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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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441 COURS DM UTTIIATUIE.<br />

siècle, et où m fers est employé pou? <strong>la</strong> première<br />

fois. Il fat <strong>de</strong>puis très-rare <strong>de</strong> s'en servir jusqu'à Dsbel<strong>la</strong>j<br />

et Ronsard. La noblesse f qui est le caractère<br />

<strong>de</strong> ce vers , n'était pas encore celui <strong>de</strong> notre <strong>la</strong>ngée,<br />

Les vers <strong>de</strong> Marot sont presque tons <strong>de</strong> cinq pieds.<br />

Lenr toornure agréable et piquante s'accordait<br />

très-bien avec celle <strong>de</strong> son esprit, (<strong>la</strong> trouve dans<br />

Crétin et dans Martial <strong>de</strong> Paris <strong>de</strong>s idylles en vers<br />

<strong>de</strong> quatre,et cinq syl<strong>la</strong>bes. Le <strong>de</strong>rnier, qui vivait <strong>du</strong><br />

temps <strong>de</strong> Charles ¥11, Et une espèce d'élégie sur <strong>la</strong><br />

mort <strong>de</strong> ce prince. En voici quelques vers, dont <strong>la</strong><br />

marche est aisée et cou<strong>la</strong>nte.<br />

. Mleu^vaut <strong>la</strong> lieue,<br />

L'amour et tâmptesse<br />

De bergers pastearj»<br />

Qrtnreir à <strong>la</strong>rgos*<br />

Or, argent, richene,<br />

m <strong>la</strong> irattUoie<br />

De ces grandi selgneiirs :<br />

Car peur sot <strong>la</strong>bccra<br />

, Meei m&m mm eesae<br />

Les team près «Meut,<br />

feeitapa, nâsiirs,<br />

EtJoIeàseseiMi», - .<br />

Sans mal qui aea* blesse.<br />

En ?mûàê Crétin qui ont une syl<strong>la</strong>be <strong>de</strong> moins,<br />

§t foi ont aussi bien moins <strong>de</strong> douceur :<br />

Partout ioyaea 9<br />

En ces jours beau,<br />

le vous eoaria<br />

A Jeux nouveaux.<br />

Bergères frandies 9<br />

CadlSeï <strong>de</strong>s branches<br />

De <strong>la</strong>uriers verts, etc.<br />

Je ne les cite que comme <strong>de</strong>s eiemples fort anciens<br />

d'une espèce <strong>de</strong> mètre qui put quelquefois être<br />

employée aeec soeeès , pourvu que ce soit a?ce sobriété;<br />

car l'oreille serait bientôt fatiguée <strong>du</strong> retour<br />

trop fréquent <strong>de</strong>s mêmes sons. Madame Besboulières<br />

et Bernard se sont servis heureusement<br />

<strong>de</strong> ces petits vers dans <strong>de</strong>s sujets gracieui ; Rousseau<br />

, if us sa belle cantate <strong>de</strong> Cîreê$ a su les rendre<br />

propres aui images fortes. Tout le mon<strong>de</strong> sait par<br />

«ur ces vers i<br />

Sa wolx rwtoetaMt<br />

Trouble le§ enfers , <strong>de</strong>.<br />

Hais 1 les a p<strong>la</strong>cés très-judicieusement dans une<br />

espèce <strong>de</strong> poème musical où ils occupent peu <strong>de</strong><br />

p<strong>la</strong>ce t et ©à, parmi <strong>de</strong>s vers <strong>de</strong> différentes mesures y<br />

ils forment une variété <strong>de</strong> plus. Il y ammit <strong>de</strong> l'inconvénient<br />

à les prolonger : ils ne sont faits que<br />

pur 4es pièces <strong>de</strong> peu d'éten<strong>du</strong>e. Comme <strong>la</strong> difficulté<br />

<strong>de</strong> se resserrer dans un riftàiiae très-étroit<br />

•et no <strong>de</strong> leurs méritas, cette difficulté trop long*<br />

i vaineve ne paraîtrait qu f tm jeu d'esprit, un<br />

effort artificiel ; et c'est m qull faut éviter en tout<br />

genre.<br />

On ne cite guère qu'en ridicule les vers <strong>de</strong> Scarron<br />

à Sarrazin, d'une mesure encore plus gênante,<br />

puisqu'ils ne sont que <strong>de</strong> trois syl<strong>la</strong>bes :<br />

Mas voisin, ete.<br />

Cette fantaisie convenait à un poète burlesque.<br />

On a été plus loin <strong>de</strong> nos Jours ; on a mis <strong>la</strong> passion<br />

en vers d'une seule syl<strong>la</strong>be. Yoi<strong>du</strong>n échantillon<br />

<strong>de</strong> cette pièce bizarre qui, je crois, n'a jamais<br />

été imprimée, et qui n f est connue que <strong>de</strong> quelques<br />

curie» :<br />

De<br />

CB<br />

Un*<br />

Bien<br />

Mort<br />

Sort;<br />

Sort<br />

Fort<br />

Dur,<br />

Mais<br />

Très<br />

Mr.<br />

Ces préten<strong>du</strong>s tours <strong>de</strong> ferce ne prouvent que <strong>la</strong><br />

manie puérile <strong>de</strong> s'occuper <strong>la</strong>borieusement <strong>de</strong> petites<br />

choses, et Ton en peut dire autant <strong>de</strong>s acrostiches<br />

et <strong>de</strong> toutes les belles inventions <strong>de</strong> ce genre,<br />

imaginées apparemment par ceux qui avaient <strong>du</strong><br />

temps a perdre.<br />

Le nom <strong>de</strong> Marot est <strong>la</strong> première époque vraiment<br />

remarquable dans l'histoire <strong>de</strong> notre poésie,<br />

bien plus par le talent qui brille dans ses ouvrages<br />

et qui lui est particulier, que par les progrès qu'il<br />

It faire à notre versification, progrès qui furent<br />

très-lents et très-peu sensibles <strong>de</strong>puis loi jusqu'à<br />

Malherbe. On retrouve dans ses écrits les <strong>de</strong>ux vices<br />

<strong>de</strong> versification qui donnèrent f avant et après<br />

lui, les Moins ou con<strong>cours</strong> <strong>de</strong> voyelles , et l'inob-<br />

serratloa <strong>de</strong> cette alternative nécessaire entre les<br />

rimes masculines et féminines. Mais on ne lui a pas<br />

ren<strong>du</strong> justice, quand on lui a reproché d'avoir <strong>la</strong>issé<br />

subsister Te muet au premier hémistiche, défaut<br />

capital qui anéantit <strong>la</strong> césure et le nombre ; en faisant<br />

disparaître le repos où Foreille doit s'arrêter.<br />

Cette faute , très-commune a?aat lui, est infiniment<br />

rare dans ses vers s et ne reparaît presque plus dans<br />

les poètes <strong>de</strong> quelque nom qui font suifi. Il faut<br />

done le louer d'avoir contribué beaucoup à corriger<br />

ce défaut <strong>de</strong>structeur <strong>de</strong> toute harmonie. Mais<br />

ce n $ est là qu'un <strong>de</strong> ses moindres mérites : il eut un<br />

talent infiniment supérieur à tout ce qui Fa précédé 9<br />

et même à tout ce qui Fa suivi jusqu'à Malherbe. On<br />

remarque chez lui un tour d'esprit qui lui estpro-

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