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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

4<br />

Quand Je vols <strong>de</strong> tes murs tour armée et <strong>la</strong> nôtre,<br />

Mes trois - 488<br />

'<br />

frères dans Fuse et mou époux dans loutre,<br />

Pnls-Je former <strong>de</strong>s vœux , et sans Impiété<br />

Importuner le ciel pour ta félicité?<br />

Je sais que ton État, encore en sa naissance,<br />

Ne saurait sans <strong>la</strong> guerre alfermir sa puissance;<br />

le sais qu'il doit •'accroître, et que tes grands <strong>de</strong>stins<br />

Ne se borneront pas chez les peuples <strong>la</strong>tins;<br />

Que les dieux font promis l'empire <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre,<br />

Et que tu n'en peux voir Feffet que par <strong>la</strong> guerre.<br />

Bien loin <strong>de</strong> m'opposer à cette noble ar<strong>de</strong>ur<br />

Qui suit l'arrêt <strong>de</strong>s dieux et court à ta gran<strong>de</strong>ur* *<br />

le voudrais déjà voir tes troupes couronnées,<br />

B*un pas vleterteitt franchir les Pyrénées.<br />

Va Jusqu'en Orient pousser tes natations,<br />

Va sur les bords <strong>du</strong> EMn p<strong>la</strong>nter tes pavillons ;<br />

Vais trembler sous tes pas tes colonnes d'Hercule ;<br />

Mais respecte une ville à qui tu doit Romule.<br />

Ingrate, souviens-toi que <strong>du</strong> sang <strong>de</strong> ses rois<br />

Tu tiens ton nom t tes murs et tes premières lois.<br />

MM est ton origine: arrête et considéra<br />

Que tu portes le fer dans le «<strong>la</strong> <strong>de</strong> ta mère.<br />

Tourne ailleurs les efforts <strong>de</strong> tes bras triomphants,<br />

Sa joie éc<strong>la</strong>tera dans l'heur <strong>de</strong> ses enfants ;<br />

Et, se faussant wmir à Pamonr maternelle f<br />

Ses vœux seront pour toi t si tu n'es plus contre elle<br />

mise une son règne. Il est vrai que, n'étant que simple<br />

citoyen , à l'âge <strong>de</strong> vingt et un ans ; il avait déjà plongé le<br />

poignard dans le sein <strong>de</strong> ses trois s et cherché à faire périr<br />

le consul Mare» Antoine ; il aviit partagé le crime <strong>de</strong>s proscriptions.<br />

Mais t dans là suite, et lorsqu'il avait passé l'âge<br />

<strong>de</strong> quarante ans s pendant un séjour qui! fit dans <strong>la</strong> Gaule f<br />

on vint lui rapporter qee L. Cinna 9 homme d'un esprit<br />

ferme9 conspirait contre lui. I!%uf es quel lies» en quel<br />

moment et <strong>de</strong> quelle façon Fou se proposait <strong>de</strong> l'attaquer :<br />

c'était ue complice qui était le dénonciateur. U résolut <strong>de</strong> se<br />

venger 9 et it venir ses amis pour les consulter.<br />

« Bans cet intervalle9 i passa une nuit fort agitée, en<br />

féËéeMssaat qu'il al<strong>la</strong>it condamner à <strong>la</strong> mort un jeune<br />

homme d'une naissance illustre 9 d'ailleurs irréprochable 9<br />

et petit-fils <strong>du</strong> grand Pompée. Quel changement ! On Far ait<br />

vn9 triumvir, avec Marc-Antoine s donner à table <strong>de</strong>s édits<br />

<strong>de</strong> proscription f et maintenant il lui en coûtait pour faire<br />

périr uu seul homme. H s'entretenait avec lui-même en gémissant<br />

f et prononçait <strong>de</strong> temps à autre <strong>de</strong>s parole» qui se<br />

contredisaient. Quoi donc! <strong>la</strong>isserai-je vivre mon assassin!<br />

Sera-Mien repos tandis que je serai dam les<br />

Cimna, qui suifit te$ Horace*, est en drame a<strong>la</strong>rmes ! Il ne sérail pas puni , lui qui f dans un temps<br />

beaucoup plus régulier* L'unité d'action, <strong>de</strong> temps ouf ai rétabli <strong>la</strong> paix dans le mon<strong>de</strong> entier 9 veut, je<br />

et <strong>de</strong> lien9 y est observée : les scènes suai liées en­ ne dis pas seulement frapper, mais immoler au pied<br />

tre elles, hors en un seul endroit où le théâtre reste<br />

<strong>de</strong>s autels mme tête échappée à tant <strong>de</strong> combats sur terre<br />

et sur mer, et que tant <strong>de</strong> guerres civiles ont vainement<br />

vi<strong>de</strong>, et faction ne init qu'aie® <strong>la</strong> pièce.<br />

attaquéeP Ensuite ; après quelques instants <strong>de</strong> silence 9 et<br />

Le pardon généreux d'Auguste, les vers qu'il Remportant contre lui-même plus que contre Cinna : Pour­<br />

prononce 9 qui sont le sublime <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur d'âme'; quoi vivre, si tant <strong>de</strong> gens ont intérêt que tu meures F<br />

ees vers que l'admiration a gravés dans <strong>la</strong> mémoire Quel sera le terme <strong>de</strong>s supplices? Combien <strong>de</strong> mng<br />

