la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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êêê<br />
Me <strong>de</strong> l'ébranler. Elle l'envoie désarmé 9 et ne doit<br />
pas supposer même qu'il puisse trou?er <strong>de</strong>s armes<br />
chez les lévites ; car ils n'en auraient pas, si Joad<br />
ne leur avaitdistribué celles que David avait consacrées<br />
au Seigneur après les avoir enlevées aux<br />
Philistins, et qui étaient cachées dans le temple.<br />
C'est un moyen que l'Écrite» * a fourni à Racine,<br />
et dont il nous instruit dans ces vers qui terminent<br />
le troisième acte :<br />
Et votu, pour vous smer, suivi»-mot dans cet Hem<br />
Où M garnie caché, loin <strong>de</strong>s profanes yeux,<br />
Ce formidable amas <strong>de</strong> <strong>la</strong>nces et d'épées ,<br />
Qui <strong>du</strong> sang philistin Jadis furent trempées f<br />
Et que Pavtd vainqueur, d'ans et ifoonneufs eàtfgé,<br />
Fit mmmtmi au Dieu qui l'avait protégé.<br />
Peut-on les employer pour no plus noble usage?<br />
Tenet , je veux mol-mâme es faire te partage.<br />
Athalie ignore cette ressource, et quand elle <strong>la</strong><br />
connaîtrait, pourrait-elle <strong>la</strong> redouter, ayant à ses<br />
ordres une armée nombreuse et aguerrie? Pourraitelle<br />
craindre ces ministres <strong>de</strong>s autels dont Josabeth<br />
a dit au premier acte :<br />
C0IJ1S DE LITTÉEATD1E.<br />
Suffira-tri! lit TOI mMstm saints t<br />
Qui t tirant au Seigneur leurs Innocentes matas ,<br />
Ne savent que gémir et prier pour nos crimes,<br />
Et n'est Jamais vené que le sang <strong>de</strong>s ¥fdîmes!<br />
Tout concourt à prou?er qu 1 Athalie doit être dans<br />
une pleine sécurité; qu® fauteur a prévu toutes les<br />
objections * et surtout qu'il s'est constamment occupé<br />
<strong>de</strong> mettre d'un côté tous les moyens <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance<br />
humaine armée pour le crime, et <strong>de</strong> l'autre<br />
<strong>la</strong> faiblesse et l'innocence n'ayant d'appui que Dieu<br />
seul. Aussi, dans <strong>la</strong> première scène <strong>du</strong> cinquième<br />
acte; Fauteur a représenté <strong>la</strong> confiance d'Athalie<br />
et l'effroi <strong>de</strong> Josabeth. Il fait dire à Zacharie :<br />
Dépendant Athalie, un poignard à ta mais f<br />
Rit <strong>de</strong>s faibles remparts <strong>de</strong> nos portes d'airain :<br />
Pour les rompre, elle attend les fatales maetîiaes,<br />
Et ne respire enfin que sang et que mines.<br />
Ma mère, auprès <strong>du</strong> rot f dans un trouble mortel,<br />
L'Œil tantôt sur ce prince 9 et tantôt vers l'autel t<br />
Muette, et succombant sous le poids <strong>de</strong>s a<strong>la</strong>rmes,<br />
aux yeux les plus cruels arracherait <strong>de</strong>s <strong>la</strong>rmes.<br />
Tel est l'état <strong>de</strong>s choses, lorsque Abner vient porter<br />
au grand prêtre les <strong>de</strong>rnières propositions <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
reine:<br />
Elle m'a fstf finir, et d'us air égaré :<br />
* Tu vtrtt <strong>de</strong> mes soldats tout ce temple entouré,<br />
« Dlt-eUe; un feu vengeur va le ré<strong>du</strong>ln'en cendre,<br />
« Et ton Dieu contra moi ne le saurait défendre.<br />
* Sea prêtres toutefois, mais il faut se hâter,<br />
« A <strong>de</strong>ux conditions peuvent se racheter :<br />
« Qu'avec ti<strong>la</strong>cf a on mette en ma puissance<br />
• Un trésor dont Je sais qulto ont <strong>la</strong> connaissance,<br />
« Par votre roi David autrefois amassé,<br />
« Sous le sceau <strong>du</strong> secret au grand prêtre <strong>la</strong>issé.<br />
« Ta, dis-teur qu'à ce prfi Je leur permets d® vivre. *<br />
1 H. Parai, &uu, 9.<br />
Abner voit <strong>la</strong> fierté ils Jailli tellement inévitable,<br />
qu'il ne ba<strong>la</strong>nce pas à conseiller à Joad <strong>de</strong> consentir<br />
