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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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I m'est dont pas étonnant que <strong>de</strong>s hommes ék-<br />

•es ainsi haranguassent beaucoup plus souvent et<br />

plus facilement que nous ne l'imaginons. L'éloquence<br />

, qui dans nos monarehies semble n'être le partage<br />

que <strong>de</strong> ceux qui par état doivent en avoir fait une<br />

étu<strong>de</strong>-particulière, était chez les Urées et les Romains<br />

une <strong>de</strong>s qualités communes, dans un <strong>de</strong>gré<br />

plus ou moins émiiient, à tout homme publie, à<br />

tout citoyen constitué en dignité. Les Graeques,<br />

César, Catoo, Seipioe , étaient <strong>de</strong> très-grands orateurs<br />

, c'est-à-dire f dans <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue républicaine, <strong>de</strong><br />

très-grands hommes d'État. Bans le pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté<br />

f <strong>la</strong> persuasion est un pore <strong>de</strong> puissance<br />

qu'on ne soupçonne pas dans les pays où II ne doit y<br />

en avoir d'autre que l'autorité*<br />

On peut donc croire, sur ce que je fient d'expoposer,<br />

que les grands hommes que Tive-Live et Salloste<br />

font parler "dans leurs histoires ont mmwmî<br />

puisé dans leur âme d'aussi beaux traits que ceux<br />

que leur attribue l'historien, et ont dû mime pro<strong>du</strong>ire<br />

<strong>de</strong> plus grands effets <strong>de</strong> vive voix qu'Us n'en<br />

ont pro<strong>du</strong>it sur le papier; et ce qui prouve encore<br />

l'importance qu'on attachait à ces dises»», c'est<br />

que <strong>la</strong> plupart <strong>du</strong> temp on en «raser?ait <strong>de</strong>s copies.<br />

Cieéron cite à tout moment <strong>de</strong>s harangues prononcées<br />

dans le sénaty plus d'un siècle mmt lui, par<br />

<strong>de</strong>s hommes qui ne les gardaient pas comme <strong>de</strong>s<br />

monuments littéraires, mais comme <strong>de</strong>s pèees jostiirotïf«<br />

<strong>de</strong> leur con<strong>du</strong>ite et <strong>de</strong> leurs <strong>la</strong>ftii dans<br />

l'administration <strong>de</strong>s affaires publiques.<br />

II se présente une autre différence dans <strong>la</strong> manière<br />

dont nous considérons aujourd'hui l'histoire, et dont<br />

les anciens <strong>la</strong> considéraient. Tïte-Live, Salluste,<br />

Tacite, Quinte-Curce, croyaient a?oir rempli tous<br />

leurs <strong>de</strong>voirs quand ils étaient éloquents et frais.<br />

M ouf nous p<strong>la</strong>ignons <strong>de</strong> ne pas trouver chez eux aaaes<br />

<strong>de</strong> lumières et <strong>de</strong> détails, sur les mœurs publiques et<br />

particulières, sur <strong>la</strong> police intérieure, sur les lois,<br />

sur les finances, sur les impôts, sur les subsistances,<br />

sur fart militaire, etc. C'est dans <strong>de</strong>s traités <strong>la</strong>its<br />

exprès, dans <strong>de</strong>s ouvrages d'une autre espèce, que<br />

nous allons chercher, sur tous ces points, <strong>la</strong> connaissance<br />

<strong>de</strong> Fantiquité. Depuis que les esprits se<br />

sont tournés, parmi nous, vers <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion et l'économie<br />

politique, ce qui nous paraît le plus important<br />

dans l'histoire, c'est ïa recherche <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

grands objets, et <strong>la</strong> comparaison <strong>de</strong> ce qu'ils étaient<br />

autrefois et <strong>de</strong> ce qu'ils sont aujourd'hui. Cette comparaison<br />

est vraiment intéressante. Mais pourquoi<br />

ne trou?ons-noos pas, à cet égard, à satisfaire entièrement,<br />

notre curiosité dans les historiens grecs et<br />

romains les plus célèbres ? Et, d'un autre côté, pourquoi<br />

ce genre d'histoire philosophique nous paraft-il<br />

ANOINS. — HISTOffiH tfl<br />

aujourd'hui nécessaire dans les annales <strong>de</strong> FEurop©<br />

mo<strong>de</strong>rne? En YOîCI peut-être <strong>la</strong> raison. Nous avons<br />

