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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS. — POÉSIE,<br />

puissance <strong>de</strong> Dieu , le Destin pour sa volonté, Junon<br />

poiiF sa justice, Vénus pour sa miséricor<strong>de</strong>, et Minerve<br />

pour sa sagesse, il y a encore plus d'inconséquences<br />

à dévorer qu'en les prenant pour ce qu'ils<br />

sont dans F'Ilia<strong>de</strong>, c'est-à-dire pour <strong>de</strong>s divinités<br />

con<strong>du</strong>ites par toutes les passions <strong>de</strong>s nommées. Me<br />

?aut-il pas mieux <strong>la</strong>isser les choses comme elles sont,<br />

et avouer qu'Homère a peint les dieux précisément<br />

tels que <strong>la</strong> croyance vulgaire les représentait? C'est<br />

pour sous un défaut, sans doute; et ce qui prouve<br />

qu'on fa senti longtemps avant nous, c'est que<br />

¥îrgîie, qui a fait usage <strong>de</strong>s mêmes divinités, les<br />

fait agir d'une manière plus raisonnable et plus<br />

décente, f ares que son siècle .était plus éc<strong>la</strong>iré; ce<br />

qui n'empêche pas que dans F Enéi<strong>de</strong> même ou ne<br />

trooteàlei <strong>de</strong>s choses aussi étrangères à nos mœurs<br />

généralement répan<strong>du</strong> dans Fllfaée, c'est que tout<br />

vient <strong>de</strong>s dieux, <strong>la</strong> force, le succès, <strong>la</strong> sagesse. Lorsque<br />

Agamemnoe ceci se justifier d'avoir outragé<br />

Achille, il dit que'quelque dieu avait troublé sa<br />

raison. Cest <strong>la</strong> protection d® tel ou tel dieu qui fait<br />

triompher tour à tour les héros grecs et troyensy<br />

aujourd'hui Hector, <strong>de</strong>main Btomè<strong>de</strong>. Ce sont les<br />

dieux qui répan<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> consternation dans les armées<br />

, ou qui les animent au combat. Et il ne faut<br />

pas croire que cette intervention <strong>de</strong>s dieux diminue<br />

<strong>la</strong> gloire <strong>de</strong>s guerriers, parce que l'on voit c<strong>la</strong>irement<br />

que, dans leurs idées, ce qu'il'y a <strong>de</strong> plus<br />

glorieux pour un mortel, ce qui le relève le plus<br />

aux yeux <strong>de</strong>s autres hommes, c'est d'être favorisé<br />

<strong>du</strong> ciel. Achille dit à Patrocle :<br />

« Gardê-M ^attaquer ffœtw, il a Untfowrs près <strong>de</strong><br />

et à nos idées, que dans l'Ilia<strong>de</strong> et l'Odyssée. Ren­ lui quelque Mm qui kprêtége. »<br />

fermons-nous dose dans cette seule apologie, si Aussi n'y a-t-il pas un seul <strong>de</strong>s héros <strong>de</strong> FMia<strong>de</strong>,<br />

simple et si p<strong>la</strong>usible, que les <strong>de</strong>voirs d'un poète Achille excepté, à qui il n'arrive <strong>de</strong> se retirer dé­<br />

et d'us philosophe sont très-différents ; que, si l'on faut un autre : ce qui distingue les plus braves, tels<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Fun <strong>de</strong> s'élever au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s idées vul­ que Ajax et Diomè<strong>de</strong>, c'est <strong>de</strong> se retirer en comgaires<br />

qu'il doit rectifier, on ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au poète battant ; et l'on peut observer à <strong>la</strong> gloire <strong>du</strong> poète,<br />

que <strong>de</strong> bien peindre ce qui est. Il est l'historien <strong>de</strong> que, malgré cette puissance <strong>de</strong>s dieux qui semble­<br />

