la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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moins <strong>la</strong> poésie est sans reproche : mais <strong>la</strong> raison<br />
{mit-elle approuver-que Fou ne mette aucune difiérenée<br />
entre Alexandre et Atti<strong>la</strong>! Est-il possible,<br />
quand on a lu l'histoire avec quelque attention, <strong>de</strong><br />
les regar<strong>de</strong>r au même œil ? Le poète 9 quand il veut<br />
être moraliste f n'est-il pas obligé d'être juste et raisonnable?<br />
Certes, l'ambition d'Alexandre n'est pas<br />
un modèle <strong>de</strong> sagesse; mais on a déjà observé que<br />
jamais conquérant n'eut <strong>de</strong>s motifs plus légitimes,<br />
et n'osa <strong>de</strong> sa fortune arec pins <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur. ToJth<br />
kmre dam AUMa un dé?astatenr qui ne conquérait<br />
que pour détruire, qui <strong>de</strong>puis les Palus-Méoti<strong>de</strong>s<br />
jusqu'aux Alpes marcha sur <strong>de</strong>s ruines, dans <strong>de</strong>s<br />
torrents <strong>de</strong> sang, et à <strong>la</strong> lueur <strong>de</strong>s tilles incendiées ;<br />
in aventurier insolent, qui tramait <strong>de</strong>s rois à sa<br />
suite pour en faire les jouets <strong>de</strong> sa férocité brutale :<br />
un homme qui se fait gloire <strong>du</strong> titre <strong>de</strong>/Mon <strong>de</strong> Dieu<br />
doit être l'horreur <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>. Mais f admire dans<br />
le jeune Alexandre un guerrier qui, chargé à vingt<br />
ans <strong>de</strong> <strong>la</strong> juste vengeance <strong>de</strong>s Grées, si souvent en<br />
proie aux invasions <strong>de</strong>s Perses /traverse en triomphateur<br />
l'empire <strong>du</strong> grand roi, d^uts IMlespont<br />
jusqu'à iln<strong>du</strong>s ; renverse tout ee qui veut l'arrêter,<br />
et pardonne à tout ee qui se soumet ; ne doit ses vic-<br />
. foires qu'à une fermeté d'âme qui résiste à l'ivresse<br />
<strong>du</strong> succès s comme elle <strong>la</strong>it tête aux dangers ; entretient<br />
<strong>la</strong> discipline dans une armée riche <strong>de</strong>s dépouilles<br />
<strong>du</strong> mon<strong>de</strong>; respecte, dans l'âge <strong>de</strong>s passions, les<br />
plus Mies femmes <strong>de</strong> l'Asie, ses captives, et se fait<br />
chérir <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille <strong>du</strong> monarque vaincu, au point<br />
docteur coâter <strong>de</strong>s <strong>la</strong>rmes à sa mort, 'fadmire un<br />
vainqueur qui joint les vues <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique à <strong>la</strong> rapidité<br />
<strong>de</strong>s conquêtes, fon<strong>de</strong> <strong>de</strong> tous côtés <strong>de</strong>s villes<br />
florissantes, établit partout <strong>de</strong>s communications et<br />
<strong>de</strong>s barrières, aperçoit vers les bond» <strong>du</strong> Nil <strong>la</strong><br />
p<strong>la</strong>ee.'que <strong>la</strong> nature avait marquée pour être le centre<br />
<strong>du</strong> commerce <strong>de</strong>s trois parties <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>, ouvre dans<br />
Alexandrie une source <strong>de</strong> richesses dont tant <strong>de</strong> siècles<br />
n'ont pu tarir le <strong>cours</strong>, et qu'aujourd'hui même<br />
<strong>la</strong> barbarie ottomane n'a pu fermer entièrement.<br />
Aussi le nom d'Alexandre, que tant <strong>de</strong> monuments<br />
ont consacré, est-il en vénération dans toute l'Asie.<br />
Et qu'est-il resté d'Atti<strong>la</strong>, qui n'est connu que dans<br />
notre Europe? Rien que le nom d'un brigand fameux.<br />
Je suis fiché qu'Alexandre f qui fut tel que je<br />
tiens <strong>de</strong> le peindre, <strong>du</strong> moins jusqu'au moment où<br />
