la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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-S9) %<br />
(MJËS DE LltrÉMTUlB.<br />
Sénèque met en'controverse est là en agiles : Socrate<br />
va mourir dans quelques heures 9 et parle <strong>du</strong><br />
mépris <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort. Cherchez dans ce dialogue 9 cherchez<br />
dans VJpotogie <strong>de</strong> Socrate quelque chose qui<br />
ressemble au faste Insensé <strong>de</strong> Sénèque, soit dans<br />
les morceaux que je Tiens <strong>de</strong> citer, soit dans mille<br />
autres <strong>du</strong> même goût. On voit que lime <strong>de</strong> Socrate<br />
est calme f parce que sou <strong>la</strong>ngage est simple ; on voit<br />
qu'il est persuadé, parce qu'il n'affecte et n'exagère<br />
rien. Ses idées sont conséquentes, et ses sentiments<br />
élevés; et Tue prouve <strong>la</strong> tranquillité <strong>de</strong> l'esprit,<br />
l'autre <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> fflme, mais cette gran<strong>de</strong>ur<br />
traie, qui est <strong>de</strong> principe et d'habitu<strong>de</strong>, qui n'a d'effort<br />
à faire sur rien, parce qu'il y a longtemps qu'elle<br />
est préparée à tout et décidée sur tout. Je conçois<br />
donc très-bien que le Phéd&m soit <strong>de</strong>puis si longtemps<br />
l'objet d'une admiration unanime : c'est là,<br />
chez les anciens 9 ce qu'il faut lire pour voir ce que<br />
peut être l'homme aux prises avec <strong>la</strong> mort, sans<br />
autre se<strong>cours</strong> que sa propre force. Mais Sénèque !...<br />
On en dira ce qu'on voudra, mais avec lui je suis'toujours<br />
dans une école; je rois toujours un <strong>de</strong> ces anciens<br />
$®pkisêesf <strong>de</strong> ces anciens éêe<strong>la</strong>maîmrs qui<br />
s'eierçaient à étonner leur auditoire : c'était <strong>la</strong><br />
profession <strong>de</strong> Sénèque le père, dont n'a point dégénéré<br />
Sénèque le ils.<br />
1 A <strong>la</strong> marche naturelle, facile et décente <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton<br />
et <strong>de</strong> Cicéron, comparez celle <strong>de</strong> Sénèque : c'est<br />
un homme sur <strong>de</strong>s éebaases. Au premier aspect, il<br />
paraît haut; mais toisez-le, et TOUS voyez qu'il vacille,<br />
parce qu'il n'a qu'une base factice : tous ses<br />
mouvements sont forcés et désagréables, et il tombe<br />
souvent. Sénèque a beau exagérer l'expression <strong>du</strong><br />
dédais quand il me parle <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort, comment pourrait-il<br />
me donner une force que je vois qu'il n'a pas ?<br />
11 en parle trop pour <strong>la</strong> mépriser tant; ce qu'on ne<br />
peut pas dire <strong>de</strong> Cicéron, qui n'a traité ce point <strong>de</strong><br />
morale qu'à sa p<strong>la</strong>ce, au premier livre <strong>de</strong>s Tmcukrnes,<br />
et qui'n'y est guère revenu. Sénèque le rebat<br />
sans cesse, et partout, et à tout propos, toujours<br />
<strong>du</strong> même ton. Les mouvements <strong>de</strong> son style sont<br />
les mêmes : <strong>de</strong>s saillies, <strong>de</strong>s brava<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s abus <strong>de</strong><br />
mots. Il a l'air <strong>de</strong> chercher querelle à <strong>la</strong> mort, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
morguer comme un ennemi qu'on défie <strong>de</strong> loin; il<br />
s'escrimeen l'air. Ses apologistes vont se récrier : —<br />
Comment 1 est-ce qu'il n'a pas su mourir? — C'est<br />
ce que nous verrons tout à l'heure : continuons à<br />
voir comment il a su écrire.<br />
Ce n'est pas ma faute si vous n'avez pu trouver<br />
rien <strong>de</strong> fort remarquable dans les-pensées que Bî<strong>de</strong>-<br />
1 ¥oyct cMeestii f à Putlele QuintUim, ee cffili dit <strong>de</strong> ers<br />
