la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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etaré que le pays où Œdipe choisirait sa tombe serait<br />
favorisé <strong>de</strong>s dieu, et détiendrait ameuta aux<br />
Thébaiiis. Ceux-ci f dans le temps où <strong>la</strong> pièce fat représentée<br />
, étaient au moment d'une rupture avec les<br />
athéniens. Ainsi <strong>de</strong>s circonstances politiques ajoutaient<br />
an mérite <strong>de</strong> l'ouvrage. L'ouverture est imposante,<br />
pittoresque et pathétique : on voit un<br />
bois sacré f un temple, une ville dans l'éloignement',<br />
et un vleliari aveugle con<strong>du</strong>it par use jeune fille.<br />
L'exposition est tout entière en spectacle et en action,<br />
comme dans VQEdipe mi, que nous verrons<br />
tout à heure. C'est un très-grand mérite dans aie<br />
tragédie, parce qnll importe beaucoup d'attacher<br />
d'abord les yeux, <strong>la</strong> curiosité et Fimaginàtion. Ce<br />
mérite, dont tous les sujets ne sont pas susceptibles<br />
, est particulier à Sophocle, qui Ta porté au<br />
pins haut <strong>de</strong>gré. Eschyle ne lui en avaltpôint donné<br />
l'exemple, et Euripi<strong>de</strong> ne Fa pas imité. Comme 0E-<br />
dipe cherche un asile, il est tout naturel que sa fille<br />
Antigone s'informe <strong>du</strong> lieu où elle est. Un habitant<br />
Tes instruit en détail, et par là le spectateur<br />
apprend tout ce qu ? il doit savoir, que <strong>la</strong> ville que<br />
Fon découvre est Athènes, que le lieu où l'on est<br />
se nomme Cotone, que le temple et le bocage sont<br />
consacrés aux Euméni<strong>de</strong>s, que Thésée règne dans<br />
le pays. Le chœur, composé <strong>de</strong> Cotonîates qui se<br />
«mt rassemblés autour <strong>du</strong> vieil<strong>la</strong>rd étranger, Fa-<br />
•ertit <strong>de</strong> sortir <strong>du</strong> bocage où il est entré 9 et où 11<br />
n'est permis à aucun mortel <strong>de</strong> s'asseoir. On lui dit<br />
même que s'il s'obstine & y <strong>de</strong>meurer, personne ne<br />
peut ni Fécouter ni lui répondre. 11 sort donc <strong>de</strong> son<br />
asile, et fient se p<strong>la</strong>cer sur une pierre. Antigone<br />
implore Fhospitalité pour son père et pour elle.<br />
(Edip <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que Thésée tienne le trouver,<br />
parce qu'il a, dit-il, à lui réféler<strong>de</strong>s secrets importants.<br />
11 se met sous <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s Euméni<strong>de</strong>s,<br />
et les prie <strong>de</strong> le race?air, et <strong>de</strong> souscrire à Foracle<br />
# Apollon, qui a prédit que leur temple serait le lieu<br />
où il trouverait le terme ié ses malheurs, et que<br />
sa présence y détiendrait un présage funeste pour<br />
cens qui Favaient chassé, et heureux pour ceux qui<br />
le recevraient. Il se nomme enfin, et ce nom fait<br />
frémir tous ceux qui l'enten<strong>de</strong>nt. Au milieu <strong>de</strong> cet<br />
entretien, Antigone tait arrifer sa sœur bmène,<br />
qui, animée <strong>de</strong>s mènes sentiments qu'elle, a quitté<br />
Tfaèbei pour venir s'attacher au sort <strong>de</strong> son père.<br />
Elle leur apprend que <strong>la</strong> guerre est déc<strong>la</strong>rée entre<br />
Étéocleet Polynice; que ce <strong>de</strong>rnier est banni <strong>de</strong><br />
Tbèbes; que les Thébains, instruits <strong>de</strong> Foracle<br />
qui attache <strong>de</strong> si gran<strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinées au tombeau<br />
iFQEdipe, vont lui députer Créon pour le supplier<br />
<strong>de</strong> retenir i Tbèbes. Le chœur alors commence à<br />
Là «A»*. — mm i.<br />
ANCIENS. — POÉSIE, 97<br />
comprendre combien ce vieil<strong>la</strong>rd aveugle elprotcrit<br />
est un personnage important, et combien les dieux<br />
