23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

COCUS DE UTTÉ1ATIIBE<br />

214<br />

lui mettre dans les Sains <strong>la</strong> fil fil doit Ummàmkê;<br />

car l'esprit <strong>de</strong> l'homme est naturellement paresseux<br />

et veut toujours être mené; il est naturellement<br />

curieux, et a toujours besoin d'attendre quelque<br />

chose : c'est le seerat <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> et ce qui en<br />

fait le prix. Cest aussi par cette raison que, pour<br />

enseigner Mon moins qu'on ne sait9 il faut savoir<br />

beaucoup , et qu'on ne peut transmettre aux autres<br />

use partie <strong>de</strong> ses connaissances sans les a?oir longtemps<br />

et mûrement digérées. Avant d 9 intro<strong>du</strong>ir@ les<br />

autres dans une longue carrière, il ne suffit pas <strong>de</strong><br />

l'avoir reeonsiie; il faut pouvoir l'embrasser-tout<br />

entière d f un eoup d'oeil, savoir tous les chemins par<br />

où l'on passerai dans quels endroits et combien da<br />

temps on veut s'arrêter, tout-ce qu f on doit reacon*<br />

trer sur son passage : et comment pourra-t-on suivra<br />

un gui<strong>de</strong> arec confiance et avec p<strong>la</strong>isir, si luimême<br />

a l'air <strong>de</strong> marcher au hasard et <strong>de</strong> ne savoir<br />

où il va? Quoi <strong>de</strong> plus fatigant qu'un écrivain qui<br />

tournons eommuidquir <strong>de</strong>s. idées dont lui-même ne<br />

a'ast pas ren<strong>du</strong> compte; qui, loin <strong>de</strong> vous épargner<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> peine, ne vous <strong>mont</strong>re que <strong>la</strong> sienne, veut répandre<br />

<strong>la</strong> lumière dans les esprits, quand le sien<br />

est couvert <strong>de</strong> nuages, et, loin <strong>de</strong> vous apporter le<br />

fruit et le résultat <strong>de</strong> vos pensées, vous associe vousmême<br />

au travail <strong>de</strong> ses conceptions?<br />

La conlrmation et <strong>la</strong> réfutation nous con<strong>du</strong>isent<br />

aux preuves : les unes dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'avocat, les<br />

autres n'en dépen<strong>de</strong>nt pas. Les <strong>de</strong>rnières sont les<br />

témoins, les écritures, les serments ; les autres sont<br />

les arguments et les exemples. Les arguments se<br />

divisent en propositions générales et particulières y<br />

et il s'ensuit qu'un orateur doit être bon logicien.<br />

Mais tout ce détail if est pas <strong>de</strong> notre sujet, et Quintilien<br />

lui-même, après l'avoir traité à fond, avertit<br />

qu'il faut possé<strong>de</strong>r <strong>la</strong> dialectique^ en philosophe<br />

et l'employer en orateur.<br />

La péroraison, que les Grecs appe<strong>la</strong>ient récapitu<strong>la</strong>tion,<br />

dbwafoMtâwt*, est <strong>la</strong> partie <strong>du</strong> dis<strong>cours</strong><br />

où Ton rassemble toutes ses forces pour porter le<br />

<strong>de</strong>rnier coup. Cest le triomphe <strong>de</strong> l'éloquence judiciaire<br />

9 surtout chez les anciens 9 dont les tribunaux 9<br />

entourés d'une foule innombrable ie peuple, ou<br />

même <strong>la</strong> tribune aux harangues, quand c'était lui<br />

qui jugeait 9 offraient un vaste théâtre à Faction oratoire.<br />

Là se développaieot toutes les ressources <strong>du</strong><br />

pathétique. Mais Quintilien avertit <strong>de</strong> ne pas s'y arrêter<br />

troplongtemps; il rappelle un mot d'un ancien<br />

déjà cité par Gicéron :<br />

< lin ne sèche si vite que les ferma*; MU dfièi aresdf<br />

iscrfmê. Le temps calme bientôt tes douleurs, même<br />

réelles; combien doivent se dissiper plus tellement les<br />

fffçreemtcos iUnswes qui n'agissent que sur flmagmaUon §<br />

l|iiefeplsJiiteMfoltpstraflisiipif sinon F«iiftNr as<br />

est fougue; il reprend sa tnnqsUlité, et 9 recréa <strong>de</strong> <strong>la</strong> pitié<br />

