23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

608<br />

COUM DE L1TTEMTU1E.<br />

sos. La gaieté naïve <strong>de</strong>s bergers qui Célèbrent les ' sentiments ; car on peut qualiier ainsi e e trait <strong>de</strong>'<br />

amours d'Angélique et <strong>de</strong> Médor9 et déchirent in­ Ro<strong>la</strong>nd, lorsqu'il lit sur féeoree <strong>de</strong>s arbres le nom<br />

nocemment le cœur do héros malheureux 9 forme un <strong>de</strong> Médor :<br />

nouveau contraste avec <strong>la</strong> fureur sombre qui le Hédor es est Tainqueur ! M os : Je n'ai point eoeof<br />

possè<strong>de</strong> :<br />

Enten<strong>du</strong> parler <strong>de</strong> Médor.<br />

Ce mouvement est d'un héros.<br />

Enfin, le poëte a tellement soigné ce quatrième<br />

acte, que le style en est soutenu jusque dans les proles<br />

<strong>de</strong>s divertissements, si souvent négligées<br />

dans Quinault t et qui sont ici pleines d f élégance et<br />

<strong>de</strong> douceur. Qu'on en juge par ceMes-ei :<br />

Quand on Tient dans ce bocage,<br />

Peut-os s'empêcher d'aimer?<br />

Que rameur sous cet ombrage<br />

Sait bientôt nous désarmer 1<br />

Sans effort il nous engage<br />

Dans les nœuds qu'il Teut former.<br />

Que d'oiseaux sous ce feuil<strong>la</strong>ge !<br />

Que leur chaut nous doit charmer !<br />

Huit et jeur par leur ramage<br />

Leur amour veut s'exprimer.<br />

Quand on ¥lent dans ce bocage<br />

Peut-on s'empêcher d'aimer?<br />

-Horace et Anacréon n'auraient pas désaFotté <strong>la</strong><br />

naïveté amoureuse <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux chansons :<br />

Quand le festin Iat prêt, Il fallut les cberehttr.<br />

Ils étalent enchantés dans ces belles retraites :<br />

On eut peine à les arracher<br />

De « Mes diamant où TOUS êtes.<br />

«GLAND.<br />

Où saisie? jmts ekl ! ou suia-Je? malheureux S<br />

Quand le célèbre Fice<strong>la</strong>i ?int embellir eet ouvrage<br />

<strong>de</strong> sa musique enchanteresse, notre parterre, apparemment<br />

plus délicat que <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> Louis Xi Y, et<br />

plus connaisseur que Voltaire, trouva cet endroit<br />

<strong>de</strong> Ro<strong>la</strong>nd fort ridicule. Ce jugement étrange Tint<br />

probablement <strong>de</strong> ce qu'on prétendait, <strong>de</strong>puis quelque<br />

temps, que Fopéra fût <strong>la</strong> tragédie; et il est sûr<br />

que cette scène n'est pas d'une couleur tragique.<br />

Mais il eût fallu se souvenir que Mo<strong>la</strong>nd, quoique<br />

intitulé, suivant l'usage, tragéMe iyfîqm, parce<br />

que 1rs <strong>de</strong>ux principaux personnages sont une reine<br />

et un héros, n'est pourtant pas une tragédie : c ? est<br />

une pastorale héroïque, dont le sujet n'est autre<br />

chose que <strong>la</strong> préférence qu'une reine donne à un<br />

berger aimable sur un guerrier renommé. Rien dans<br />

m sujet s'est traité d'une manière tragique, et le<br />

quatrième acte est <strong>du</strong> ton <strong>de</strong> tout le reste <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pièce. 11 n'y a donc aucun reproche à faire au poëte,<br />