à tant pour les sauver. Celui-ci répond ;<br />
Mais sléraîMl, Abner, à <strong>de</strong>s <strong>cours</strong> généreux,<br />
De livrer au supplice un enfant malheuROS,<br />
Un enfant que Dieu même à ma gar<strong>de</strong> confie,<br />
Et <strong>de</strong> nous racheter au dépens <strong>de</strong> sa vie?<br />
Cette réponse <strong>de</strong> Joad est très-noble, et le commentateur<br />
fait à-ce sujet une remarque très-juste.<br />
« C'est ici, dit-il, que le caractère <strong>de</strong> Joad est dans toute<br />
sa beauté. Il est sur le point d'être brûlé dans son temple,<br />
s'il ne livre Jeu : rien m peut l'engager h cette peridie :<br />
voilà sans doute te priait héroïsme. •<br />
Cependant Abner insisté; il emploie les supplications<br />
et les <strong>la</strong>rmes 9 et c'est ici Fendrait le plus délicat<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce, f ©ici <strong>la</strong> réponse <strong>de</strong> Joad , qui a<br />
donné lieu à tant <strong>de</strong> critiques, à <strong>la</strong> vérité spécieuses!<br />
mais auxquelles <strong>la</strong> pièce entière sert <strong>de</strong> ré»<br />
ponse :<br />
fl ert vrai, <strong>de</strong> David un tiénr «t resté;<br />
La gar<strong>de</strong> es fut commise à ma fidélité :<br />
C'était <strong>de</strong>s tristes luifi l'espérance déniera f<br />
Que met soins vigi<strong>la</strong>nts cachaient à <strong>la</strong> <strong>la</strong>aalèra»<br />
Vais pulsqu'à votre reine il faut le découvrir,<br />
le vais <strong>la</strong> contenter, nos portes vont s'ouvrir.<br />
De ses plus braves chefs qu'elle entre accompagnée ;<br />
Hais <strong>de</strong> nos <strong>la</strong>iata autels qu'elle tienne éloignée<br />
IVou ramas d'étrangers iluatfscrète fureur :<br />
Bu pil<strong>la</strong>ge <strong>du</strong> temple épargua-niot l'horreur.<br />
Des prêtres, <strong>de</strong>s enfants lui feraient-Ils quelque ombRÎ<br />
De sa suite avec vous qu'elle règle le nombre.<br />
Et quant à cet enfant si craint, si redouté.<br />
De votre cœur, Abner, je connais l'équité;<br />
le vous veux <strong>de</strong>vant elle expliquer sa naissance.<br />
Tous verrez s'il le faut remettre en sa puissance,<br />
Et Je vous ferai juge entre àHialfe et lui.<br />
On peut remarquer d'abord que Joad ne dit rien<br />
<strong>de</strong> contraire à <strong>la</strong> vérité : il ne promet point <strong>de</strong> livrer<br />
le trésor; il s'engage seulement à le faire voir : il<br />
ne promet point <strong>de</strong> livrer Fenfant; mais il prendra<br />
Abner pour arbitre entre lui et Athalie. Cependant<br />
on ne peut disconvenir qu'il n'y ait <strong>de</strong> Fartifiee dans<br />
ces paroles; et tout artifice» a-tron dit, est condamnable;<br />
c'est un moyen fait pour avilir celui qui<br />
s'en sert. Je réponds : Oui, si Joad était un aéras»<br />
obligé <strong>de</strong> se con<strong>du</strong>ire par <strong>de</strong>s principes ordinaires;<br />
mais quatre actes nous ont accoutumés à le regar<strong>de</strong>r<br />
comme le ministre d'un Bien vengeur, comme<br />
l'instrument <strong>de</strong> <strong>la</strong> juste punition d'une reine coupable<br />
que <strong>la</strong> soif <strong>de</strong> Foret <strong>du</strong> sang précipite dans le<br />
piège. Il semble qu'elle s'y jette d'elle-même, comme<br />
aveuglée par le dieu qui <strong>la</strong> poursuit; et Joad a plutêt<br />
Fair <strong>de</strong> Fy <strong>la</strong>isser tomber que <strong>de</strong> Fy con<strong>du</strong>ire.<br />
Enfin, Feitréme disproportion <strong>de</strong>s forces, le salut<br />
<strong>du</strong> jeune roi et <strong>de</strong> tout son peuple, Fintérét que le<br />
poète nous y a fait prendre, toutes les idées9 tous<br />
les sentiments dont il nous a remplis, tant <strong>de</strong> motifs<br />
réunis et mis dans toute leur valeur, par un ait