la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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COU1S DE LITTÉMTUER<br />
tin mof en péremptoire en ma faveur : car <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux dièses cune sentence, ils donnaient, par le fait, gain <strong>de</strong> causé<br />
f use : ©a là sentence me sera favorable 9 et dès Sors je ne au jeune homme, puisque ne rien prononcer sur une<br />
vous dolft rien ; on elle me sera contraire, et'dès Sors nia <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en payement, c'est dispenser <strong>de</strong> payement<br />
première cause est per<strong>du</strong>e, et je suis quitte. » Celui qui est actionné comme débiteur.<br />
Le rhéteur resta muet, et les juges interdits trou Cette historiette a pu vous divertir, parce qu'ici<br />
vèrent <strong>la</strong> cause si épineuse et si équivoque, qu'ils <strong>du</strong> moins le sophisme est lié à quelque chose <strong>de</strong> réel ;<br />
refusèrent <strong>de</strong> prononcer.<br />
mais vous ne verriez qu'un excès <strong>de</strong> sottise, d'autant<br />
J'ai conté ce trait pour TOUS donner une idée, non- plus digne <strong>de</strong> mépris qu'elle affiche plus <strong>de</strong> prétenseulement<br />
<strong>de</strong> cet art sophistique, mais <strong>de</strong> ce qui le tion 9 dans cette foule <strong>de</strong> subtilités puérilement cap<br />
it valoir chez les Grecs : c'était surtout le faible tieuses qui faisaient le fond <strong>de</strong> <strong>la</strong> doctrine <strong>de</strong> ces<br />
qu'ils eurent en tout temps pour les arguties, pour sophistes qui figurent dans les dialogues <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton.<br />
tout ce qui est subtil et délié, pour tout ce qui brille Ce n'est que chez lui qu'on peut les entendre avec<br />
et échappe à l'esprit, comme l'éc<strong>la</strong>ir aui yeux. Ce quelque p<strong>la</strong>isir, parce qu'il a eu l'art <strong>de</strong> les présen<br />
goût est d'autant plus à remarquer en eux , qu'ils ter avec <strong>de</strong>s formes comiques, comme les casuistes<br />
ne le portèrent point dans l'éloquence ni dans <strong>la</strong> <strong>de</strong>s Provinciales <strong>de</strong> Pascal. C'est précisément leur<br />
poésie, chez eui recommandable surtout par use sérieux qui les rend plus fous; et il n'est pas dou<br />
saine simplicité. Mais il dominait dans l'esprit soteux que le Molière <strong>de</strong> Port-<strong>Royal</strong> n'ait pris pour mocial<br />
et dans le commerce <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie civile. On en a <strong>de</strong>s dèles les dialogues <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton sur les sophistes, d'au<br />
preuves sans nombre dans tout ce que les lettres antant qu'il n'y avait pas d'auteur ancien qui fût alors<br />
ciennes nous ont transmis. Ici 9 par exemple, il est<br />
c<strong>la</strong>ir qu'on abusait <strong>de</strong> part etd'autre d'une équivoque<br />
lu, cité et célébré autant que P<strong>la</strong>ton dans <strong>la</strong> bonne<br />
<strong>littérature</strong> française. Un <strong>de</strong>s premiers essais <strong>de</strong> Ra<br />
qui tombait sur-le-champ , en distinguant ce que le cine fut <strong>la</strong> tra<strong>du</strong>ction d'un morceau <strong>de</strong> cet illustre<br />
bon sens <strong>de</strong>vait distinguer. 11 était c<strong>la</strong>ir que le pro Grec, et <strong>la</strong> Fontaine en était alitement enthousiaste,<br />
cès pour le payement <strong>de</strong>vait d'abord être séparé <strong>de</strong> comme <strong>de</strong> Barach. 11 est certain que cette ironie <strong>de</strong><br />
Cette première came dont le gain éventuel <strong>de</strong>? ait Soerate, qu'on n'a pas vantée sans raison, joue ici<br />
motiver ce payement même ; sans quoi rengagement un rôle très-avantageux. Il commence toujours avec<br />