si ce n'est que, cet acte excepté 9 le fond <strong>de</strong> ce drame<br />

€St un peu faible 9 et que l'intrigue est peu <strong>de</strong> chose.<br />

L'amour d'Angélique et <strong>de</strong> Médor n'éprouve aucun<br />

obstacle étranger, et on les voit dès le commencement<br />

à peu près d'accord. M s'ensuit que c'est un<br />

mérite dans Fauteur d'avoir relevé son action par<br />

l'intéressant tableau <strong>du</strong> désespoir <strong>de</strong> Ro<strong>la</strong>nd , et les<br />

rieurs <strong>du</strong> parterre attaquaient précisément ce qu'il<br />

y avait <strong>de</strong> plus louable; mais aussi ce n'était pas à<br />

Quinault qu'on en vou<strong>la</strong>it.<br />

Qui n'a pas enten<strong>du</strong> répéter cent fois, par ceux<br />

qui ont l'oreille sensible à <strong>la</strong> mélodie <strong>de</strong>s vers lyriques<br />

, ce monologue <strong>de</strong> Ro<strong>la</strong>nd :<br />

Ah ! j'attendrai longtemps : <strong>la</strong> suif e§t lofai encore.<br />

Quoi ! te toleU veut-il loin totems?<br />

<strong>la</strong>to <strong>de</strong> mon bonheur, il prolonge son œon<br />

Pour retar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> beauté que J'adore.<br />

O nuit ! faTOffsex mes date amoureux ;<br />

PKSMI l'astre <strong>du</strong> Jour <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre dans Fon<strong>de</strong>;<br />

Déployai dans les alri YOS voiles ténébreux ;<br />

le ne troublerai plus par ma crie douloureux<br />

Vol» trêufôllllté profon<strong>de</strong>.<br />

Le charmant objet <strong>du</strong> tocs TœUX<br />

M'attend que TOUS pour rendre heurstix<br />

Le plus idète amant <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>.<br />

O nnli ! favorises mes désirs amoureux.<br />

Ce n'est même que dans Mokmd et dans JrmÊée<br />

que Quittait «'élève Jusqu'au sublime <strong>de</strong>s grands<br />

Angélique est reine, elle est belle ;<br />

Mais ses gran<strong>de</strong>urs ni ses appas<br />

Me me rendraient pas tefidèJe :<br />

le ne quitterais pas<br />

Ma bergère pour eUe.<br />

Quand <strong>de</strong>s riches pays arroses par <strong>la</strong> Seine<br />

Le charmant Médor serait roi;<br />

Quand H pourrait quitter Angélique pour mol,<br />

Et me faire use gran<strong>de</strong> reise,<br />

îf oo , Je ne Tondrais pas eneor<br />

Quitter mon berger pour Médor.<br />

Quinault eut, comme Racine, ce bonheur assa<br />

rare 9 que le <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong> ses ouvrages fut aussi le plus<br />

beau. Sa muse, qui mit sur <strong>la</strong> scène les fabuleux<br />

enchantements d f Armi<strong>de</strong> , était <strong>la</strong> véritable enchanteresse<br />

: c'est là que f élégance <strong>du</strong> style'est le plus<br />

continué, que les situations ont le plus d'Intérêt,<br />

qu'il y a le plus d'invention allégorique, le plus <strong>de</strong><br />

charme dans les détails. L'eipositioa est trè^beUe :<br />

c'est Armi<strong>de</strong> plongée • dans une sombre tristesse,<br />

entre <strong>de</strong>us confi<strong>de</strong>ntes qui s'empressent à Fenvi<br />

l'une <strong>de</strong> l'autre à lui vanter sa gloire, sa fortune,<br />

ses succès dans le camp <strong>de</strong> Go<strong>de</strong>frof :<br />

Ses plus venants guerriers, contre vous sans éiêmms<br />

Sont tombés en TOtre puissance.<br />

Elle répond par ce vers » qui suffit pour annoncer<br />

son caractèrei ses ressentiments, et le sujet <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pièce :<br />

Je M triomphe pas <strong>du</strong> plus Taff<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> tout.<br />

La scène fait par un songe qui n'est pas, comme<br />

tant d'autres, un lieu commun ; c'est un récit simple<br />

et touchant.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!