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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS.<br />

seul outrage* Il est vrai, qnH s'est élevé fort au<strong>de</strong>ssus<br />

<strong>de</strong> toutes ses autres pro<strong>du</strong>ctions; mais aussi<br />

quelle espèce <strong>de</strong> mérite se remarque-t-on pas dans<br />

les Métamorphosée! Et d'abord, quel art prodigieux<br />

dans <strong>la</strong> texture <strong>de</strong> poème! Cornaient Ovi<strong>de</strong><br />

a-t-îl pu <strong>de</strong> taiil d'histoires différentes, le plus souvent<br />

étrangères les unes aux autres, former un<br />

tout si bien suivi, si bien lié? tenir toujours dans<br />

sa mais le fil imperceptible qui , sans se rompre<br />

jamais, TOUS gui<strong>de</strong> dans ce dédale d'aventures raerveilleuses?<br />

arranger si bien cette foule d'événements,<br />

qu'ils naissent tous les uns <strong>de</strong>s autres?<br />

intro<strong>du</strong>ire tant <strong>de</strong> personnages, les uns pour agir,<br />

les antres pour raconter, <strong>de</strong> manière que tout marche<br />

et se défêloppe saas interruption, sans embarras,<br />

sans désordre, <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> séparation <strong>de</strong>s<br />

éléments, qui remp<strong>la</strong>ce le chaos, jusqu'à l'apothéose<br />

d'Auguste? Ensuite, quelle flexibilité d'imagination<br />

et <strong>de</strong> style pour prendre successivement<br />

tous les tons, suivant <strong>la</strong> nature <strong>du</strong> sujet, et pour<br />

diversifier par l'expression tant <strong>de</strong> dénoûments<br />

dont te fond est toujours le même, c'est-à-dire un<br />

changement <strong>de</strong> formel C'est là surtout le plus<br />

grand charme <strong>de</strong> cette lecture; c'est l'étonnante<br />

tariétéias conteurs toujours adaptées à <strong>de</strong>s tableaux<br />

toujours divers, tantôt nobles, et imposants jusqu'à<br />

<strong>la</strong> sublimité, tantôt simples jusqu'à <strong>la</strong> familiarité/<br />

les uns horribles, les autres tendres, ceux-ci effrayants,<br />

ceux-là gais, riants et doux. -<br />

Toutes ces peintures sont riches, et aucune ne<br />

paraît lui coûter. Tour à tour il vous élève, vous<br />

attendrit f vous effraye, soit qu'il ouvre le pa<strong>la</strong>is<br />

<strong>du</strong> Soleil, soit qu'il chante les p<strong>la</strong>intes <strong>de</strong> l'amour,<br />

soit qu'il peigne les fureurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> jalousie et les<br />

horreurs <strong>du</strong> crime. 11 décrit aussi facilement les<br />

combats que les voluptés, les héros que les bergers,<br />

l'Olympe qu'un bocage, <strong>la</strong> caverne <strong>de</strong> l'Envie<br />

que <strong>la</strong> cabane <strong>de</strong> Philémon. Nous ne savons pas au<br />

juste ce que <strong>la</strong> mythologie lui avait fourni, et ce<br />

qu'il t pu y ajouter; mais combien d'histoires charmantes!<br />

Que nVt-on pas pris dans cette source<br />

qui n'est pas encore épuisée! Tous les théâtres ont<br />

mis Ovi<strong>de</strong> à contribution. Je sais qu'on lui reproche,<br />

et mm raison, le luxe dans son style, c'està-dire<br />

trop d'abondance et <strong>de</strong> parure» mais cette<br />

abondance n'est pas celle <strong>de</strong>s mots qui cache le<br />

vi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s idées; c'est le superflu d'une richesse<br />

réelle. Ses ornements, même quand il y en a trop,<br />

ne <strong>la</strong>issent aolr ni le travail ni l'effort. Enfin, l'esprit,<br />

<strong>la</strong> grâce et <strong>la</strong> facilité, trois choses qui ne l'abandonnent<br />

jamais, couvrent ses négligences, ses<br />

petiten recherches; et Ton peut dire <strong>de</strong> lui, bien<br />

pins véritablement que <strong>de</strong> Sénèque, qu'il p<strong>la</strong>U<br />

