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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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986<br />

C0IJ1S DE UTTEHAXURE.<br />

craindre nf kgïaife, ni k chute <strong>de</strong>s ptarrêsfnl kièrre?<br />

Croj«-moi, <strong>la</strong> foudre est le pins éc<strong>la</strong>tant, mate «MI îa<br />

plus grand <strong>de</strong>s périls. Vous seres donc Mes eaallieareai ^<br />

si k célérité <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort fous en dérobe le sentiment? »<br />

H n'y a jusqu'ici <strong>de</strong> raisonnable que cette <strong>de</strong>rnière<br />

pensée, qui est si commune. Mais compter pour<br />

rien un danger présent 9 parce qu'il y en a beaucoup<br />

d'autres plus ou moins éloignés f est <strong>de</strong> <strong>la</strong> logique<br />

ordinaire <strong>de</strong> Fauteur. Ce qui suit est vraiment*<br />

bouffés : je déle qu'on puisse le qualifier autrement.<br />

« Yousseres donc tien mairAiretii s si votre trépas est<br />

eipié * , si même» en périssant, ?oos n'êtes pas initie ma<br />

man<strong>de</strong>, et lui donnes le présage <strong>de</strong> quelque grand événement?»<br />

Il finirait être bien difficile pour ne pas prendre<br />

cette conso<strong>la</strong>tion pur bonne, et bien incré<strong>du</strong>le,<br />

pour ne pas être aussi superstitieui que le philosophe<br />

Sénèque, qui prend <strong>de</strong> si bonne foi <strong>la</strong> foudre<br />

pour un présage*.<br />

« Tous voilà bien infortuné d'être mmtël avec <strong>la</strong> foudre<br />

!... Vous trouvei donc pies béas <strong>de</strong> mourir <strong>de</strong> peur que<br />

par <strong>la</strong> fondre ? Ansea-veus plutôt <strong>de</strong> murage contre les<br />

menaces <strong>du</strong> ciel : et quand fous Terres le mon<strong>de</strong> embrasé<br />

<strong>de</strong> toiles partss senpex qm vous n'êtes pas saies important*<br />

pour périr par d f aiissi grands aa«pf ou si vêtu<br />

eroyes que c'est par vous que le ciel est en désordre, que<br />

les tempêtes s'excitent, que les nuages s'accouraient et<br />

s'en trechoqnent , qae les feux brillent et éc<strong>la</strong>tent 9 n'etf-ce<br />

pm une mnmiaUen pour mus, que mtre mort mériiê<br />

tmd ce fracas ? »<br />

Ah! il n'y a ps moyen <strong>de</strong> s'y refuser : ce<strong>la</strong> est<br />

si persuasifs... Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si Gros-René, expliquant<br />

dans Molière <strong>la</strong> philosophie a?as eousim JrU~<br />

Me, est plus p<strong>la</strong>isant et plus gai. Nos très-sérieux<br />

ad?ersaires ne manqueront pas <strong>de</strong> s'indigner qu'on<br />

traite Sénèque <strong>de</strong> bouffon; mais ils se gar<strong>de</strong>ront<br />

bien <strong>de</strong> dire à quel propos, ou <strong>de</strong> transcrire ce<br />

que je cite : ils seraient trop sûrs <strong>de</strong>s éc<strong>la</strong>ts <strong>de</strong> rire<br />

<strong>du</strong> lecteur. Ce moyen <strong>de</strong> eomo<strong>la</strong>tim lui paraît si<br />

puissant (à Sénèque s'entend, et non,ps au lecteur),<br />

qu'il y revient encore sur les trembleipents<br />

<strong>de</strong> terre : il y déploie toutes les voiles <strong>de</strong> sa rhétorique<br />

; et il faut au moins voir quelque chose <strong>de</strong> ce<br />

morceau pour rire encore, mais non fîaj tout 9 car<br />

1 Parce qs'oii faisait les eaBi3ft#a*Éaai 1M ileai où était<br />

tombée là fondre, ae qm le tra<strong>du</strong>cteur serait dû indiquer<br />

iaaa M werstoo, pour éviter ï s équt¥©qae <strong>du</strong> mot expié.<br />

* Di<strong>de</strong>rot a f e»t pis ©et mcré<strong>du</strong>le-là ; car II dit très sérieusement<br />

dams §aa oommeiitatra ; PmrqmipmP Et II iadina*<br />

ta rafseias qu'on pourrait en donner.<br />

1 ISïS îxetifs et les cfeetam , que te tonnerre frappe si soa-<br />

vert iaas <strong>la</strong>s campagnes, sont doue <strong>de</strong>s êtres Mes foiaortemts?<br />

