est pas dans celle c?4rîsicîe<br />
ni <strong>de</strong> Nicole; mais pourriez-vous en citer une qui<br />
autorise un travers si condamnable? Becs <strong>de</strong>vons<br />
tous p<strong>la</strong>indre et même excuser le coupabk autant<br />
que <strong>la</strong> chose le permet, parce que chacun <strong>de</strong> nous<br />
peut le <strong>de</strong>venir. Mais, après le malheur d'être complice<br />
<strong>du</strong> eoupabkf le plus grand, c'est <strong>de</strong> s f p<strong>la</strong>n ce n<br />
en rendre<br />
le défenseur, eê d'y mettre tant <strong>de</strong> chaleur et<br />
d'intérêt. Ne sentez-vous pas que dès lors vous vous<br />
ôtei le droit <strong>de</strong> défendre l'innocence et <strong>la</strong> vertu,<br />
parce que votre jugement est d'avance infirmé et<br />
déshonoré par vous-même? Ne sentez-vous pas que<br />
dans cette phrase vous avez prononcé, sans y penser,<br />
contre celui qui a mis, non-seulement tant <strong>de</strong><br />
chakur et d'intérêt, nuis encore tant d'emportement<br />
et <strong>de</strong> mauvaise foi à défendre <strong>la</strong> con<strong>du</strong>ite <strong>de</strong><br />
Sénèque?<br />
C'est le <strong>de</strong>rnier objet <strong>de</strong> cette discussion, et le<br />
premier dol'ouyrage<strong>de</strong> Di<strong>de</strong>rot, si nous l'en croyons ;<br />
car il assure n'avoir pris <strong>la</strong> plume que pour défendre<br />
l'homme encore plus que l'écrit ail, quoique Fun<br />
tienne bien autant <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce que l'autre dans les six<br />
cents pages <strong>de</strong> sa diatribe. Ce procès moral pourrait<br />
en tenir ici beaucoup, s'il fal<strong>la</strong>it errer avec l'auteur<br />
dans le dédale cl il se jette, et 1e suivre à travers<br />
ses innombrables détours, qui tous aboutissent à<br />
l'erreur, et pas un à <strong>la</strong> vérité. Maiscomniedass notre<br />
f est pour nous qu'un inci<strong>de</strong>nt, <strong>du</strong>, si l'on<br />
veut, un épiso<strong>de</strong> admissible seulement sous le rapport<br />
<strong>de</strong> l'intérêt naturel que vous avez toujours nia<br />
à neps écarter entièrement le personnel <strong>de</strong>s hommes<br />
célèbres dont les écrits nous ont occupés, je<br />
restreindrai cette partie à l'essentiel, et un simple<br />
exposé <strong>de</strong>s faits et <strong>de</strong>s priocîpux moyens <strong>de</strong> conviction<br />
suffira pur le but que je dois me proposer.<br />
Une première présomption très-légitime contre<br />
l'apologiste Di<strong>de</strong>rot, c'est que tout est visiblement<br />
artifice dans ce qu'il dit <strong>du</strong> <strong>de</strong>ssein <strong>de</strong> son ouvrage<br />
et <strong>de</strong>s motlfj <strong>de</strong> son entreprise. A l'entendre, c'est<br />
le zèle pur Y innocence calomniée, pour ta mémoire<br />
d'un philosophe vertueux, qui lui a dicté un gros volume<br />
écrit avec <strong>la</strong> plus horrible virulence. 11 revient<br />
vingt fois là-<strong>de</strong>ssus avec <strong>de</strong>s redoublements <strong>de</strong> p thos<br />
et d'emphase tels ? que l'on dirait qu'il n'y a plus dans<br />
le mon<strong>de</strong> ni philosophie ni vertu si <strong>la</strong> philosophie et <strong>la</strong><br />
vertu <strong>de</strong> Sénèquene sont pas horsdjatteinte. C'est en<br />
même temps, par <strong>la</strong> raison <strong>de</strong>s contraires, uniquement<br />
<strong>la</strong> haine <strong>de</strong> <strong>la</strong> vertu et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité qui, selon<br />
Di<strong>de</strong>rot et l'éditeur, anime tous les improbateurs<br />
<strong>de</strong> Sénèqne. Mais l'un et l'autre répugnent à <strong>la</strong> nature<br />
et au' bon sens. 11 est insensé qu'on ne puisse<br />
blâmer un ancien, mort il y a dix-sept cents ans,<br />
sans haïr ta vertu, quand même cet ancien serait<br />
un Catec ou un Phocion. La mémoire <strong>de</strong>s hommes<br />
qui ont un nom dans l'histoire appartient à l'opinion<br />
<strong>de</strong> tous les siècles ; et c'est parce que cette opinion<br />
estpluadésintéress&enproprtion<strong>de</strong>réroignement,<br />
c'est parce qu'elle ne put plus ni f<strong>la</strong>tter ni blesser<br />
personne, qu'elle s'appelle, suivant une expression<br />
heureuse <strong>de</strong> Di<strong>de</strong>rot lui-même, <strong>la</strong> justice <strong>de</strong>s siècles.<br />
Lui-mime nous dit aussi dans son ouvrage que Pon<br />
peut bien haïr l'homme vertueux m présence, mais<br />
ftfll n'est pas dam <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> hoir <strong>la</strong> vertu en<br />
dkrMéme. Ce<strong>la</strong> est généralement vrai, et ce<strong>la</strong> seul<br />
fait tomber toutes ses accusations injurieuses contre<br />
ceux qu'il prétend combattre. Cette vérité renverse<br />
toute h partie satirique <strong>de</strong> son livre : cette vérité,<br />
pous <strong>la</strong> recevons <strong>de</strong> sa main; et vous avez déjà vu<br />
que pur réfuter Di<strong>de</strong>rot on n'a besoin le plus sou*<br />
vent que <strong>de</strong> lui-même.<br />
D'un autre côté, il n'est pas plus naturel que Di<strong>de</strong>rot,<br />
quelque chakwr qu'il mft à tout f en ait pu<br />
mettre ici au point <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir furieux contre une.<br />
opinion qui n'était rien moins que nouvelle, et qui<br />
avait été <strong>la</strong> sienne. 11 l'a si bien senti f qu'il s'en fait<br />
faire l'objection, et se reproche lui-même plus d'une<br />
fois l'amertume <strong>de</strong> ses invectives, qu'il rejette tantôt<br />
sur l'intérêt dê<strong>la</strong>vëUê, tantôt sur l'indigna-<br />
Mon que lui inspirent ses adversaires, qui exposent<br />
m philosophe à être fâché <strong>de</strong> ce qu'M a écrit, à