été longtemps barbares; longtemps nous n'avons<br />

su ni ce que hous étions ni ce que sous «fêtions être.<br />

L'Europe entière, livrée au mé<strong>la</strong>nge bixarre <strong>de</strong>s<br />

constitutions féodales interprétées par <strong>la</strong> tyrannie,<br />

et <strong>de</strong> quelques lois romaines interprétées par l'ignorance,<br />

l'Europe n'offre jusqu'au seizième siècle,<br />

qu'un chaos, un <strong>la</strong>byrinthe, où se perd cette foule<br />

<strong>de</strong> nations échappées aux fers <strong>de</strong>s Romains, pour<br />

tomber dans ceux <strong>de</strong>s barbares <strong>du</strong> Nord, détenues<br />

aussi grossières que leurs.nouveaux vainqueurs, et<br />

sur lesquelles l'oeil <strong>de</strong> <strong>la</strong> raison ne se ixe qu'avec<br />

peine, jusqu'au moment où <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong>s arts fient<br />

les éekirer. La curiosité <strong>de</strong> ces nations est donc aujourd'hui<br />

<strong>de</strong> connaître leurs ancêtres, dont elles<br />

n'ont rien confier?é : <strong>de</strong> chercher <strong>de</strong>s trocea <strong>de</strong> »<br />

qui n'est plus; <strong>de</strong> wetf à quel point elles sont différentes<br />

<strong>de</strong> leurs pères* Mais les Romains, mais les<br />

Grecs, ont toujours été, à <strong>la</strong> corruption près, ce<br />

que leurs pères avaient été. Les lois <strong>de</strong>s Bmm Tables<br />

étaient en rigueur sous Auguste, comme au<br />

temp <strong>de</strong>s guerres <strong>de</strong>s Samnites ; <strong>la</strong> distribution <strong>de</strong>s<br />

tribus romaines'était k même; les magistratures<br />

étaient les mêmes. Le sénat pendant sept cents ans<br />

avait eu <strong>la</strong> mime forme, <strong>de</strong>puis les premiers consuls<br />

jusqu'aux premiers césars. La iiseaflroe militaire,<br />

<strong>la</strong> tactique, <strong>la</strong> légion, subsistèrent, sans au*<br />

mu changement considérable, <strong>de</strong>puis Pyrrhus jusqu'à<br />

Théodose. Le luxe augmentait sans doute avec<br />

les richesses, et k table <strong>de</strong> Lucullus n'était pas celle<br />

<strong>de</strong> Huma ni <strong>de</strong> Fabricius; mais k robe consu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong><br />

Cieéron était <strong>la</strong> même que celle <strong>de</strong> Irotas; il avait<br />

les mêmes droits, les mêmes prérogative» : au lieu<br />

qu'aujourd'hui l'habillement dt ce qu'on appelle un<br />

grand seigneur dans ks monarchies <strong>de</strong> l'Europe ne<br />

ressemble pas pies à celui <strong>de</strong> ses aïeux que son existence<br />

civile et politique ne ressembk à celle ém<br />

ten<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Charlemagoa et <strong>de</strong>s barons <strong>de</strong> Philippe-<br />

Auguste, et qu'un régiment d'infanterie ne ressembk<br />

à une compagnie d'hommes d'armes <strong>de</strong> Charles Y.<br />

Il n'est donc pas étonnant qu'on ait beaucoup à<br />

nous apprendre sur nos ancêtres, et que les Romains<br />

et les Grecs ne voulussent savoir <strong>de</strong> leurs pères que<br />

leurs exploits. Tout le reste leur était suffisamment<br />

connu. Tout citoyen se promenant à Rome sur k<br />

p<strong>la</strong>ce publique, <strong>du</strong> temp <strong>de</strong>s césars, pouvait <strong>mont</strong>rer<br />

<strong>la</strong> tribune aux harangues où avait parlé k<br />

premier tribuu <strong>du</strong> peuple. S'il prétendait au même<br />

honneur, il lui (al<strong>la</strong>it faire ks.mêmes démarches, et<br />

obtenir les mêmes suffrages. Mak uahrave homme<br />

qui chercherait aujourd'hui quelqu'un qui l'armât<br />

chevalier, ou une belle dame qui lui ceignit Fépét

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