^<br />

Sénèque lui-même ne nous afturife pas à épuiser<br />

comme lui lo ridicule :<br />

« Ces gran<strong>de</strong>s révolutions", 'bien lotit sis ses» mmfcrner<br />

plus qs'one mort ordinaire, <strong>de</strong>vraient as esatreire<br />

nom mwrgweMiir; et, pilsepll est nécessaire <strong>de</strong> sertir<br />

<strong>de</strong> k via, paisajali font un jour vendre l'âme, ii est pim<br />

beau «te périr par <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> mw§em. »<br />

Comment ne s'est-os pas avisé <strong>de</strong> lire ce chapitra<br />

<strong>de</strong> Sénèque sur les raines <strong>de</strong> Lisbonne abîmée, nia<br />

â'morgwdUir m qui restait d'habitants, assem peu<br />

philosophes pour être consterne*? C'est qu'on n'a<br />

pas assez lu Sénèque. Mais <strong>de</strong>puis qu'il est tra<strong>du</strong>it<br />

et commenté, il faut espérer-qu'en pareille occasion<br />

l'on n'y manquera pas.<br />

« Careaia 1 faat mourir, qnriqse part que casait t en<br />

quelque temps que casait »<br />

(A ce<strong>la</strong> il n'y a rien à répondre.)<br />

' « £hl que m'importe qu'on jette <strong>la</strong> terre sur moiy oit<br />

qu'elle s*j jette eUe-mêmef... El<strong>la</strong> m'emporte dans un<br />

•Mme immense : eh bien ! <strong>la</strong> mort est-elle plus douce à sa<br />

surface ? Qu'aie à me p<strong>la</strong>indre, si k nature ne veut déposer<br />

mon cadavre qm cuis un Heu célèbre par quelque catastrophe,<br />

si elle me couvre d'une partie d f eDMnême? »<br />

(A ptaèidrel il y aurait <strong>de</strong> l'humeur, i présent<br />

que nous savons qu'il n'y a que <strong>de</strong> quoi **at#rgwmr.)<br />

« C'est âne grands consoimilm , en mourant 9 <strong>de</strong> sa?olr<br />

que <strong>la</strong> terre eUe-même est mortelle. »<br />

( Gran<strong>de</strong> assurément ; qui s'avisera d'en douter ? )<br />

« Craiaifaaje <strong>de</strong> périr, quand k terre périt aaaa moi,<br />

quand œ globe qui me/mit arsasôler tremble lui-même,<br />

et ne parvient à ma <strong>de</strong>struction que par k sienne propre ?...<br />

1 font mourir : k mort est k loi <strong>de</strong>k nature : k mort est<br />

te tribut et le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong>s mortels : k mort est le remè<strong>de</strong> à<br />

tous les main, etc.»<br />

Ce<strong>la</strong> est convaincant Vous voyez que c'est d'après<br />

Sénèque qu'un <strong>de</strong> nos auteurs a dit si heureusement<br />

:<br />

Mourir n'est rien; c'est notre <strong>de</strong>rnière heure.<br />

Yous royes aussi, par ces <strong>de</strong>rnières phrases sur -<br />

<strong>la</strong> mort, que9 quand Sénèque répète sa pensée,<br />

c'est toujours cmee <strong>de</strong>s nuances dêOeates, et que<br />

c'est ainsi, comme l'assure Di<strong>de</strong>rot, qu*MftMè<br />

chaque ii§m k charme <strong>de</strong> tkomme <strong>de</strong> g&mt et k<br />

désespoir eu Èmêuetem. Tous ?oyez etifa que Di<strong>de</strong>rot,<br />

en avouant qu'il y a <strong>de</strong>s pointe! dans Sénèque,<br />

a raison d'assurer qu'il n'y en a jamais dans<br />

les endroits où le style doit s 9 éle?er mm le sojet<br />

En effet, qui oserait dire que te globe, qwi irewtèk<br />

qmand il wmfmU tremèkr, et <strong>la</strong> terre qui se jette<br />

eUe-même sur moi mu iiem d'être jetée sur wmi; et<br />

.qui eMmwêeWê qwmdje meurs, ete., sont autant

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