la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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Fœâipe mi m h PMtoetèle. Je nt tais si ne Intérêt<br />
particulier fait illusion à mon jugement; mais<br />
fêtais admirateur <strong>du</strong> second longtemps anal que<br />
feesse songé à eu être l'imitateur, et ma prédilection<br />
pour cet outrage était connue. Il y a dans F(Mêtpe»<br />
je l'avoue, mm pies grand intérêt <strong>de</strong> curiosité;<br />
mais il y a dans le PMtoetèie un pathétique plus ton*<br />
chant. L'intrigue <strong>du</strong> premier se dé?eloppe et se dénoua<br />
avec beaucoup d'art ; tfest peut-être «a art<br />
encore plus admirable t-d'avoir pu soutenir <strong>la</strong> siaipilété<br />
<strong>de</strong> l'autre; peut-être est-il encore plus diffiaia<br />
<strong>de</strong> parler toujours au cœur par l'expression <strong>de</strong>s<br />
sentiments frais y que d'attacher l'attention et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
suspendref pour ainsi dire, au 11 <strong>de</strong>s événements.<br />
Yons avei ta d'ailleurs qu'on pouvait faire à FOEï%a<br />
<strong>de</strong>s reproches assez g?a?es : d'abord <strong>la</strong> nature<br />
<strong>du</strong> sujet, qui a quelque chose d'odieux, puisque<br />
l'innocence y est <strong>la</strong> victime <strong>de</strong>s lïeai et <strong>de</strong> <strong>la</strong> fatalité,<br />
Biais surtout <strong>la</strong> querelle d'OEdipe avec Créée 9<br />
épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> pur remplissage, sans intérêt et sans<br />
motif; an Heu que dans le PhUoctêta, sujet encore<br />
plus simple que T(Mé^ms Sophocle a su se passer<br />
<strong>de</strong> tout épiso<strong>de</strong>. On n'y peut remarquer qu'une<br />
scène inutile, celle <strong>du</strong> second acte, où un soldat<br />
d'Ulysse, déguisé, •icut par <strong>de</strong> fausses a<strong>la</strong>rmes<br />
prier te départ <strong>de</strong> Pyrrhus et <strong>de</strong> Philoetète : ressort<br />
soperio, puisqoe celui-ci'n'a pas <strong>de</strong> désir plus<br />
ar<strong>de</strong>nt que <strong>de</strong> partir au plus têt. Cette scène allonge<br />
inutilement <strong>la</strong> marche <strong>de</strong> faction 9 et j'ai ère <strong>de</strong>? oir<br />
<strong>la</strong> retrancher. Mais à cette seule fente près, si Ton<br />
considère que <strong>la</strong> pièce f faite avec trois personnages,<br />
dans un désert, ne <strong>la</strong>nguit pas un moment; que<br />
Fistérêt m gra<strong>du</strong>e et se soutient par les moyens les<br />
plus naturels, toujours tirés <strong>de</strong>s caractères, qui<br />
sont supérieurement <strong>de</strong>ssinés; que <strong>la</strong> situation <strong>de</strong><br />
Philoetète, qui semblerait <strong>de</strong>voir être toujours <strong>la</strong><br />
même, est si adroitement cariée» qu'après s'être<br />
<strong>mont</strong>ré le plus à p<strong>la</strong>indre <strong>de</strong>s hommes c<strong>la</strong>ns File <strong>de</strong><br />
fjumios, après avoir regardé comme le plus grand<br />
bonheur possible que Fou voulût bien f en tirer,<br />
c'est pour lui, dans les <strong>de</strong>ux actes suif ants, k plus<br />
grand <strong>de</strong>s maux d'être obligé d'en sortir; que cette<br />
beuretne péripétie est si bien fondée en raison f que<br />
le spectateur change d'avis et <strong>de</strong> sentiment en mime<br />
temps que le personnage; que ce personnage est<br />
es lui-même un <strong>de</strong>s plus théétrals qui se puisse<br />
euncevoir, parce qu'il réunit les <strong>de</strong>rnières'misères<br />
<strong>de</strong> l'humanité aux ressentiments les plus légitimes,<br />
et que le cri <strong>de</strong> <strong>la</strong> vengeance n s est eèez lui que le<br />
cri <strong>de</strong> l'oppression; qu'enfin son rêle est d'un bout<br />
