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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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741 COÏUS DE LITTERATURE.<br />

et plus d'agrément que <strong>de</strong> naïf été, quoique Gresset<br />

Tait appelée assez improprement <strong>la</strong> marne Deshoulières.<br />

C'est l'esprit qui domine dans ses pro<strong>du</strong>ctions,<br />

qui sont en général faibles et monotones :<br />

et je ne parle que <strong>de</strong>s meilleures; <strong>de</strong> ses Idylles et<br />

<strong>de</strong> ses Stamœs morales; car il y a longtemps qu'on<br />

ne lit plus <strong>la</strong> longue correspondance <strong>de</strong> ses chats<br />

et <strong>de</strong> ses chiens , qui remplit un tiers <strong>de</strong> ses œuwm 9<br />

ni ses Bal<strong>la</strong><strong>de</strong>s 9 ni ses Êpîires, ni ses Chansons f<br />

ni ses O<strong>de</strong>s, Ses IdyUes même ont un p<strong>la</strong>n trop<br />

uniforme. S'adresso-t-elle aux moutons, aux oiseaux,<br />

aux leurs, aux ruisseaux, c'est toujours pour envier<br />

leur bonheur, et comparer leur sort au notre.<br />

Non-seulement cette espèce <strong>de</strong> rapprochement trop<br />

répété défient un lieu commun, mais même il manque<br />

quelquefois <strong>de</strong> vérité. Est-ce <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> dire aux<br />

.fleurs :<br />

Jonquilles t tubéreuses t<br />

Tons vives peu <strong>de</strong> Jours, mais f oui vives heureuses :<br />

L« médisants si les Jaloux<br />

; H@ gênent point rtnooceete tenimse<br />

Que le printemp fait naître entra Zéphlw et TOI».<br />

On ne sait pas trop comment ksjkwrs vivent<br />

heureuses, mais on sait trop que <strong>la</strong> wdMsanœ et<br />

<strong>la</strong> jalousie ne les gênent pQint. La poésie, qui anime<br />

tout, put parler métaphoriquement <strong>de</strong>s amours<br />

<strong>de</strong> Zéphira et <strong>de</strong>s Fleurs; <strong>la</strong> Fable, qui donne un<br />

<strong>la</strong>ngage à tous les êtres, peut faire parler une rose.<br />

Mais je doute qu'une idylle morale, <strong>la</strong> plus mo<strong>de</strong>ste<br />

<strong>de</strong> toutes les poésies, puisse être entièrement fondée<br />

sur le parallèle abusif <strong>du</strong> sort <strong>de</strong>s fleurs et <strong>du</strong><br />

nôtre; je doute qu'os puisse leur dire :<br />

Jamais trop <strong>de</strong> délicatesse<br />

Se mêle d'amertume, à vos plus doux p<strong>la</strong>isirs.<br />

Que pour Centres que vous M pousse <strong>de</strong>s soupirs,<br />

t Que loin <strong>de</strong> TOUS il folâtre sans cesse 9<br />

Tous ne ressentez pas <strong>la</strong> mortelle tristesse<br />

Qui déYore les tendres cœurs,<br />

Lorsque t plein d'une ar<strong>de</strong>ur extrême t<br />

On f oit f Ingrat objet qu'on aime<br />

Manquer d'empressement, ou s'engager affleurs.<br />

Indépendamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> faiblesse <strong>de</strong> ce style, il y a<br />

même ici une sorte d'inconséquence. Si Ton suppose<br />

que les fleurs puissent être amoureuses, pourquoi,<br />

dans cette Action donnée, ne seraient-elles<br />

pas jalouses? Une fable allégorique où Fon représenterait<br />

<strong>la</strong> Rose se p<strong>la</strong>ignant <strong>de</strong> l'inconstance <strong>de</strong><br />

Zéphïre, manquerait-elle <strong>de</strong> vraisemb<strong>la</strong>nce? Enfin,<br />

pourquoi employer une trentaine <strong>de</strong> vers à entretenir<br />

les fleurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> mourirf attachée à<br />

