la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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ANCIENS. — ÉLOQUENCE.<br />
<strong>de</strong>s exemples d'une continuation île <strong>la</strong> même métaphore<br />
pendant quatre pages : c'est alors un jeu<br />
d'esprit aussi ridicule qu'insipi<strong>de</strong>, et que lésants<br />
prennent pour <strong>de</strong> l'imagination.<br />
Mous <strong>de</strong>ssous un sens pins éten<strong>du</strong> à l'allégorie,<br />
quand nous appelons <strong>de</strong> ce nom une fiction poétique,<br />
où dès êtres moraux sont personnifiés; comme<br />
le temple <strong>de</strong> l'Amour dans Jo Mmrm<strong>de</strong>, l'épiso<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Mollesse dans le lutrin, et tant d'autres. U<br />
y a aussi d'antres allégories plus courtes, et renfermées<br />
dans un petit nombre <strong>de</strong> vers, qui forment<br />
une variété agréable dans <strong>la</strong> poésie morale ou didactique.<br />
Tels sont ces vers <strong>de</strong> Voltaire dans le<br />
DUeùmrs wr <strong>la</strong> m&déndi&m :<br />
<strong>la</strong>dis trop eaifsâé dfes malus <strong>de</strong> 1& MolS«M ;<br />
Le K «fil f s*endormit m tria <strong>de</strong> Sa Parme. *<br />
La* Langueur FaeeaMalt ; plu êe ehants, plus <strong>de</strong> Tirs 9<br />
Pies tfamour, et l'Ennui détratttit lUniva».<br />
Bu êim , qal prit pillé <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature humaine,<br />
Hit auprès <strong>du</strong> P<strong>la</strong>isir te Travail et <strong>la</strong> Peine.<br />
LA Crainte t*é¥etl<strong>la</strong>, l'Espoir galôa tes pas : *<br />
Ce cortège alourdirai raccompagne Ict-bas. ' •• '<br />
Lemierrc a très-bien caractérisé l'allégorie dans<br />
ce vers <strong>de</strong> son poème <strong>de</strong> ta Peîmimm :<br />
1/AlMpffe habite aa pdaSs diaphane.<br />
Et, dans le mime poëme, il en fait un très-bel<br />
usage, en traçant le portrait allégorique <strong>de</strong> l'ignorance:<br />
M est nia tlnpi<strong>de</strong> et lour<strong>de</strong> daté ;<br />
Le Tn»fas aetwfoti fat par elle haMié.<br />
. Llgsiiraii»estsc»iiôni;lmPareiiepeBanto<br />
L*eaiMiOj sans ioatear as bord #aoa «ta dormante:<br />
Le Hasard fattompagae f et l'Erreur <strong>la</strong> coadolt ;<br />
De fan pat en tau paa <strong>la</strong> Sottise <strong>la</strong> mit<br />
Los anciens hiéroglyphes <strong>de</strong>s Égyptiens, <strong>de</strong>s<br />
Scythes, et <strong>de</strong> quelques autres peuples <strong>de</strong> l'Asie,<br />
étaient <strong>de</strong>s espèces d'allégories qui par<strong>la</strong>ient aux<br />
yeux, mais moins c<strong>la</strong>ires et moins ingénieuses, à<br />
en juger par ce que nous en connaissons , que les fables<br />
emblématiques <strong>de</strong>s Grecs , dont notre poésie<br />
mo<strong>de</strong>rne s'est enrichie. Quand le roi <strong>de</strong>s Perses<br />
Darius l m , dans son expédition contre les Scythes 9<br />
m fut engagé témérairement dans leurs vantas solitu<strong>de</strong>s,<br />
où il perdit une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> son armée,<br />
ils lui mmjëfmt un ambassa<strong>de</strong>ur, qui, sans lui<br />
m rien dire, lui présenta <strong>de</strong> leur part cinq flèches, un<br />
•isemi, une souris, une grenouillé, et se retira. U<br />
fat question <strong>de</strong> savoir ce que «pil<strong>la</strong> il cette ambas-<br />
•a<strong>de</strong>énigmatiqoe.l7nB€rain, qui avait quelquecosnaissance<br />
<strong>du</strong> caractère et <strong>du</strong> <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> ce peuple,<br />
eipliqua ainsi leurs présents :<br />
Ml<br />
H se trouva qu'il avait bien <strong>de</strong>viné. Mais Darius<br />
avait interprété cet emblème d'une manière toute<br />
différente, et pourtant aussi p<strong>la</strong>usible. U prétendait<br />
que c'était un témoignage <strong>de</strong> <strong>la</strong> soumission <strong>de</strong>s<br />