<strong>de</strong> tous ceux qui les ont enten<strong>du</strong>s, et cet avantage faut-il encore verser? Ma tête est doue en butte aux<br />

attaché à <strong>la</strong> beauté <strong>du</strong> dénoûment, <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser au coups <strong>de</strong> tmêe <strong>la</strong> jeune noblesse <strong>de</strong> Morne 1 C'est contre<br />

spectateur une <strong>de</strong>rnière impression qui est <strong>la</strong> plus moi qu'ils aiguisent leurs poignards I Mm vie n'est pas<br />

heureuse et <strong>la</strong> plus vive <strong>de</strong> toutes celles qu'il a re­<br />

a^un si grand pris 9 qu'il faille que tant d'autres périssent<br />

pour _ <strong>la</strong> conserver ! Son épouse livie l'interrompit<br />

çues , ont fait regar<strong>de</strong>r assez généralement cette tra­<br />

enfin : Voulez-vous recevoir f dit-elle, le conseil d'une<br />

gédie comme le chef-d'oeuvre <strong>de</strong> Corneille : et si l'on femme ? imitez les mé<strong>de</strong>cins : quand tes remè<strong>de</strong>s usités<br />

ajoute à ee grand mérite <strong>du</strong> cinquième acte le dis­ nerémssissmtpm, ils essayent les contraires* Jusqu'ici<br />

<strong>cours</strong> éloquent <strong>de</strong> Cinna dans le scène ou il fait le <strong>la</strong> sévérité m vous m servi <strong>de</strong> rien. Lépidê a pris <strong>la</strong><br />

tableau <strong>de</strong>s proscriptions d'Octave; cette antre scène, p<strong>la</strong>te <strong>de</strong> Salvidinus * Mmrena celle <strong>de</strong> Lipi<strong>de</strong> y Cepkm,<br />

si théâtrale où Auguste délibère avec ceux qui ont ré­ c£ik <strong>de</strong> Murem, Egnatius celle <strong>de</strong> Cepion, pour ne<br />

solu <strong>de</strong> l'assassiner; les idées profon<strong>de</strong>s et l'énergie pas parler d'ennemis plus obeurs, que j'aurais honte<br />

<strong>de</strong> style qu'on remarque dans ce dialogue, aussi <strong>de</strong> citer après <strong>de</strong> pareils noms. Essayez aujourd'hui si<br />

frappant à <strong>la</strong> lecture qu'au théâtre; le monologue<br />

<strong>la</strong> clémence mus réussira. Pardonnez à Cinna» Il est<br />

découvert : il ne peut plus vous nuire, Bpeut vous servir<br />

d'Auguste au quatrième acte; <strong>la</strong> fierté <strong>du</strong> caractère<br />

en vous faisant une réputation <strong>de</strong> bonté. Charmé <strong>de</strong> ce<br />

d'Emilie et les traits heureux dont il est semé; cette conseil t Auguste en rendit grâce à Livie, fit eoatreman<strong>de</strong>?<br />

préférence paraîtra suffisamment justifiée. Avant <strong>de</strong> ses amis» et ordonna que Cinna se rendit ches lui. Alors<br />

détailler les raisons peut-être non moins puissantes ayant fait sortir tout le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa chambre f et approcher<br />

qu'on peut y opposer, j'ai cru <strong>de</strong>voir tra<strong>du</strong>ire le un siège pour Cinna : le te prie avant tout, lui«dit-il , <strong>de</strong><br />

récit <strong>de</strong> Sénèque d'où l'auteur <strong>de</strong> Cimm a tiré son me <strong>la</strong>isser parler sans m'intermmpre, <strong>de</strong> ne pas même<br />

sujet. Il l'avait imprimé a?ee <strong>la</strong> pièce f mais en <strong>la</strong>tin ; troubler mes dis<strong>cours</strong> par le moindre cri ; tu auras<br />

et comme tout le mon<strong>de</strong> sait à peu près par cœur <strong>la</strong><br />

après toute liberté '<strong>de</strong> parler» Tu as été mon ennemi<br />

en naissant; je l'ai trouvé dans le camp <strong>de</strong> mes<br />

scène <strong>du</strong> pardon f on sera plus aisément à portée,<br />

ennemis, et je t'ai <strong>la</strong>issé vivre. Je foi <strong>la</strong>issé tous les<br />

en écoutant <strong>la</strong> tra<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> Sénèque, <strong>de</strong> se rappeler biens. AvjouréThui ta richesse et ton bonheur sont au<br />

ce que le poète a emprunté au philosophe. Ce mor­ point que les vainqueurs sont jaloux <strong>de</strong>s vaincus. Tuas<br />

ceau se trouve dans le Traité <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ciémmce. désiré <strong>la</strong> dignité <strong>de</strong> grand pontife : tu l'as obtenue au<br />

« autiste Ait un prince dont et modéré f si l'on n'exa- préjudice <strong>de</strong> ceux dont les parents ont combattu sous<br />

31.

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