la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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SIÈCLE m LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />
fmmak JMI eopëmr ^admiration. Cependant les<br />
reflétions <strong>du</strong> tra<strong>du</strong>cteur <strong>de</strong> Juvénal ne portent que<br />
sur les satires <strong>de</strong> Boiieau, daos lesquelles il désirerait<br />
f avec raison, un fond plus moral. D'ailleurs, H<br />
reconnaît en loi l'homme fait pour apprécier tes<br />
ouvrages, et gui<strong>de</strong>r les auteurs; ce qui est directement<br />
le contraire <strong>de</strong>s opinions <strong>de</strong> fauteur <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
i£ttre : et bien loin <strong>de</strong> refuser à Boiieau «on admir<br />
rmiîim, voici comme il <strong>la</strong>it :<br />
* lefpectMM <strong>la</strong> mémoire <strong>de</strong> m feeaeei critique : s'il est<br />
contraint <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r à set <strong>de</strong>vanciers <strong>la</strong> palme <strong>de</strong> b satire,<br />
ils oe seweleet lui rien epposer <strong>de</strong> plus parfit que l'Art<br />
poétique et te lui tin* *<br />
L'anonyme appelle aussi M. <strong>de</strong> Condoreet à son<br />
se<strong>cours</strong> f et cite son éloge <strong>de</strong> C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Perrault. Ouïrez<br />
cet éloge, et vous y Terrez qu'en blâmant <strong>la</strong><br />
satire, en blâmant le poète <strong>de</strong> n'avoir pas ren<strong>du</strong><br />
justice à l'architecte, il n'attaque en rien le mérite<br />
littéraire <strong>de</strong> Despréaw, ni les serfices qu'il a ren<strong>du</strong>s<br />
tut lettres, et qu'il eiplique comment C<strong>la</strong>u<strong>de</strong><br />
Perrault n'était pas plus juste envers'Boiieau que<br />
Boiieau envers lui ; par <strong>la</strong> différence <strong>de</strong>s objets qui<br />
les occupaient. Son résultat est dans cette phrase :<br />
« Boleoa, qui est en grand poète pour les gens <strong>de</strong> goâ 1<br />
et les amateurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie 9 n'est presque qu'un versificateur<br />
pour eetm fui m mmt qm pMim&pkm* »<br />
N'est-ce pas dire c<strong>la</strong>irement que ceux qui ne sont<br />
qm philosophes ne sont pas juges compétents <strong>du</strong><br />
mérite d'un poète?<br />
J'ai exposé en commençant cette analyse, l'avis<br />
<strong>de</strong> M. Mar<strong>mont</strong>el : quant à M. l'abbé Delille, pour<br />
nous prouter que Boiieau n'ajawmiê pu eaptimr<br />
son admiraMm, Ton nous renToie à une satire sur<br />
le luie9 où il dit que Cotin a été quelquefois Immolé<br />
à <strong>la</strong> rime. On sent combien cette preuve est<br />
concluante. Mais Fauteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lettre, Idèle à ses<br />
petites ruses <strong>de</strong> guerre, se gar<strong>de</strong> bien <strong>de</strong> citer les<br />
<strong>de</strong>us fers tels qu'ils sont :<br />
Mais <strong>la</strong>tan là Cotte, misérable Ytettme t<br />
Immolée au le» §pét, quelquefois à <strong>la</strong> rime.<br />
On a conservé l'hémistiche quelquefois à h rime,<br />
mais on a soigneusement supprimé immolée au bon<br />
goût, et il <strong>de</strong>vient évi<strong>de</strong>nt, <strong>du</strong> moins pour Fauteur<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Lettre, que celui qui s'est permis cette légère<br />
p<strong>la</strong>isanterie ne peut pas admirer Boiieau. Nous<br />
savons que l'anonyme ne raisonne jamais autrement;<br />
mais csui qui connaissent le tra<strong>du</strong>cteur <strong>de</strong>s<br />
Géorjgiques sa?eut qu'il n*y a point d f 121<br />
cier n'admire point <strong>du</strong> tout Boiieau; et si FOR<br />
nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pourquoi, nous dirons <strong>de</strong> notre eêté :<br />
Pourquoi ce même IL Mercier méprise-t-il soute*<br />
raineraent Racine, qu'il appelle un froid petit èelesprUt<br />
