la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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606<br />
torri<strong>de</strong> et dans les déserts g<strong>la</strong>cés i« <strong>la</strong> Seythie. Cette<br />
manière <strong>de</strong> tourmenter par le froid et le chaud est<br />
un peu bizarre, et semble n'avoir été imaginée que<br />
pour <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> décoration. Elle est conforme à<br />
<strong>la</strong> fable; mais joete <strong>la</strong> mythologie n'est pas également<br />
théâtrale, et îl faut faire on choix. Les détails<br />
<strong>de</strong>scriptifs ne sont pas <strong>de</strong> nature à relever <strong>la</strong> faiblesse<br />
<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>oi actes; ils sont an contraire trèsnégligés.<br />
Le quatrième acte s'ouvre par ces vers, que<br />
chantent les habitants <strong>de</strong>s climats g<strong>la</strong>cés :<br />
L'hiver qui nous tourmente<br />
S'obstine -à nous geler.<br />
! NIMH a* «tarions parler •.<br />
Qu'avec née voix tremb<strong>la</strong>nte.<br />
La neige et les g<strong>la</strong>çons<br />
Uses donnent <strong>de</strong> mortels Muons v eto.<br />
Proserpîne est un <strong>de</strong>s opéras <strong>de</strong> Qoinaolt les<br />
mieiii coupés , et où Ton trouve le plus <strong>de</strong> cette variété<br />
sans disparate , qui est <strong>de</strong> l'essence <strong>de</strong> ce spectacle.<br />
Cest aussi celui où fauteur s'est le plus élevé<br />
dans 6a versification; témoin ce beau morceau qui<br />
sert d'ouverture, et que Yoltaïre a si justement admiré<br />
:<br />
Os superbes géants armés oontre les dieux<br />
Ne nous donnent plus d'épouvante :<br />
Ils sont ensevelis sous <strong>la</strong> masse pesante<br />
Des <strong>mont</strong>s qu'ils entassaient pour attaquer tes <strong>de</strong>ux.<br />
J'ai ¥u tomber leur chef audacieux<br />
Sous une <strong>mont</strong>agne bril<strong>la</strong>nte ;<br />
Jupiter Fa contraint <strong>de</strong> vomir à nos yeux<br />
Les restes enf<strong>la</strong>mmés <strong>de</strong> sa rage mourante :<br />
* Jupiter est •tetortetui f<br />
Et tout oè<strong>de</strong> à l'effort <strong>de</strong> sa maM foudroyante.<br />
COU1S DB UnTÉMTUMR<br />
On peut remarquer que le redoublement <strong>de</strong>s rimes<br />
en épithèteiy qui est le plus souvent une <strong>de</strong>s<br />
causes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngueur <strong>du</strong> style, est icf une beauté,<br />
parce qu'elles sont toutes harmonieuses, et pittoresques<br />
, et qu'elles donnent à tout ce tableau une<br />
seule et même couleur qui en détermine le caractère.<br />
La douleur <strong>de</strong> Cérès après l'enlèvement <strong>de</strong> sa<br />
Elle est touchante; et l'épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong>s amours d ? Alphée<br />
ut d'Aréthuse est agréable f et bien adapté au sujet.<br />
Ccst un progrès que Fauteur avait fait, car dans<br />
ses pvenùers opéras tes amours épisodiques sont<br />
froids et <strong>de</strong> mauvais goût.<br />
le Trtompàê<strong>de</strong>FJmûwtiÊkTempie <strong>de</strong> h Paix<br />
sont <strong>de</strong>s ballets pour <strong>la</strong> cour, <strong>de</strong>s fêtes <strong>du</strong> moment,<br />
qu'il ne faut pas compter parmi les ouvrages faits<br />
pour rester. Le premier fut représenté à Saiet-Germain<br />
en Laye; et <strong>la</strong> famille royale y dansa t ainsi<br />
que toute <strong>la</strong> eourf avec les acteurs <strong>de</strong> l'Opéra v sous<br />
le costume <strong>de</strong> différents personnages <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fable.<br />
Le p<strong>la</strong>n <strong>du</strong> ballet était disposé <strong>de</strong> manière qu'on<br />
adfûsait aux princes, au dames, aux grands seigneurs,<br />
<strong>de</strong>s compliments eu sers» C'était bien <strong>du</strong><br />
mon<strong>de</strong> à louery et <strong>la</strong> louange t quand i y a ooneur-<br />