et les hommes' s'occupent <strong>de</strong> lui'. Remarquez qu'il<br />
ne fal<strong>la</strong>it rien moins pour rendre vraisemb<strong>la</strong>ble <strong>la</strong><br />
démarche d'un roi tel que Thésée, qui va venir lui-'<br />
même chercher un étranger suppliant, ré<strong>du</strong>it à <strong>la</strong><br />
plus extrême misère : c'est ainsi que -Sopho<strong>de</strong> sait<br />
obserfer <strong>la</strong> vraisemb<strong>la</strong>nce. L'entrevue entre Œdipe<br />
et Thésée est ce qu'elle doit être : d'une part <strong>de</strong>s offres<br />
sincères et généreuses, <strong>de</strong> l'autre une noble résignation.<br />
Thésée propose au vieil<strong>la</strong>rd <strong>de</strong> venir dans<br />
son pa<strong>la</strong>is ; raaisŒdipepréfère<strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer oùil est,<br />
et quoi qu'on lui dise <strong>de</strong>s <strong>de</strong>sseins <strong>de</strong> Créon contre lui,<br />
il ne put croire qu'on ose employer <strong>la</strong> violence<br />
pour enlever Fhdte d'un roi tel que Thésée. Cependant<br />
, après que ce prince s'est retiré, Créon arrive<br />
avec une suite <strong>de</strong> soldats, et d'abord essaye <strong>de</strong> fléchir<br />
Œdipe : mais, voyant qu'il n'en peut rien obtenir,<br />
il prend le parti qu'il croit le plus sûr pour le forcer<br />
<strong>de</strong> revenir à Thèses; c'est <strong>de</strong> lut Ater ses <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers<br />
soutiens, ses <strong>de</strong>ux filles, qu'il enlève en effet<br />
malgré les cris et les p<strong>la</strong>intes d'Œdipe et <strong>du</strong> chœur,<br />
qui, n'étant formé que <strong>de</strong> vieil<strong>la</strong>rds désarmés, ne<br />
peut résister à <strong>la</strong> force. Mais Thésée, qui n'est pas<br />
éloigné, met en fuite les ravisseurs, ramène les <strong>de</strong>ux<br />
princesses, et fait à Créon <strong>de</strong>s reproches également<br />
nobles et modérés sur Findigne violence où il s'est<br />
emporté. 11 se présente ici <strong>de</strong>ux ©bser?ations re<strong>la</strong>ti?ea<br />
au progrès <strong>de</strong> Fart : l'une, qu'il ne faut pas mettre<br />
sar'<strong>la</strong> scène <strong>de</strong>ux personnages tels qu'Ismène et Antîgaaef<br />
faisant absolument <strong>la</strong> même chose, et n'ayant<br />
qu'un même objet'dans <strong>la</strong> pièce, parce que c'est diviser<br />
mai à propos l'intérêt qui doit se réunir sur<br />
Fune<strong>de</strong>s<strong>de</strong>ux sœurs. Aussi dans <strong>la</strong> pièce <strong>de</strong> M. Ducis,<br />
n'a-f>on vu qu'Antigone, et non pas Ismène. Deux<br />
filles vertueuses au lieu d'une, et <strong>de</strong>ux appuis au<br />
lieu d'un, diminuent l'effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> situtaion, bien<br />
loin <strong>de</strong> le doubler. Cest un principe d'une vérité<br />
sensible : <strong>la</strong> vertu dont on ne voit qu'un modèle<br />
nous frappe plus que celle qui est commune à <strong>de</strong>ux,<br />
et Finfortune avec <strong>de</strong>ux soutiens est moins à p<strong>la</strong>indre<br />
que celle qui n'en a qu'un. L'autre observation<br />
rappelle ne précepte d'Aristote, qui dit que rien<br />
n'est plus froid qu'on personnage qui ne paraît dans<br />
une pièce que pour tenter une entreprise qui ne<br />
réussit pas. Tel est ici Créon, qui veut enlever <strong>de</strong>ux<br />
princesses, et qui, après y avoir échoué, ne reparaît<br />
plus. Cet épiso<strong>de</strong> dont il ne résulte qu'un péril<br />
passager, est donc une espèce <strong>de</strong> hors-d'œuvre. Règle<br />
générale : rien <strong>de</strong> ce qui forme un nœud dans<br />
un drame, rien <strong>de</strong> ce qui met en danger les person-*<br />
nages, ne doit se dénouer qu'à <strong>la</strong> fin, sans quoi