la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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ANCIENS. — ÉLOQUENCE.<br />
dais le sein <strong>de</strong> cette même académie f f amis relevé<br />
les abus <strong>de</strong> sou institution. Ces faits sont publics,<br />
et ils déposeront, au besoin, <strong>de</strong> l'invariable égalité<br />
<strong>de</strong> mes principes; mais aujourd'hui qu'il n'y a plus<br />
d'Académie , j'ai aïs cru ne pas <strong>de</strong>? ©if même prononcer<br />
un nom qui avait été longtemps un titre <strong>de</strong><br />
proscription, et qui est encore un texte d'injures<br />
pour <strong>de</strong>s aboyeurs forcenés f qui ne <strong>la</strong> nomment jamais<br />
qu'avec une horreur stupi<strong>de</strong> ou un mépris fort<br />
ridicule. Je ne psserai pas nton temp à les réfuter<br />
; mais j'observerai seulement, comme une vérité<br />
générale, dont on profitera si on veut 9 que, si<br />
<strong>la</strong> nature <strong>du</strong> gouvernement conseille ou même prescrit<br />
l'abolition <strong>de</strong>s sociétés littéraires dont les formes<br />
ne paraissent plus convenables, quoique le fond<br />
n'en soit pas vicieux, on n'est pas obligé <strong>de</strong> fouler<br />
aux pieds ce qu'on a cru <strong>de</strong>voir abattre ; que l f -équité;<br />
<strong>la</strong> première <strong>de</strong>s lois 9 défend d'oublier et <strong>de</strong> méconnaître<br />
ce qui a été utile dans un temps, et a cessé<br />
<strong>de</strong>l'être ; qu'on ne détruit pas le mérite en l'oubliant,<br />
et qu'on n'étouffe pas <strong>la</strong> vérité en <strong>la</strong> forçant au silence;<br />
car l'oppression est; passagère, et <strong>la</strong> vérité<br />
éternelle. L'histoire ira plus loin sans doute, quand<br />
elle peindra <strong>de</strong> sa main indépendante et incorruptible<br />
ce qu'ont été, sous tous les rapports, et spécialement<br />
sons celui <strong>du</strong> patriotisme, les gens <strong>de</strong><br />
lettres <strong>de</strong> l'Académie, et leurs calomniateurs et<br />
leurs assassina ; mais ici j'en ai lit assex, et m n'est<br />
ps <strong>de</strong>vant vous qu'il est besoin <strong>de</strong> p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>r <strong>la</strong> cause<br />
<strong>de</strong>s talents et <strong>du</strong> génie.<br />
Quant à ce qu'ajoutait mon collègue f <strong>de</strong> Thomas<br />
en particulier, qu'en réc<strong>la</strong>mant lesdroits <strong>de</strong> l'homme<br />
il avait prié comme <strong>du</strong> haut d'une tribune; ce qui<br />
pourrait se dire <strong>de</strong> même <strong>de</strong> Rousseau et <strong>de</strong> Raynal,<br />
<strong>de</strong> l'un quand il n'est ps sophiste, <strong>de</strong> l'autre<br />
quand I n'est pas déc<strong>la</strong>mateur; et ce qu'on pourrait<br />
dire êneore <strong>de</strong> plusieurs écrivains <strong>de</strong> nos jours,<br />
éloquemment patriotes J'observerai que leur compositioh<br />
9 modiiée et limitée par <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s objets<br />
qu'ils ont traités, était plutôt celle <strong>de</strong> moralistes<br />
éloquents que <strong>de</strong> véritables orateurs, si nous ne<br />
donnons ce titre, avec les anciens, qu'à cens qui se<br />
signalent dans <strong>la</strong> lice bril<strong>la</strong>nte et périlleuse <strong>de</strong>s délibérations<br />
et <strong>de</strong>s jugements publics ; qui soutiennent<br />
<strong>de</strong>s combats corps à corp 9 et, après avoir terrassé<br />
leurs adversaires, entraînent les hommes ras*<br />
semblés à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> leurs triomphes.<br />
Un autre objet m'a paru aussi mériter quelque<br />
attention, c'est celui où nous sommes restés à <strong>la</strong><br />
fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> séance 9 et qui regardait le règne <strong>de</strong> l'érudition.<br />