- POÉSIE. 7§<br />

même dam ses ê^fmdM. Quelqu'un a dit <strong>de</strong> nos<br />

jours :<br />

Tétais pour Ovi<strong>de</strong> à vingt ans ;<br />

le suis pour Horace à quarante.<br />

S'il a-voulu dire qu'Horace a le goût plus sûr<br />

qu'Ovi<strong>de</strong>, ce<strong>la</strong> est incontestable; mais je crois qu'à<br />

tout âge on peut aimer, et beaucoup, l'auteur <strong>de</strong>s<br />

Métamorphoses* Voltaire avait une gran<strong>de</strong> admi­<br />

ration pour cet ouvrage, et Ton sait qu'il se prodi­<br />

guait pas <strong>la</strong> sienne. Sans doute on ne peut comparer<br />

le style d'Ovi<strong>de</strong> à celui <strong>de</strong> Virgile; mais peut-être<br />

fal<strong>la</strong>it-il que Virgile existât pour que l'on sentit bien<br />

ce qui manque à Ovi<strong>de</strong>.<br />

Le sujet qu'a traité Lucrèce est aussi austère que<br />

celui <strong>de</strong>s Métamorphoses est agréable. On sait que<br />

le poème sur ia Nature <strong>de</strong>s choses n 9 est que <strong>la</strong> philosophie<br />

d'Épieure mise en vers, si l'on peut donner<br />

ce nom <strong>de</strong> philosophie aux rêveries <strong>de</strong> l'atoniisme<br />

et <strong>de</strong> l'athéisme réunies ensemble. La poésie, d'ailleurs,<br />

ne se prête volontiers, dans aucun idiome,<br />

au <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> <strong>la</strong> physique ni aux raisonnements <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> métaphysique : aussi Lucrèce n'est-il guère poète<br />

que dans lesdigressions ; mais alors il Test beaucoup.<br />

L'énergie et <strong>la</strong> chaleur caractérisent son style, mais<br />

en y joignant <strong>la</strong> <strong>du</strong>reté et l'incorrection. Il y a <strong>de</strong>s<br />

gens qui, à cause <strong>de</strong> cette <strong>du</strong>reté même, lui ont<br />

trouvé plus <strong>de</strong> force qu'à Virgile, par une suite <strong>de</strong><br />

ce préjugé ridicule, que <strong>la</strong> <strong>du</strong>reté tient à <strong>la</strong> vigueur,<br />

et que l'élégance est près <strong>de</strong> <strong>la</strong> faiblesse. Mais comme<br />

je ne connais point <strong>de</strong> vers <strong>la</strong>tins plus forts que ceux<br />

<strong>de</strong> Virgile d'ans l'épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> Cacus, ni <strong>de</strong> vers français<br />

plus forts que ceux <strong>du</strong> rôle <strong>de</strong> Phèdre, je croirai<br />

toujours que <strong>la</strong> force n'exclut ni l'élégance ni<br />

l'harmonie, et que <strong>la</strong> <strong>du</strong>reté ne suppose pas <strong>la</strong><br />

force.<br />

La <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> <strong>la</strong> peste et celle <strong>de</strong>s jouissances<br />

physiques <strong>de</strong> l'amour sont les <strong>de</strong>ux morceaux<br />

les plus remarquables <strong>du</strong> poème <strong>de</strong> Lucrèce; ainsi<br />

personne n'a mieux peint que lui ce qu'il y a dans <strong>la</strong><br />

nature et <strong>de</strong> plus affreux et <strong>de</strong> plus doux.<br />

Le commencement <strong>de</strong> son ouvrage a été tra<strong>du</strong>it<br />

en vers, dans le siècle <strong>de</strong>rnier, par le poète Hainaut*<br />

11 y en a <strong>de</strong> bien faits ; mais on sent qu f il serait ira*<br />

possible <strong>de</strong> faire passer l'ouvrage entier dans une<br />

tra<strong>du</strong>ction en vers : on Fa tenté <strong>de</strong> nos jours et sans,<br />

succès. Le sujet s'y refuse, et c'est là le cas <strong>de</strong> iraf<strong>la</strong>ire<br />

en prose; car <strong>la</strong> prose est le <strong>la</strong>ngage <strong>du</strong> raisonnement.<br />

C'est ce qu'a fait avec beaucoup <strong>de</strong> succès<br />

feu Lagrange : sa tra<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> Lucrèce est ia meil*<br />

ieure que nous ayons dans notre <strong>la</strong>ngue.<br />

11 nous reste cinq chants <strong>du</strong> poème <strong>de</strong> YAstrù»<br />

momie <strong>de</strong> Maniiius, qui, écrivant sous Tibère, pa«<br />

ratt déjà loin <strong>du</strong> siècle d'Auguste. La physique en

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