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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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Yen, au lieu d'aller partout décrier cet ouvrage<br />

dès que les orne premiers chants eurent para.<br />

« Et peuft-éto, ditrfl9 Chape<strong>la</strong>in serait-il <strong>de</strong>venu aussi<br />

grand fie Racine et Me»* »<br />

C'est dommage que cette belle spécu<strong>la</strong>tion ne puisse<br />

* guère s'accor<strong>de</strong>r avec les faits et les dates. J'ai déjà<br />

remarqué, messieurs, que Fauteur ne s'en tire pas<br />

niieiii que <strong>de</strong>s raisonnements. Quand <strong>la</strong> PnceUe<br />

parut (en 1656), Chape<strong>la</strong>in avait soiiante-einq ans,<br />

et Boileau en avait vingt. Il était alors dans Pétu<strong>de</strong><br />

d'un procureur. Et voyez, je vous prie, jusqu f où<br />

peut nous égarer l'envie <strong>de</strong> <strong>mont</strong>rer <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur<br />

d'âme. On voudrait qu'us clerc <strong>de</strong> procureur se fût<br />

fait à vingt ans ie gui<strong>de</strong> et Paristarque d'un poëte<br />

plus que seiagénaire; qu'un jeune inconnu eût été<br />

offrir ses leçons à fauteur le plus célèbre <strong>de</strong> son<br />

temps. Je ne parle pas <strong>de</strong> l'impossibilité <strong>de</strong> donner<br />

<strong>du</strong> goût, <strong>de</strong> l'oreille, <strong>du</strong> talent enfin, à un homme <strong>de</strong><br />

cet âge : le dieu <strong>de</strong>s vers lui-même eût échoué près<br />

<strong>de</strong> Chape<strong>la</strong>in. Mais quelle opinion, messieurs, peuton<br />

prendre <strong>de</strong> ceui qui débitent <strong>de</strong> semb<strong>la</strong>bles<br />

rêveries avec tant <strong>de</strong> séraaai et <strong>de</strong> pathétique; qui<br />

dénaturent ainsi tous les faits et toutes les idées,<br />

pour injurier à p<strong>la</strong>isir; qui veulent que Boileau,<br />

dont les satires se parurent que dix ans après <strong>la</strong><br />

Pmcêlk, ait couru partout pour <strong>la</strong> décrier, lorsqu'il<br />

était, comme il le dit lui-même, dam <strong>la</strong> poudre<br />

Ai greffe? Est-ce ignorance <strong>de</strong> ce qu'il y a <strong>de</strong> plus<br />

aisé à savoir? est-ce un <strong>de</strong>ssein formé d'écrire contre<br />

là vérité? est-ce défaut absolu <strong>de</strong> sens, impossibilité<br />

<strong>de</strong> lier ensemble <strong>de</strong>ui idées? est-ce tout ce<strong>la</strong><br />

réuni ? que l'on choisisse : les faits parlent. Ils sont<br />

sans réplique. . .<br />

Enfin comment concevoir 'cette aveugle anlmosité<br />

qui poursuit un homme tel que Despréaui près<br />

d'un siècle après sa mort » et l'attaque à <strong>la</strong> fois dans<br />

ses écrits, dans son caractère, dans m personne;<br />

qui fait d'une dissertation littéraire un factum diffamatoire,<br />

un libelle furieux, contre un écrivain<br />

respecté qui ne peut plus se défendre? Oui, messieurs<br />

; les sarcasmes et les outrages ne tombent pas<br />

ici seulement.sur l'écrivain, mais sur l'homme.<br />

Que fauteur en effet appelle les saphirs <strong>du</strong> Tasse<br />

ce qui paraît à Boileau <strong>du</strong> cMmqmmi; qu'à propos<br />

d'une satire où le poète n'a voulu parler que <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

rime, il lui reproche <strong>de</strong> n'avoir pas connu le talent<br />

<strong>de</strong> Molière, et qu'il oublie le touchant hommage<br />

que Boileau a ren<strong>du</strong> à sa mémoire dans tÈpUre è<br />

âac§mf et les jolies stances qu'il lui adressa con­<br />

SIECLE DE LOUIS XIV. — POESIE, 119<br />

espril timi<strong>de</strong>, étroit, bomé9 tantdt un grand<br />

poète : qu'il nous dise ici que sa tête ne renfermait<br />

que <strong>de</strong>s hémistiches; là, qu'il avait m jugement et<br />

un sens exquis; qu'A prenne tout le mon<strong>de</strong> à té­<br />

moin <strong>de</strong> tejroi<strong>de</strong> tmmtm<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'écrivain qui dans<br />