Mon collègue a préten<strong>du</strong> qu'il avait plus<br />
contribué à étouffer le génie qu'à le développer.<br />
Cette opinion paraît p<strong>la</strong>usible à quelques égards :<br />
Î97<br />
il est sûr que <strong>la</strong> culture assi<strong>du</strong>e <strong>de</strong>s <strong>la</strong>ngues grecque<br />
et <strong>la</strong>tine a dû con<strong>du</strong>ire à une sorte <strong>de</strong> prédi*<br />
lection pour ces mêmes <strong>la</strong>ngues; et le <strong>la</strong>tin en<br />
prticulier <strong>de</strong>vint celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s écrivains<br />
<strong>de</strong> l'Europe 9 Allemands, Français, Espagnols,<br />
tous écrivirent en <strong>la</strong>tin. Mon collègue a cru y voir<br />
une <strong>de</strong>s. causes principales qui ont retardé les progrès<br />
<strong>du</strong> génie ; j'avoue que cette opinion n'est pas<br />
<strong>la</strong> mienne, Voici les objections que je vou<strong>la</strong>is lui<br />
faire, que <strong>la</strong> réflexion n'a fait que contrôler, et<br />
dont vous jugerez D'abord il y a un <strong>la</strong>it remarquable,<br />
c'est que le Dante, Boccace et Pétrarque,<br />
ceux qui, parmi les Italiens, donnèrent les premiers<br />
l'essor à leur talent, dans leur propre <strong>la</strong>ngue,<br />
avaient beaucoup écrit en <strong>la</strong>tin; et c'est<br />
même en <strong>la</strong>tin que Pétrarque a composé le plus<br />
grand nombre <strong>de</strong> ses écrits. H est' donc à présumer<br />
que l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>la</strong>ngues anciennes, bien loin<br />
d'étouffer leur talent, n'a servi qu'à le développer.<br />
On sait qu'ils iorissaient tous trois au quatonièmesièele,<br />
au temp <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> Constantiiiople*,<br />
lorsque tout ce qui restait <strong>de</strong>s lettres anciennes<br />
reiui'vers l'Italie, Pétrarque fut même un <strong>de</strong>s<br />
mo<strong>de</strong>rnes qui s'occupa le plus <strong>la</strong>borieusement <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> recherche <strong>de</strong>s anciens manuscrits, et à qui l'on<br />
eut en ce genre le plus d'obligation. Maintenant,<br />
si Bembo, Sadolet, Satwaiar, Ange-Politien, Postant»,<br />
et autres, ne lurent guère que <strong>de</strong>s humanistes<br />
<strong>la</strong>tins, et s'ils n'ont eu <strong>de</strong> réputation qu'à<br />
ce titre, n'est-il pas extrêmement probable qne le<br />
génie a manqué à leur science 9 puisque avec les mêmes<br />
moyens que le Dante, Boccace et Pétrarque,<br />
ils n'ont pas eu les mêmes succès ? On en put dire<br />
autant <strong>de</strong> Muret ? notre plus fameux <strong>la</strong>tiniste, et <strong>de</strong><br />
ceux qui Font suivi.<br />
Si nous passons aux Ang<strong>la</strong>is, les querelles <strong>de</strong> religion<br />
et les troubles politiques praitront avoir retardé<br />
chez eux <strong>la</strong> <strong>littérature</strong> et <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, sans qu'on<br />
puisse s'en prendre à <strong>la</strong> culture <strong>de</strong>s <strong>la</strong>ngues anciennes,<br />
qui n'a fleuri chei eux qu'au moment où <strong>la</strong><br />
génie national prenait l'essor; et ce génie même ne<br />
s'est poli que par un commerce pins habituel avec<br />
les anciens et avec nous 9 au temps <strong>de</strong> Charles II.<br />
Chez les Espagnols, Lopei <strong>de</strong> ¥ega, Cervantes,<br />
ce <strong>de</strong>rnier surtout, n'étaient rien moins qu'étrangers<br />
à l'érudition.<br />
Pour ce qui regar<strong>de</strong> les Allemands, une disposition<br />
d'esprit particulière, qui les attache exclusivement<br />
aux sciences, a dû les détourner longtemp<br />
<strong>de</strong>s. lettres et <strong>de</strong>s arts <strong>de</strong> l'imagination; et <strong>de</strong>puis<br />
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