passagère qui l'avait saisi f il retrouve toute sa raison.<br />

SeMsseeséVjecparerrelélrte seetîiBmî;et$feaiMiBaas<br />

l'avons perte jesqa'oà 1 peut aller, arrêtons-noiii ; et n'espérons<br />

pas que l'âme soft longtemps sensible à <strong>de</strong>s douleurs<br />

qui M sont étrangères. Là, plus qa'aUtesrs, U faut<br />

quels dis<strong>cours</strong>, eec-reeiecaeBtse seetiesae, mais qu'il<br />

aile toujours en erafaatnt : tout ce qui n'ajsttfe pas à ce<br />

qu'en «dit se sert qn'à raflMbktr, et le tmtiaMnt s'éteint<br />

dèt qu'il <strong>la</strong>nguit. »<br />

Un autre avertissement quf 1 donne 3 c'est <strong>de</strong> ne<br />

pas essayer le pathétique f aï Toit ne se sent pas tout<br />

le talent nécessaire pour le bien manier.<br />

« Comme I s'y a point d'Impression pins puissante lors»<br />

qu'ut parvient à <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ire, il n'y en a peint qni retirai*<br />

disse davantage, si l'effet est manqué. Il vaudrait cent foie<br />

raies» sîccsteisiw<br />

car, en ce serve f les grands mouvements 9 les grands efforts,<br />

sent tout près <strong>du</strong> ridicule, et ce f aï se tait pas<br />

pleurer Mt rire. • .<br />

Les objets acrraïbles ont aussi beaucoup <strong>de</strong> pouvoir<br />

dans cette partie, comme <strong>la</strong> vue <strong>de</strong>s cicatrices y<br />

les blessures Y les habits teints <strong>de</strong> §ang9 les enfants<br />

en <strong>la</strong>rmes, les femmes en <strong>de</strong>uil, les vieil<strong>la</strong>rds en<br />

cheveux b<strong>la</strong>ncs. On en vit un exemple terrible lorsque<br />

Antoine mit sous les yeux <strong>du</strong> peuple romain <strong>la</strong><br />

robe ensang<strong>la</strong>ntée <strong>de</strong> César.<br />

* On savait qu'il était tué; son corps était déjà nais sur<br />

le bâcher : cependant ce vêtement ensang<strong>la</strong>nté cassât use<br />

si vive Imapjlti meurtre, qu'il semb<strong>la</strong> qu'en ce moment<br />

même en frappait encore César. »<br />

M'oublions plus ce qui a été si ridiculement et si<br />

malheureusement oublié parmi nous, qu'il est <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> nature <strong>de</strong> l'homme d'être mené par <strong>de</strong>s objets<br />

sensibles, et qu'il n'y a que <strong>de</strong>s sots ou <strong>de</strong>s monstres<br />

qui puissent se croire plus forts que <strong>la</strong> nature<br />

humaine.<br />

Hous apprenons <strong>de</strong> Quintilien que les avocats <strong>de</strong><br />

son temps faisaient d'autant plus d'usage <strong>de</strong> ces<br />

moyens, que tout les favorisait au barreau, et que<br />

d'ailleurs ils ne <strong>de</strong>mandaient pas beaucoup d'imagination.<br />

Mais aussi il en fal<strong>la</strong>it voir 1e danger lorsqu'on<br />

n'a pas apporté assez d'attention à s'assurer<br />

<strong>de</strong> toutes les circonstances <strong>du</strong> moment, et à prévoir<br />

tous les inconvénients.<br />

« Souvent; dit-il f l'ignorance et <strong>la</strong> grossièreté <strong>de</strong>scUests<br />

contredit trop ouvertement les paroles et les monvenietits<br />

<strong>de</strong> l'orateur. Ils paraSssent iasensMw qaand il <strong>la</strong>s peint in<br />

plus affectés, et rient même fcelfaelc»!^^<br />

«ente tout en pleurs. »<br />

Il raconte h ce sujet un tour assecr p<strong>la</strong>isant f rsll<br />

joua lui-même à un avocat qui p<strong>la</strong>idait contre lui,<br />

pour une jeune ille que son frère, disait-aUe, tas-

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!