23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

48*<br />

Et c'est mal do l'honneur entrer dans <strong>la</strong> carrière $<br />

Que dès le premier pas regar<strong>de</strong>? en arrière,<br />

notre malheur est grand : il est au plus baut point;<br />

le Feu?Ssage entier, mais je n'es frémis point<br />

Contre qui que ce toit que mon pays m'emploie 9 *<br />

Faceepte aveuglément cette gloire avec Joie.<br />

Celle <strong>de</strong> recevoir <strong>de</strong> tels comman<strong>de</strong>ments<br />

Boit étouffer en nous tous autres sentiments.<br />

Qui, près <strong>de</strong> le servir, considère autre chose,<br />

â faire ce qu'il doit lâchement se dispose.<br />

Ce droit saint et sacré rompt tout autre lies ;<br />

Rome a choisi mon bras, Je n'examine rien,<br />

avec une allégresse aussi pleine et sincère<br />

Que J'épousai <strong>la</strong> acenr, Je combattrai le frère ;<br />

Et pour trancher enfin ces dis<strong>cours</strong> superflus,<br />

àlï» vous a nommé, je ne vous connais plus.<br />

cornues,<br />

le veos connais encore t et c'est ce qui me tue.<br />

Mais cette âpre vertu ne m'était pas connue :<br />

Comme notre malheur, elle est au plus haut point ;<br />

Souffres que Je Fadmke et ne Hutte point<br />

Écoutons encore Voltaire sur cette Imposante et<br />

Éuperbe scène : c'est au génie qui! appartient <strong>de</strong><br />

sentir et <strong>de</strong> louer le génie.<br />

« A ces mots9 Je m mm wnmte plus...... M mm<br />

mnnaiâ encore, m m récria d'admiration. On n'avait<br />

pua» rien vs <strong>de</strong> si sublime» H n'y a pas dans Lcmgli tin<br />

seul eiemple d'une pareille gran<strong>de</strong>ur. Ce sont ces traits qui<br />

ont mérité à Corneille le nom <strong>de</strong> grand, nos-seuSement<br />

pour le dtettogser <strong>de</strong> ton frère, mais <strong>du</strong> reste <strong>de</strong>s hommes.<br />

Use teUe scène <strong>la</strong>it pardonner mile défauts. »<br />

C'est ainsi que s'exprime k grand ééêmekw <strong>de</strong><br />

Corbeille.<br />

Il relève avec le mime p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong>s beautés d'un<br />

ordre inférieur, mais encore étonnantes par rapport<br />

au temps ou Fauteur écrivait; par eiemple 9 le récit<br />

<strong>du</strong> combat <strong>de</strong>s Horaces et <strong>de</strong>s Curiaees, imité <strong>de</strong><br />

Tite-Live, et comparable à l'original. Ce n'est pas un<br />

petit mérite d'avoir su eiprimer alors avec élégance<br />

et précision <strong>de</strong>s détails que <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> notre <strong>la</strong>ngue<br />

et <strong>de</strong> notre versiication rendait très-difficiles.<br />

C'est une observation que je ne dois pas omettre dans<br />

un article où je me suis proposé <strong>de</strong> marquer tous<br />

les genres d'efforts et <strong>de</strong> succès qui sont autant d'obligations<br />