à Fantre un modëe pe<strong>la</strong>it <strong>de</strong> Féloquenee tragique ;<br />
cm conviendra facilement qu'en voilà assez pour<br />
justito ceux qui voient daiis cet ouvrage <strong>la</strong> plus<br />
ANCIENS. — POÉSIE 107<br />
belle conception dramatique dont Fantlquitl pisse<br />
s'app<strong>la</strong>udir.<br />
On avait regardé comme un défaut, <strong>du</strong> moins<br />
pour nous, l'apparition d'Hercule, qui pro<strong>du</strong>it le<br />
dénoûment : cette critique ne m'a jamais paru<br />
fondée. Certes, ce n'est point ici que le dieu n f est<br />
qu'one machine : si jamais l'intervention d'une<br />
divinité a été suffisamment motivée ? c'est sans contredit<br />
es cette occasion; et ce dénoâmeot, qui ne<br />
choque point <strong>la</strong> vraisemb<strong>la</strong>nce théâtrale, puisqu'il<br />
est conforme aen idées religieuses <strong>du</strong> pays où se<br />
passe Faction f est d'ailleurs très-bien amené, nécessaire<br />
et heureux. Hercule n'est rien moins qu'étranger<br />
à <strong>la</strong> pièce; sans cesse il est question <strong>de</strong> lui : <strong>la</strong><br />
possession <strong>de</strong> ses flèches est le nœud principal <strong>de</strong><br />
l'intrigue; le héros est son compagnon, son ami,<br />
son héritier. Philoetète a résisté et a éû résister à<br />
tout : qui l'emportera enfle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grèce ou <strong>de</strong> lut ?<br />
et qui tranchera plus dignement ce grand nœud<br />
qu'Hercule lui-même? De plus, ne voit-on pas ai?ec<br />
p<strong>la</strong>isir que Philoetète Jusqu'alors inflexible, ne cè<strong>de</strong><br />
qu'à <strong>la</strong> voïi d'un <strong>de</strong>mi-dieu, et d'un <strong>de</strong>mi-dieu son<br />
ami? C'est bien ici qu'on peut appliquer le précepte<br />
d'Horace, qui peut-être même pensait au Pkiioctêie<br />
<strong>de</strong> Sophocle quand il a dit :<br />
Mm dsm mtenits nid iignm wmâice noàm.<br />
« Ne <strong>la</strong>tte* pas Intervenir un dJeti ; à moins que le noeud<br />
ne sait digne d'être tranché par mi dieu. »<br />
D'après ces raisons et ces autorités s j'ai osé croire<br />
que ce dénoûment réussirait parmf nous comme<br />
il avait réussi chez les Grecs, et je ne me suis pas<br />
trompé.<br />
Brumoy s'exprime très-judicieusement sur ce sujet<br />
g et en générai sur les différents mérites <strong>de</strong> cette<br />
tragédie, qu'il a très-bien observés.<br />
« Les dieux font entendre que <strong>la</strong> victoire dépend <strong>de</strong> Philoetète<br />
et <strong>de</strong>s flèches d'Hercule ; mais comment déterminer<br />
m guerrier malheureux à secourir les Grecs f qu'il a droit<br />
<strong>de</strong> ceprècî connue les aafeare <strong>de</strong> se* nnnx? C'est us<br />
àeàitfa irrité qu'il faut repgner, parce qe'om a besnin <strong>de</strong><br />
son bras; et l'on a <strong>du</strong> voir file Puttoctèle n'est pat casées<br />
. inflexible qu'Achille 9 et que Sophocle s'est pas sceiessees<br />
d'Homère. Ulysse est employé à cette ambassa<strong>de</strong> ssec<br />
Néoptolème : heureux contraste dont Sophocle a tiré toute<br />
son intrigue; car Ulysse, politique jusqu'à <strong>la</strong> frau<strong>de</strong>, et<br />
Néoptolèmê, sincère jusqu'à l'extrême franchise, es feat<br />
tout le nœud ; tandis que Philoetète f défiant et inexorable f<br />
' élu<strong>de</strong> <strong>la</strong> rase <strong>de</strong> Fun, et ne se rend point à <strong>la</strong> générosité <strong>de</strong><br />
rsetre; <strong>de</strong> sorte qu'il lest qu'Hercule <strong>de</strong>scen<strong>de</strong> <strong>du</strong> <strong>de</strong>l<br />
pour dompter ce cœur sircee 9 et pour faire le dénooment.<br />
On lie peut aier qu'au pareil aœ^<br />
par Hercule. »<br />
Après <strong>de</strong>s réflexions sî justes, on est «s peu étonné<br />
<strong>de</strong> trouver le résultat qui les termine.