taré poétique a su si bien se ployer à tous les tons ;<br />

que, selon lui, Chapelle qui <strong>de</strong> sa vie ne fît un vers<br />

heiamètre, Furctière qui n'en a pas fait un bon,<br />

aient fait pour Boileau une foule <strong>de</strong> beaux vers,<br />

lorsqu'ils n'en faisaient pas pour eui; que BMM<br />

vaincu lui paraisse au-<strong>de</strong>ssus <strong>du</strong> Lutrin; qu'il<br />

pousse même l'indécence jusqu'à dire que <strong>la</strong> p<strong>la</strong>isanterie<br />

connue <strong>de</strong> Bespréaui sur VAgésMm était<br />

k coup <strong>de</strong> pied <strong>de</strong> l'âne : on répond suffisamment<br />

à toutes ces folies par le rire <strong>de</strong> <strong>la</strong> pitié et <strong>du</strong> mépris.<br />

Mais a-tro® le droit d'imprimer d'un écrivain<br />

qui fut toujours si jalons <strong>de</strong> <strong>la</strong> réputation d'honnête<br />

homme, et à qui jamais on ne fa contestée, qu'il<br />

ftatia les grands et ks kewreux eu sièck, et se<br />

moqua <strong>de</strong> <strong>la</strong> vertu dam tindigence et dm taknt<br />

sans appidf Boileau secourut <strong>la</strong> vertu et k takmi<br />

dans l'indigence : il fut le bienfaiteur <strong>de</strong> Patin. On<br />

sait qu'il prétait <strong>de</strong> l'argent même à Lisière, qui s'en<br />

servait pour aller au cabaret faire us couplet contre<br />

lui : on sait qu'il déc<strong>la</strong>ra qu'il renoncerait à sa pen­<br />

sion, si fou retranchait celle <strong>de</strong> Corneille, et qu'il<br />

réussit à <strong>la</strong> lui faire conserver. On ose l'accuser<br />

d'avoir bafimé Corneille! Il dit dans son M$cemt$<br />

mm Roi :<br />

Oui, Je tais firent» ceci fui fadnaftnt les» vetUei t<br />

Fanai tes Nletters ea €«aate <strong>de</strong>s Cafealttaa<br />

Il dit dans ses Êpftres :<br />

Es vain contre h CM mm ministre se îtfua;<br />

Tout Paris pour CMmène a ta yeai <strong>du</strong> lûdrigne.<br />

L'Académie en corp a taata te censeur;<br />

Le publie révolté i*as*t!ae à F aalcalfar.<br />

Il dit dans l'Art poétique :<br />

Que Corneille, pour M i<br />

' Soit eocor te Cmetili et ia €M et ««*#**<br />

Il dit à Racine :<br />

De Connaît© vieil ta eaaaa<strong>la</strong>a Paris.<br />

11 dit à ses vers :<br />

Bèja comme <strong>la</strong> vers <strong>de</strong> Chmm , ŒAwÊnmmçm,<br />

Tous eroyei à grandi pas, chai <strong>la</strong> postérité,<br />

Goorlr, marqués as cota <strong>de</strong> rlmmnrtoHIé.<br />

Ces hommages si éc<strong>la</strong>tants et si multipliés nesontils<br />

pas Peipression d<br />

tre les critiques <strong>de</strong> l'Êeok <strong>de</strong>s Femmes; que, troublé<br />

par une espèce <strong>de</strong> délire qui le met sans cesse<br />

ei opposition avec Im-mèiie, il l'appelle tantét un<br />

v un sentiment vrai 9 et peuventils<br />

être bâiinaés par un Mlml sur VAgésUait<br />

Non, non : les grands hommes <strong>du</strong> alèeîa <strong>de</strong><br />

Louis XIV se respectaient mutuellement, malgré <strong>la</strong><br />

concurrence, et même malgré l'inimitié. Ils étaient<br />

justes les uns envers les autres; et ceui <strong>du</strong> ndtra,<br />

I quoi qu'en veuille dire l'anonyme, Font été envers

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