<strong>la</strong> nature, et n'en est pas le réformateur; et l'on rait <strong>de</strong>voir tout confondre, il conserve à tous ses per­<br />

peut dire à ceux qui ne sont pas contents <strong>de</strong>s dieux sonnages <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur qui leur est propre et le carac­<br />

et <strong>de</strong>s héros d'Homère : Que vouliez-vous donc qu'il tère qu'il leur a donné. C'est un <strong>de</strong> ses plus grands<br />

fit? Pouvait-il faire une religion autre que celle <strong>de</strong> mérites aux yeux <strong>de</strong> tous les bons juges, que cet<br />

son pays, et peindre d'autres mœurs que celles qu'il art <strong>de</strong> soutenir et <strong>de</strong> varier un grand nombre <strong>de</strong><br />

connaissait?<br />

caractères, et <strong>de</strong> donner à tous ses personnages une<br />

On n'a pas épargné ses héros plus que ses dieux, physionomie particulière. La Mothe lui a contesté<br />

et ils sont.tout aussi aisés à justifier par le même ce mérite, et c'est une <strong>de</strong> ses injustices. Agamemnon<br />

principe. Il est incontestable que <strong>de</strong> son temps <strong>la</strong> est le seul, si j'ose le dire, qui me paraisse jouer un<br />

force <strong>du</strong> corps faisait tout; que les guerriers étant rôle peu noble et peu digne <strong>de</strong> son rang. Je ne lui<br />

couverts <strong>de</strong> fer et d'airain, celui qui pouvait soute­ reproche pas sa querelle avec Achille, puisqu'elle<br />

nir facilement l'armure <strong>la</strong> plus forte et <strong>la</strong> plus pe­ est le fon<strong>de</strong>ment <strong>du</strong> poëme, et que d'ailleurs elfe est<br />

sante, porter le coup le plus vigoureux, percer avec suffisamment motivée par le caractère altier que le<br />

le plus <strong>de</strong> force les cuirasses et les boucliers, était poëte lui donne; mais d'ailleurs il ne fait rien qui<br />

ou homme formidable, était un héros. Cette supé­ excuse ses torts envers Achille, et qui justifie <strong>la</strong> préériorité,<br />

une fois reconnue, rég<strong>la</strong>it son rang; et minence qu'il a parmi tous ces rois. Il n'assemble<br />

<strong>de</strong> là Tient que dans F Ilia<strong>de</strong> il est si commun <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>ux fois les chefs <strong>de</strong> l'armée que pour les exhorter<br />

ira guerrier très-brave avouer qu'un autre lui est su­ à <strong>la</strong> fuite; et quelques subtilités qu'on ait imaginées<br />

périeur, et se retirer <strong>de</strong>vant lui. Aujourd'hui que <strong>de</strong>s pour pallier cette con<strong>du</strong>ite, elle n'en est pas moins<br />

armes également faciles à manier pour tout le mon<strong>de</strong>, inexcusable. Le vrai modèle d'un général, c'est le<br />

et le principe <strong>de</strong> l'honneur qui défend à un homme Go<strong>de</strong>froi <strong>du</strong> Tasse,- et c'est aussi le Tasse qui seul<br />

<strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r à un autre homme, ont mis sur <strong>la</strong> même peut le disputer à Homère dans cette partie <strong>de</strong> l'épo­<br />

ligne tous ceux qui peuvent combattre, on serait pée qui consiste dans <strong>la</strong> beauté soutenue et l'atta­<br />

blessé avec raison <strong>de</strong> voir un guerrier fuir <strong>de</strong>vant chante variété <strong>de</strong>s caractères.<br />

us autre et s'avouer son inférieur. Mais dans Ho­ Achille est en ce genre le chef-d'œuvre <strong>de</strong> l'épomère<br />

, Énée dit sans honte à Achille : Je sais Men pée, et <strong>la</strong> Mothe lui-même, ce grand détracteur d'Ho­<br />

que lu es plus vailkmê que moi; ce qui signifie mère, en est convenu. On a dit très-légèrement que<br />

seulement, je sais que tu es plus fort. Il est vrai qu'il sa valeur n'avait rien qui excitât l'admiration, parce<br />

ajouté : Mais pourtant si quelque dieu mepr&tégê, qu'il était invulnérable. Ceux qui se sont arrêtés à<br />

fepourrai te mânere* Et voilà le principe le plus cette fable <strong>du</strong> talon d'Achille, répan<strong>du</strong>e<strong>de</strong>puis Ho-<br />

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