déel&wmlemn, et <strong>de</strong>s mmmmm étu<strong>de</strong>s d§ kJetwesie, qui se<br />
gâtait ïVspril dans kmr éeok.<br />
lut lui-même a cru <strong>de</strong>voir extraire» Je pourraii en»<br />
eere es rapporter une d'après lui :<br />
« La gloire suit <strong>la</strong> verte , comme l'ombre suit le eorpt. »<br />
Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong>* si cette pensée n'est pas charmante .<br />
c'est mon avis; mais il aurait dû ajouter qu'elle est<br />
mot à mot <strong>de</strong> Cicéron ; et ce<strong>la</strong> m'avertit <strong>de</strong> vous en<br />
citer quelques autres <strong>de</strong> lui.<br />
« Qi'j a-Ml <strong>de</strong> grand dans les chutes ti«iitàieat pour<br />
l'homme qui a ridée <strong>de</strong> l'infini f »<br />
« Tontes qni est penikiêiix dans ses progrès «al vi<strong>de</strong>ni<br />
dans sa naissance. »<br />
« Ca<strong>la</strong>i qui chercha <strong>de</strong> <strong>la</strong> mesure dans le vice ressemble<br />
à ce homme qui , se précipitant <strong>de</strong>s sommets <strong>de</strong> Lenemte ,<br />
voudrait se tenir en l'air. »<br />
« La nature n'a pis étéasset rajuste enfers nous pour<br />
nous donner tant <strong>de</strong> remè<strong>de</strong>s pour te corps, «t aie» pour<br />
famé : .cet f «H» même a été <strong>la</strong> mieux traitée ; car 1er remè<strong>de</strong>s<br />
pour le corps M viennent <strong>de</strong> <strong>de</strong>horsf tertemè<strong>de</strong>s pour<br />
l'âme sont en elle. «<br />
jyose croire que ce sont là <strong>de</strong>s vérités plua iéfl6ehfps,<br />
plus éten<strong>du</strong>es et mieux exprimées que celles<br />
<strong>de</strong> Sénèque. Venons à celles qui sont vicieuses, ou<br />
comme fausses v ou comme vagues, ou comme contradictoires,<br />
etc. Elles sont sans nombre, et il y a<br />
<strong>de</strong> quoi choisir. Mais il est juste <strong>de</strong> commencer par<br />
celles qui font dire à Di<strong>de</strong>rot :<br />
« Malheur à celui que quelques-nues <strong>de</strong> ces pensées fia<br />
je jette an hasard, à mesura epe <strong>la</strong> lecture <strong>du</strong> phUosoptie<br />
Ne vous effrayez pas trop <strong>de</strong> ce foudroyant anatliètxra<br />
<strong>de</strong> Di<strong>de</strong>rot : c'est chez lui, et chez beaucoup<br />
d'autres écrivains <strong>de</strong> <strong>la</strong> même c<strong>la</strong>sse, une formule<br />
parasite. Eien <strong>de</strong> plus fréquent chez eui que <strong>la</strong> malédiction<br />
; si tous ©eux qu'ils ont solennellement maudits,<br />
au propre ou au igsré, avaient dû s'en ressentir,<br />
je ne sais ce que le mon<strong>de</strong> serait <strong>de</strong>venu. Bous<br />
ne pouvons pas trop nous plonger ici dam <strong>la</strong> midiêaêkm,<br />
nous sommes en trop bonne compagnie,<br />
mais il ne faut pas médiier beaucoup pour ce que<br />
nous avons à discuter. .<br />
* Le tyran vous fera con<strong>du</strong>ire... Où? Où vous ailés. »<br />
Il veut dire à <strong>la</strong> mort ; car c'est encore là que nous<br />
en sommes. Ce<strong>la</strong> est faux, et très-faux <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux manières.<br />
Je vote à <strong>la</strong> mort, il est vrai, mais non pas<br />
au supplice. Je vais et je puis aller fort longtemps<br />
à <strong>la</strong> mort, qui est peut-être fort loin ; mais le tyran<br />
me fera con<strong>du</strong>ire au supplice qui est là <strong>de</strong>vant moi.<br />
Prétendre me faire accroire que c'est <strong>la</strong> même chose,<br />
ce n'est ni m'instruira ni m 9 encouragêr; c'est se<br />
moquer <strong>de</strong> moi : c'est me prendre pour un imbécile<br />
, et non pas me rendre plus ferme. Il n'est pis<br />
permis à un philosophe d'ignorer <strong>de</strong>ux choses également<br />
certaines : l'une, que le passage prochain