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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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COUES BE LITTÉRATURE.'<br />

Tu §tfi comb<strong>la</strong>i je hais leurs fêtas criminelles f<br />

Et que Je meta au raag <strong>de</strong>s profaaniioes<br />

Leurs tables, leurs festins et leurs MMUMM;<br />

' • Que même cette pompe ou je sali condamnée f<br />

€c ban<strong>de</strong>au lioot 11 font que je paraisse ornée,<br />

Bans ces jours solennels à f orgueil dédiés,<br />

Saule, et dans le secret, je te foule à mes pieds;<br />

Qu'à ces vains ornementa Je préfère <strong>la</strong> Gendre,<br />

Et n'ai <strong>de</strong> goût qu'au pleurs que tu me vols i '<br />

J'attendais le moment marqué dans ton arrêt<br />

Pour oser <strong>de</strong> ton peuple embrasser flntéréi :<br />

Ce moment est venu ; ma prompte obéissance<br />

Ys d'un roi redoutable affronter Sa présence.<br />

Cest'pour toi que Je marche ; accompagne mes pas<br />

Devant ee fier Mon qui se te connaît pas. '<br />

Comman<strong>de</strong> , en me voyant, que son courroux s'apaise,<br />

Et prête à mes dis<strong>cours</strong> un charme qui lui p<strong>la</strong>ise.<br />

Les orages, les vents, loi <strong>de</strong>ux te sont soumis;<br />

Tourne eafia sa fureur contre nos ennemis.<br />

Parmi cette foule d'expressions élégantes et poétiques<br />

dont abon<strong>de</strong> ce morceau , il n'y en a qu'urne<br />

qui puisse peut-être <strong>la</strong>isser quelque scrupule, et<br />

n'ai <strong>de</strong> §&M qu'aux pkwr$. Je <strong>la</strong> crois naturelle et<br />

iraie; mais est-elle assez noble pour <strong>la</strong> tragédie?<br />

Avec quel p<strong>la</strong>isir secret madame <strong>de</strong> Maintenon<br />

<strong>de</strong>vait retrouver les sentiments que lui témoignait<br />

souvent Louis XIY, danacem qu'exprime Assuérus<br />

en présence d'Esther; sentiments dont <strong>la</strong> vérité<br />

reçoit encore un nouveau charme <strong>de</strong> l'harmonie si<br />

douce et sî f<strong>la</strong>tteuse <strong>de</strong>s vers d@ Racine.<br />

Croyes-mof, chère Esther, ce sceptre, cet empire t<br />

Et ces profonds respects que <strong>la</strong> terreur Inspire,<br />

À leur pompeux éc<strong>la</strong>t mêlent peu <strong>de</strong> douceur,<br />

Et fatiguent souvent leur triste possesseur.<br />

le se trouve qu'es vous je ne sais quelle grâce<br />

Qui me charme toujours et Jamais ne me <strong>la</strong>sse.<br />

De l'aimable vertu doux et puissants attraits ! ,<br />

Tout respire en Eslher Finnocence et <strong>la</strong> paix ;<br />

Bu chagrin le plus noir elle écarte les ombres,<br />

Et fait <strong>de</strong>s Jours sereins <strong>de</strong> mes jours les plus sombres.<br />

On lisait un jour <strong>de</strong>vant Louis XIV cette strophe<br />

d'un cantique <strong>de</strong> Racine :<br />

Mon Bleu, quelle guerre cruelle !<br />

le trouve <strong>de</strong>ux hommes en mol :<br />

L'un veut que, plein d'amour pour toi,<br />

Mon coeur te soit toujours fidèle;<br />

L'autref à tes volontés rebelle,<br />

Ht révolte contre ta loi.<br />

VoUà, dit le roi, <strong>de</strong>ux hommes quejemmfmiê Mm.<br />

Il est probable qu'en écoutant les vers d*Assuérus,<br />

il disait aussi, mais tout bas : Je sentais comme lui<br />

le besoin d'une Esther, et je Fal trouvée.<br />

Rapprocher <strong>de</strong>ux grands écrivains, quand ils ont<br />

à rendre à peu près les mêmes idées, est toujours<br />

un objet <strong>de</strong> curiosité et d'instruction. Gengiskan,<br />

dans l'Orphdm <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chine, éprouve auprès<br />

tf Marné m vi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs et ce besoin d'un<br />

sentiment qu'on vient <strong>de</strong> voir dans Assuérus.<br />

Tant rfÊ<strong>la</strong>rs subjugués ont-Ils rempli mon coeur?<br />

Ce coeur <strong>la</strong>ssé <strong>de</strong> tout <strong>de</strong>mandait une erreur<br />