Scythes, qui lui faisaient hommage <strong>de</strong>s animaux<br />
nourris dans les trois éléments, et lui abandonnaient<br />
leurs armes. C'est une mauvaise allégorie que ceUe<br />
qui n'a qu'une intention et qui en offre <strong>de</strong>ux» Cest<br />
par <strong>la</strong> même raison que les apologues, qui sont encore<br />
une autre espèce d'allégorie, doivent avoir un<br />
sens unique et c<strong>la</strong>ir. Dans tout ce qui a pour objet<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong>isser apercevoir une vérité voilée, on doit faits<br />
en sorte que le voile ne <strong>la</strong> cache pas, mais <strong>la</strong>isse seulement<br />
le p<strong>la</strong>isir àe l'entrevoir. Le masque <strong>de</strong> <strong>la</strong> comédie<br />
doit être ressemb<strong>la</strong>nt, sans charge et sans<br />
grimace ; et le voile <strong>de</strong> l'allégorie doit être artistement<br />
tissu, mais transparent.<br />
On connaît le trait <strong>de</strong> Tarquin le Superbe, Ionque<br />
son ils, tout puissant dans <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> éabîe,<br />
lui envoya <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qu'il <strong>de</strong>vait faire, Tarquin 9<br />
qui se promenait dans son jardin, se mit à abattre<br />
les têtes <strong>de</strong>s pavots les plus élevés, avec une baguette<br />
qu'il tenait à <strong>la</strong> 'main, et envoya le député sans<br />
autre réponse : c'était une allégorie muette. Le ils<br />
l'entendit comme il convenait à un homme élevé pr<br />
un tyran, et trouva moyen <strong>de</strong> faire périr les princlpax<br />
Gabiens pour livrer <strong>la</strong> ville à son père.<br />
Mous voilà un peu loin <strong>de</strong>sigures <strong>de</strong> rhétorique;<br />
mais tous ces faits <strong>de</strong> différente nature servent i<br />
prouver que les principes <strong>de</strong>s arts sont soumis à <strong>la</strong><br />
même logique et à <strong>la</strong> même loi <strong>de</strong>s rapports qui<br />
sert à expliquer les actions humaines et à en faire<br />
connaître les ressorts, et c'est pour ce<strong>la</strong> que <strong>la</strong> rhétorique<br />
<strong>du</strong> penseur Aristote, fil écrivait pour <strong>de</strong>s<br />
hommes, et non pas pur <strong>de</strong>s écoliers, estai partie<br />
un traité <strong>de</strong> morale.<br />
L'ironie, l'ellipse, l'hyperbole, sont si connues,<br />
que leurs noms mêmes, quoique grecs et didactiques,<br />
sont <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue habituelle. L'ironie équivaut<br />
à une antre Ignre appelée antiphrase ou contrevérité;<br />
car elle a toujours pour but <strong>de</strong> faire entendre<br />
le contraire <strong>de</strong> ce qu'elle dît. Elle peut, selon<br />
les occasions, appartenir également à <strong>la</strong> pieté, au<br />
courroux, au mépris : ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers peuvent<br />
donc l'intro<strong>du</strong>ire dans le style noble et dans les sujets<br />
les plus hauts, mais rarement; car il ne faut<br />
pas <strong>la</strong>isser le temps <strong>de</strong> sentir qu'elle est voisine <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> p<strong>la</strong>isanterie. L'ironie est quelquefois <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière<br />
ressource <strong>de</strong> l'indignation et <strong>du</strong> désespoir, quand<br />
« â moins que TOUS ne puissiez v@ler dans les airs comme fetpressloo sérieuse leur paraît trop faible; à peu<br />
les oiseaux, ai TOUS cacher en? <strong>la</strong> terré comme les souris, près comme dans ces gran<strong>de</strong>s douleurs qui égarent<br />
an dam les easi comme les ffmmXBm% vous n'échap- on moment <strong>la</strong> raison, un rire effrayant prend <strong>la</strong><br />
i pas aux lèches te Scythes. »<br />
p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s <strong>la</strong>rmes qui ne peuvent pas couler. Tel est