<strong>la</strong> condition humaine?<br />

Plus heureuses que nous «TOUS <strong>mont</strong>es pour renaître.<br />

Tristes referions! inutiles souhaits!<br />

Quand une fols nous cessées iFêtre,<br />

Mmeèles irait, c'est pour Jouas.<br />

Ces quatre fers suffisaient <strong>de</strong> reste. F^unpoî<br />

ajouter :<br />

Un redoutable Instant m» détruit tant wêmwm;<br />

On se volt au <strong>de</strong>là qu'en obscur avenir i<br />

À peine <strong>de</strong> nos noms un léger souvenir<br />

, Parmi le» hommes se conserve.<br />

Uses estions pour toujours dans un profond repus,<br />

D'où nous a tirés <strong>la</strong> nature;<br />

Bans cette affreuse nuit qui mn$m%ê UM kérm<br />

Avec U lêeke et k parjure f<br />

Et doot tes fiers Destins, par <strong>de</strong> emeUes lots.<br />

Me <strong>la</strong>issent tort!? qu'une fois.<br />

Qu f Impoîte «a fknxs que le lâche soit confon<strong>du</strong><br />

avec le Mmsf On ne voit pas même l'à-propos <strong>de</strong><br />

ces lieui communs si usés, et qu'on peut adresser<br />

à tout autre objet qu'au jonquilles.<br />

Mais hé<strong>la</strong>s ! pour vouloir revivre,<br />

La vie est-elle un Mes si doux?<br />

Quand nous fermons tant, songeons-iMMis<br />

De combien <strong>de</strong> chagrins sa perte nous délivre?<br />

Elle s'est qu'un amas <strong>de</strong> craintes 9 <strong>de</strong> doutes» t<br />

De travaux f <strong>de</strong> soins et <strong>de</strong> peines.<br />

Four qui connaît les misères humaines.<br />

Mourir n'est pas le plus grand <strong>de</strong>s matheiiis.<br />

Cependant, agréables ieurs,<br />

Par <strong>de</strong>» liens honteux attachés à <strong>la</strong> vie y<br />

Elle fait seule tous nos soins t<br />

Et nous ne vous portons envie<br />

Qm p&r où nous <strong>de</strong>vons vous envier le moins.<br />

On n'aperçoit ni le but ni le mérite <strong>de</strong> ees réflexions<br />

si communes 9 en fers si <strong>la</strong>sefues et si rampants.<br />

Il n 9 y a <strong>de</strong> lion dans cette idylle que le commencement<br />

:<br />

Que votre Met est peu <strong>du</strong>rable f<br />

Charmantes fleurs, honneur <strong>de</strong> nos jardins!<br />

Souvent un Jour commence et fiait vos <strong>de</strong>stins,<br />

Et le sort le plus favorable<br />

Me vous <strong>la</strong>isse briller ope ieni ou trois mettes*<br />

L'idylle <strong>du</strong> ruisseau, quoique un peu plus soutenue<br />

par <strong>la</strong> diction, n'est pas moins défectueuse<br />

dans le choix et le rapport <strong>de</strong>s idées.<br />

Youa vous abandonnes mus remerêi, mm isrmr,<br />

A votre pente naturelle.<br />

Point <strong>de</strong> M me ta rend n'est nullement français.<br />

Mais d'ailleurs je - ne comprends pas qu'on dise à<br />

un ruisseau qu'il n'a ni remords ni ierrewr.<br />

- £a vitilfess* cha vous s'a ries qui fasse horreur.<br />

Qu'est-ce que <strong>la</strong> vktiksm d'un ruisseau?<br />

mile et mile poteons, dans votre sels iminfc.<br />

Me irons attirent point <strong>de</strong> cftofriM f sft mépris, .<br />

Vraiment* je le crois bien. Ces vers, dont i est<br />

assez difficile <strong>de</strong> <strong>de</strong>viner l'application» portent-Us<br />

sur le contraste implicite <strong>de</strong> k maternité» qui, mm<br />

le temps, détruit dans les femmes <strong>la</strong> beauté ftfeik<br />

a d'abord ren<strong>du</strong>eplus intéressante ? Mais eecMUraste<br />

n'est-il pas excessivement forcé?

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