que nous avons à Corneille.<br />

Resté seul contre trois t mais m cette amntmm *<br />

Tous trois étant blessés et lui seul sans blessure,<br />

Trop faible pour eux tous $ trop fort pour chacun d'eux,<br />

D sait bien se Urer d'un pas st basar<strong>de</strong>sx.<br />

11 fuit pour mieux combattre, et cette prompte ruse<br />

Divise adroitement trois frères qu'elle abuse.<br />

Chacun le soit d'un pas«n plus ou moins pressé,<br />

Selon qu'il se rencontre ou pins os moins blessé.<br />

Leur ar<strong>de</strong>ur est égale à p&wrmwm m Jkàêe ;<br />

Mais leurs amp§ » Inégaux séparent leur poursuite»<br />

Horace, les voyant fun <strong>de</strong> l'antre écartés,<br />

Se retourne, et déjà les croit <strong>de</strong>mi domptés.<br />

n attend le premier, et c'était votre gendre.<br />

L'autre, tout Indigné qu'il ait osé l'attendre,<br />

En valu , en l'attaquant, fait paraître un grand cœur :<br />

Le sang qu'il a per<strong>du</strong> ralentit sa vigueur.<br />

• Hémistiche fait pour <strong>la</strong> rima.<br />

1 Le mot propre était Umf&m inêgak.<br />

COUfeS DE L1TTÉ1ATC1E.<br />

âme à son tour commence à craindre un sort contraire;<br />

Elle crie an second qu'U secoure son frère :<br />

11 se hâte et s'épuise en efforts superflus ;<br />

11 trouve en Ses joignant que son frère n'est plus.<br />

... Tout hors d'haleine , 11 prend pourtant sa p<strong>la</strong>ce,<br />

Et red&ubU x bientôt ia victoire d'Horace.<br />

Son courage sans force est un débile appui ;<br />

Vou<strong>la</strong>nt venger son frère f fl tombe auprès Juf.<br />

L'ak résonne <strong>de</strong>s crb qu'au cld chacun envoie. '<br />

C&mmm • notre héros se volt près d'achever,<br />

Ont peu pour loi <strong>de</strong> vaincre, il veut encor braver.<br />

« J'en viens d'Immoler <strong>de</strong>ux aux mânes <strong>de</strong> mes frères ;<br />

« Rome aura le <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong> mes trois adversaires.<br />

« C'est à ses Intérêts que je veux nnunotar, »<br />

Btt-tS, et tout d'un temp on le volt y voler.<br />

La victoire entre eux <strong>de</strong>ux n'était pas Incertaine;<br />

L'UbaJn percé <strong>de</strong> coup ne se traînait qu'à peine*<br />

Et, comme une victime aux marches <strong>de</strong> l'autel t<br />

11 semb<strong>la</strong>it présenter sa gorge au coup mortel.<br />

Aussi le reçoit-! t peu s'en faut, sans défaut,<br />

. Etsontiépas<strong>de</strong>lloineétabMt<strong>la</strong>piissmnce.<br />

Ceux qui connaissent les entraves <strong>de</strong> notre poésie<br />

sentiront tout ee qu'il y avait ici <strong>de</strong> difficultés à<br />

sur<strong>mont</strong>er, surtout dans un temp où <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

n'était pas à beaucoup près m qu'elle est <strong>de</strong>venue<br />

<strong>de</strong>puis 9 et avoueront qye Corneille ne fut pas étranger<br />

I cet art d'exprimer et d'ennoblir les petits détails<br />

que Racine porta <strong>de</strong>puis au plus haut <strong>de</strong>gré do<br />

perfection. C'est m que fait remarquer le commentateur,<br />

I propos d'un autre morceau qui n'est aussi<br />

qu 9 une tra<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> Tite-Livev je veux dire le<br />

dis<strong>cours</strong> <strong>du</strong> général <strong>de</strong>s Albains, qui a'pour objet '<br />

d'empêcher 1e combat entre les <strong>de</strong>ux nations, en<br />

remettant leur querelle entre les mains <strong>de</strong> trou<br />

guerriers choisis dans chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis.<br />

• J'ose dire que te dis<strong>cours</strong> <strong>de</strong> l'auteur français est as*<br />

<strong>de</strong>ssus <strong>du</strong> romainy plus nerveux, plus touchant; et quand<br />

on songe qu'il était fâoé par <strong>la</strong> rime, et par un <strong>la</strong>ngage<br />

embarrassé d'articles et qui souffre peu d'inversions, qu'il<br />

a sur<strong>mont</strong>é toutes ces difficultés, qu'il n'a employé le<br />

se<strong>cours</strong> dbocune épithète9 que rien s'arrête FéSoqsieiito<br />

rapidité <strong>de</strong> son dis<strong>cours</strong>, c'est là qu'on reconnaît le grand<br />

Corneille. »<br />

Finissons ce qui regar<strong>de</strong> ks Hmraces par cette<br />

intéressante apostrophe <strong>de</strong> Sabine, d'abord à <strong>la</strong> ville<br />

d'Albe où elle était née, ensuite à celle <strong>de</strong> Rome oà<br />

elle avait pris un époux. Ce morceau, d'un pathétique<br />

doux, se fait remarquer d'autant plus, qu'il<br />

contraste avec le ton <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur qui domine dans<br />

le reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce.<br />

Aine, ou J'ai commencé <strong>de</strong> respirer le Jour,<br />

Aine, mon cher pays et mon premier amour,<br />

Lorsque entre nous et toi Je vols <strong>la</strong> guerre on verte,<br />

le crains notre victoire autant f ne notre perte.<br />

Rome, al tu te p<strong>la</strong>ins que c'est là te trahir,<br />

Fais-toi <strong>de</strong>s ennemis que je paisse haïr»<br />

1 Hedouble<strong>la</strong> victoire, §emimts vêeterm, eipression plus<br />

<strong>la</strong>tine que française.<br />

,* €&mm9 etc., construction peu faite pour <strong>la</strong>. vivacité<br />

l'un récit

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!