Pourquoi a-t-il si peu d'estime pour Molière<br />
qui n'a déchiffré que quelques pages <strong>du</strong> grand<br />
Mmre <strong>de</strong> l'homme, et qui ne s'est jamais élevé jusqu'au<br />
dramet Pourquoi nous învite-t-H à brûler<br />
notre théâtre? eîc* etc* Nos pourquoi ne finiraient<br />
jamais. Ainsi nous répondrons à Fanonyme que,<br />
si Boiieau, Racine et Molière n'ont jamais pu capttoer<br />
^admiration <strong>de</strong> M. Mercierf c'est un malheur<br />
dont on peut croire qu'ils auraient <strong>la</strong> forée <strong>de</strong> se<br />
consoler.<br />
J'ai Uni <strong>la</strong> tâche que j'avais entreprise, et j'ose<br />
croire qu'elle n'a pu paraître inutile ni dép<strong>la</strong>cée. S'il<br />
n'entre pas dans le p<strong>la</strong>n que je me suis proposé, <strong>de</strong><br />
parler <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>ctions <strong>du</strong> talent <strong>de</strong>s auteurs vivants,<br />
c'en est une partie nécessaire <strong>de</strong> discuter leors opinions.<br />
Je f al déjà <strong>la</strong>it plus d'une fois, et je compte le<br />
faire encore ; car on n'établit les vérités qu'en détruisant<br />
les erreurs, et ces vérités sortent plus c<strong>la</strong>ires<br />
et plus bril<strong>la</strong>ntes <strong>du</strong> choc <strong>de</strong> <strong>la</strong> discussion. U est à<br />
propos d'ailleurs <strong>de</strong> réprimer <strong>de</strong> temps en temps<br />
les scandales littéraires. Un homme qui juge Despréaui<br />
avec le ton d'un maître, et 1© déchire avec<br />
<strong>la</strong> foreur d'un ennemi; qui traite comme <strong>de</strong> petits<br />
esprits, comme <strong>de</strong>s gens à préjugés imbéciles, ceux<br />
qui honorent Fauteur <strong>de</strong> l'Art poétique, un tel<br />
homme insulte tout une nation éc<strong>la</strong>irée : et j'ai<br />
f eogé <strong>la</strong> cause <strong>de</strong> tous les Français raisonnables, *<br />
en vengeant celle <strong>de</strong> Despréaux. J'ai confon<strong>du</strong> <strong>la</strong><br />
mauvaise foi, en Élisant voir que celui qui osait attribuer<br />
ses propres opinions à nos plus illustres<br />
littérateurs, avait calomnié leur justice, en mémo<br />
temps qu'il calomniait le talent <strong>de</strong> Boiieau. Cetta<br />
brochure forcenée n'est que Feiplosion <strong>de</strong> <strong>la</strong> haine<br />
secrète d'une'troupe <strong>de</strong> révoltés, qui ne détestent<br />
dans Boiieau que l'autorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> raison. Jamais il<br />
n'eut plus d'ennemis qu'aujourd'hui, parce qu'il n'en<br />
peut avoir d'autres que ceux <strong>du</strong> bon goût, et que<br />
leur audace s'est accrue avec leur nombre ; l'expérience<br />
atteste le mal qu'ils peuvent faire. Les Romains<br />
autrefois, dans les temps <strong>de</strong> ca<strong>la</strong>mités publiques<br />
, faisaient <strong>de</strong>scendre <strong>du</strong> Capitole et tiraient<br />
<strong>du</strong> fond <strong>de</strong> leurs temples les statues <strong>de</strong>s dieu* tuté<strong>la</strong>ires,<br />
que l'on portait en pompe par <strong>la</strong> ville, à <strong>la</strong><br />
vue <strong>de</strong>s citoyens qu'elles rassuraient. S'il est per<br />
auteur dans mis, suivant l'eipression d'un ancien, <strong>de</strong> comparer<br />
notre <strong>la</strong>ngue qu'il ait plus étudié que Boileao, ni <strong>de</strong> moindres choses, à <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong>s, les lettres<br />
dont U estime davantage <strong>la</strong> versilcatlon. ont aussi leurs jours <strong>de</strong> ca<strong>la</strong>mité; et quand l'image<br />
11 ne reste donc plus que M. Mercier : pour ce révérée <strong>de</strong> Despréaui rient <strong>de</strong> paraître dans m Ly<br />
coup Fanonyme a raison. 11 est itéré que M. Mer- cée, où nous appelons avec lui tous les dieu <strong>de</strong>s<br />
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