reste©, est délicate à ibtnbuer. On ne peut pas assurer<br />
que tout le inon<strong>de</strong> fut content; mais ce qui<br />
est sir, c'est que le poète se tira fort bien it nette<br />
dépense d'esprit, qui ordinairement ne vaut pas ce<br />
qu'elle coûte. Dans Perses et dans Pkoétm, ne il a<br />
répan<strong>du</strong> plus que partout ailleurs les bril<strong>la</strong>ntes dépouilles<br />
d'Ovi<strong>de</strong> et les nserwïlîes <strong>de</strong> ses Métamorphoses,<br />
il a mis moins d'intérêt que dans <strong>la</strong> plupart<br />
<strong>de</strong> ses autres poèmes ; mais on trouve dans Persée<br />
un morceau fameux, qui, avec celui que j'ai rapporté<br />
<strong>de</strong> Proserpîne, est ce qu'il y a dans Qmnault<br />
<strong>de</strong> plus fortement écrit. C'est ce monologue <strong>de</strong><br />
Mé<strong>du</strong>se:<br />
FA per<strong>du</strong> <strong>la</strong> beauté qui me KDdtt il vaine;<br />
Je n'sl plus ces chevet» si beaux<br />
Dont autrefois le dieu <strong>de</strong>s eau<br />
Smtii lier mm cœur d'une si douœ chaîne.<br />
Fallu, <strong>la</strong> barbare Palias,<br />
Fut jalouse <strong>de</strong> mes appas f<br />
Et me rendit affreuse autant que j'étais belle;<br />
Mais fessés étonnant <strong>de</strong> Sa difformité<br />
JMmi me punit sa cruauté<br />
Fera connaître f eo dépit d'elle,<br />
Quel fot l'exoèi <strong>de</strong> ma beauté.<br />
Je se pals trop <strong>mont</strong>rer sa venge»» cruel* :<br />
Ma tête est 1ère aoeor d'avoir pour ornement<br />
Des serpents dont le sifflement<br />
Eidfe une frayeur mortelle,<br />
le porte t'épouvante et <strong>la</strong> mort es tout lieux ;<br />
Tout se change en rocher à mon aspect horrible :<br />
Les traits que Jupiter <strong>la</strong>nce <strong>du</strong> haut <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
N'ont rien <strong>de</strong> si terrible<br />
Qu'un regard <strong>de</strong> mes yeux.<br />
Les plus grands dieux <strong>du</strong> ciel, <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre et <strong>de</strong> Fon<strong>de</strong>,<br />
Du soin <strong>de</strong> se venger se reposent sur moi :<br />
81 je perds <strong>la</strong> douceur d'être l'amour <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>,<br />
Tal le p<strong>la</strong>isir- nouveau d'en <strong>de</strong>venir reffroL<br />
II y a pourtant <strong>de</strong>s fautes dans ces vers, et II faut<br />
les marquer arec d'autant plus <strong>de</strong> soin, qu'elles sont<br />
entourées <strong>de</strong> boutés. Je n'aime point, je l'avoue,<br />
que les cheveux <strong>de</strong> Mé<strong>du</strong>se soient une douce chaîne<br />
dont k eœwr <strong>de</strong> Neptune a été M. C'est un abus <strong>de</strong><br />
mots; on ne lie point un cœur avec dès cheveux;<br />
et ce jeu d'esprit, qui pourrait passer dans un madrigal<br />
, n'est point <strong>du</strong> ton sévère <strong>de</strong> ce magnifique<br />
morceau, <strong>la</strong> Mffbrmîlê dont on punit <strong>la</strong> cruauté *<br />
est une faute <strong>de</strong> français. Heureusement le sens est<br />
c<strong>la</strong>ir; mais être puni d'une difformité signifie être<br />
puni ^être difforme 9 et non pas en <strong>de</strong>venant difforme.<br />
On dit bien ptmi <strong>de</strong> mort; mais on se dirait<br />
pas <strong>la</strong> mort dont vou$ m'avez puni, pour signifier<br />
<strong>la</strong> mort qtdaétéma punition.. Tout le reste <strong>de</strong> ce<br />
monologue est comparable pour l'énergie, <strong>la</strong> noblesse<br />
, le nombre f <strong>la</strong> marche poétique y aui endroits<br />
les mieux écrits <strong>de</strong>s Cantates <strong>de</strong> Rousseau ; et <strong>la</strong> critique<br />
grammaticale que j'en ai faite me donne<br />
* Qulstult ne dit pas qu'on ptritt te craaaté; il fuit ilre à<br />
Mé<strong>du</strong>se qm lt erwmU û§ Paitm <strong>la</strong> purit tfaa exeès <strong>de</strong> difformité.