Qui pût <strong>de</strong> mes ennuis chasser <strong>la</strong> nuit profon<strong>de</strong>,<br />

El rfat aie consolât sur le trône <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>.<br />

L'expression <strong>de</strong>s vers tf Assuérus est plus douée,<br />

celle <strong>de</strong> Gengis-kan est plus forte : cette dïfférenœest<br />

fondée sur celle <strong>de</strong> leur situation. L'un parle d'un<br />

bonheur qu'il a, l'autre <strong>de</strong> celui qu'il voudrait avoir,<br />

et le désir va toujours plus loin que <strong>la</strong> jouissance.<br />

En étudiant les grands écrivains, on remarquera par*<br />

toutcerappott<strong>du</strong>stjleaveclesentimentet <strong>la</strong> pensée,<br />

rapport qui existe sans qu'on y prenne gar<strong>de</strong> f mais<br />

qui donne l'âme et <strong>la</strong> vie à tout un ouvrage, comme<br />

le sang qui circule dans nos veines nous <strong>la</strong>it vivre<br />

sans qu'on aperçoive son <strong>cours</strong>.<br />

Allons plus loin, et, quoique ce<strong>la</strong> nous écarte<br />

un peu d'JSWfer, voyons encore <strong>la</strong> mime idée dans<br />

un sujet d'un ton tout différent y dans un conte, ce­<br />

lui <strong>de</strong> <strong>la</strong> belle Arsène.<br />

Seule <strong>de</strong> <strong>de</strong>meura<br />

avec ForgneU, coninagnoii <strong>du</strong>r et tzfate : »<br />

Bouffi, mais sec, ennemi <strong>de</strong>s ébats,<br />

H renfle Famé, @t ne <strong>la</strong> nourrit pas.<br />

Ici <strong>la</strong> gaieté se mêle au sentiment; et e'ett un autre<br />

rapport à saisir, celui <strong>du</strong> ton avec le sujet. 11 y<br />

aurait là-<strong>de</strong>ssus beaucoup <strong>de</strong> choses à dire; mais je<br />

reviens vite à Esther,<br />

C'est revenir à Louis X1Y ; car on retrouve encore<br />

ce prince dans ces <strong>de</strong>ux vers, qui n'étaient pas faits<br />

sans intention :<br />

Seigneur, Je n'ai jamais contemplé qu'avec crainte<br />

L'auguste majesté sur votre front empreinte.<br />

On sait que ce prince, qui avait <strong>la</strong> figure imposante,<br />

n'était pas fâché <strong>de</strong> voir quelquefois l'effet<br />

qu'elle pro<strong>du</strong>isait, et combien il traita favorablement<br />

cet officier qui avait para si fort intimidé <strong>de</strong>vant<br />

lui.<br />

L'élévation et <strong>la</strong> majesté <strong>de</strong>s prophètes brillent<br />

dans <strong>la</strong> scène où Eslher expose <strong>de</strong>vant Assuérus <strong>la</strong><br />

croyance, les fautes, <strong>la</strong> punition, et les espérances<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> nation, dont elle p<strong>la</strong>idé Sa cause y et surtout <strong>la</strong><br />

puissance <strong>du</strong> Bien qu'elle adore.<br />

Ce Dieu, maître absolu <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux t<br />

N'est point tel que l'erreur Se figure à vos jeux.<br />

L'Etemel est son nom : le mon<strong>de</strong> est son ouvrage :<br />

Il entend les soupirs <strong>de</strong> l'humble t®à*m outrage,<br />

loge tous les mortels avec d'égales lois,<br />

Et <strong>du</strong> haut <strong>de</strong> son trône Interroge les rois.<br />

Des plus fermes États <strong>la</strong> chute épouvantable,<br />

Quand 11 veut, n'est qu'un Jeu <strong>de</strong> sa main îedootable.<br />

N'en doutez point, seigneur, 11 fal voira soatiea :<br />

Lui seul mit à vos pieds le Parthe et FlndM ,<br />

Dissipa <strong>de</strong>vant vous les Innombrables Scythes,<br />

Et renferma les mers dans vos vastes limitas.<br />

Mardochée, dans une autre scène 9 ne le peint pas<br />

avec moins <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur.<br />

Que peuvent contre lui tous les rois <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre?<br />

En vain Us s'uniraient pour lui faire Sa guerre ;<br />

Pour dissiper leur ligne 11 n'a qu'à se <strong>mont</strong>rer :<br />

lifîârfejetdaasiaisaa^

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