réciproque n'aurait eu aucun sens ; aucun <strong>de</strong>s con ses sophistes comme il faut commencer avec les sots<br />
tractants n'aurait rien stipulé d'obligatoire; chacun glorieux et les bavards importants dont on veut ti<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux aurait promis le oui et le non; ce qui rérer parti dans <strong>la</strong> société. Il a l'air et le ton d'un humble<br />
pugne. Il s'ensuivait que, jusqu'à cette première écolier qui veut s'instruire, et, pour les rassurer<br />
cause, qui ne pouvait pas être celle <strong>du</strong> payement, le contre son nom, et mettre à l'aise toute leur imper<br />
jeune homme, en aucun cas, ne <strong>de</strong>vait rien, grâces tinence, il feint d'abord une sorte d'étonnement<br />
à <strong>la</strong> négligence <strong>du</strong> maître, qui, en acceptant un qu'ils ne manquent pas <strong>de</strong> prendre pour <strong>de</strong> l'admi<br />
payement conditionnel ? n'avait pas eu <strong>la</strong> précaution ration , quoique pour tout autre qu'eux il <strong>la</strong>isse per<br />
nécessaire <strong>de</strong> fixer l'époque où cette condition <strong>de</strong>vait cer un mépris froid et piquant, qui bientôt <strong>de</strong>vient<br />
être réalisée , sous peine <strong>de</strong> payer dans le cas même très-gai à mesure que nos rhéteurs encouragés dé<br />
où elle ne le serait pas. Faute <strong>de</strong> cette c<strong>la</strong>use, le jeune bitent plus librement toutes les inepties <strong>de</strong> leur<br />
homme n'était tenu à rien; et tout restait égal, at science. Alors Socrate, usant <strong>de</strong> <strong>la</strong> permission <strong>de</strong><br />
ten<strong>du</strong> qu'en ne faisant point usage <strong>de</strong>s leçons qu'il les interroger, et argumentant sur leurs réponses<br />
avait reçues f s'il gagnait d'un côté <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> <strong>la</strong> avec cette finesse qu'on peut se permettre dans <strong>de</strong>s'<br />
somme promise, <strong>de</strong> l'autre il perdait ce qu'il aurait questions frivoles, pour confondre <strong>la</strong> vanité et l'i<br />
pu gagner dans les tribunaux; et comme cette secon<strong>de</strong><br />
moitié <strong>de</strong>vait être, <strong>du</strong> consentement <strong>du</strong> maître,<br />
gnorance <strong>de</strong> docteurs <strong>de</strong> cette espèce ¥ les. fait tomber<br />
à tout moment dans les contradictions les plus<br />
le prix dû succès <strong>de</strong> ses leçons t rien ne lui était dû absur<strong>de</strong>s et les conséquences les plus folles Jusqu'à<br />
dès que ce succès n'avait pas lieu, puisque lui-même ce qu'enfin ils se sentent asses humiliés pr le rire<br />
. avait consenti que l'un fût le prix <strong>de</strong> l'autre. <strong>de</strong>s auditeurs pour prendre <strong>de</strong> l'humeur ccitfc<strong>la</strong>i t<br />
Ce qu'il y a <strong>de</strong> bon, c'est que les juges, quoiqu'ils et que, se taisant <strong>de</strong> confusion, ils lui <strong>la</strong>issent M<br />
n'eussent pas su écarter un dilemme également so parole. Il ne s'en sert que pour ramener <strong>la</strong> philosophistique<br />
<strong>de</strong> part et d'autre, et qui ne pouvait pas phie à son véritable but, à <strong>de</strong>s vérités utiles et mo<br />
être <strong>la</strong> solution <strong>du</strong> procès, puisque c'était le procès rales; car c'est toujours là qu'il en revient, et il ne<br />
même qui faisait <strong>du</strong> dilemme un argument contra veut décrier ces sophistes <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> jeunesse que<br />
dictoire dans les termes, au fond cependant jugè pour <strong>la</strong> garantir <strong>de</strong> leurs sé<strong>du</strong>ctions 9 et lui insrent<br />
comme nous jugeons ; car, en ne rendant au- pirer le pût <strong>de</strong>s bonnes étu<strong>de</strong>s et l'amour <strong>du</strong> <strong>de</strong>-