1 orgueil <strong>de</strong> <strong>la</strong> prospérité régira, ait été si mal avec<br />
nos poètes, que Boileau l'ait voulu mettre aux Petites-Maisons,<br />
et que Rousseau le confon<strong>de</strong> avec<br />
Atti<strong>la</strong>.<br />
Rousseau, pour rabaisser Alexandre, a re<strong>cours</strong><br />
| une supposition qui ne signiie rien :<br />
COURS DE LITTÉRATURE.<br />
•CM» , €fi« qui M gmrtttre anâase<br />
Tient Meuble toutes les ¥ertus ,<br />
Coneevei Soorate à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce<br />
Bu 1er nMnrMcr <strong>de</strong> CIMas :<br />
Vous fertei us roi respectable,<br />
Humain, généreux, équitable t<br />
Us roi êlgméêwmautels;<br />
Mais, à k p<strong>la</strong>ce 4e Socrate,<br />
Le fameux vainqueur <strong>de</strong> FEephrate<br />
Sera le <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>s mortels, •<br />
Mais d'abord faut-il mettre un homme hors <strong>de</strong><br />
sa p<strong>la</strong>ce pour le bien juger? Fal<strong>la</strong>it-il que Turenne<br />
et X3ond4, pour être grands, se trouvassent à <strong>la</strong><br />
piaee <strong>du</strong> chancelier <strong>de</strong> FHospital ou <strong>du</strong> philosophe<br />
Charron? Est-il bien frai d'aillée» qu'Alexandre,<br />
à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Soorate, eût été le <strong>de</strong>mkr dm mortels f<br />
Rien n'a tant illustré Socrate que sa mort : est-il<br />
bien sûr qu'Alenndro n'eût pas su mourir comme<br />
lui? Socrate prêchait <strong>la</strong> morale : Aleiandre n'en at-fl<br />
pas quelquefois donné les plus beaux exemples?<br />
11 est même très-difficile <strong>de</strong> <strong>de</strong>viner te sens <strong>de</strong> l'hypothèse<br />
<strong>de</strong> Rousseau. Cmucewez Jkxandre à lopkm<br />
<strong>de</strong> Socrak : mais comment? Est-oe Alexandre avec<br />
son caractère, transporté dans telle ou telle dreosstanee<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> Socrate? Est-ce Alexandre chargé<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>stinée entière <strong>de</strong> Socrate, et obligé <strong>de</strong> n'être<br />
que philosophe? Eh bien! Alexandre, conservant<br />
son caractère, aurait voulu être le premier <strong>de</strong>s philosophes<br />
, comme il a voulu être le premier <strong>de</strong>s rois.<br />
Pourquoi aurait-Il été k <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>s wwrtd$*ï<br />
Mais je veut que dans les a<strong>la</strong>niet<br />
Rési<strong>de</strong> le soli<strong>de</strong> honneur :<br />
Quel vainqueur ne doit qu'à ses armes<br />
Ses triomphes il soi bonheur f<br />
Tel qu'on nous vante dans PMiMte<br />
Doit peufr-ttra toute sa gloire<br />
A <strong>la</strong> honte <strong>de</strong> son rival :<br />
Ukmpêtkmm IndoeUe<br />
Du compagnon <strong>de</strong> Pant-£mHe<br />
Fit tout le snoces d'Aonlbal.<br />
Que veut dire k sdi<strong>de</strong> tmmmsr qui réiMe ému<br />
ks ahmmf Ce n'est pas là exprimer sa pensée.<br />
Celle <strong>de</strong> Rousseau était sûrement, « Je veux que<br />
Phonoeur consiste à braver les dangers, à triompher<br />
dans un champ <strong>de</strong> bataille; » mais il ne Fa pas<br />
ren<strong>du</strong>e. Il n'est pas ici plus juste pour Annibal que<br />
pour Alexandre : il n'est pas vrai qu'Annibaï dôme<br />
touêe m ghke à <strong>la</strong> kmte <strong>de</strong> Vairon. Il profita <strong>de</strong><br />
ses fautes s et c'est une partie <strong>du</strong> talent militaire ;<br />
mais Fabius, qui n'en commit point> n'eut auom<br />
avantage sur lui, et il battit Mareellus, qui en savait<br />
plus que Yarron. Seke ans <strong>de</strong> séjour dans un<br />
pays ennemi, oè ÎJ tirait presque toutes ses ressources<br />
<strong>de</strong> lui-même, et le seul projet <strong>de</strong> sa marche ver»<br />
1 Italie, <strong>de</strong>puis Sagonte jusqu'à Romef à travers<br />
• Montalgae avait dit (*iw»f, III9H) : « iê mmmy tFsee_<br />
m m sccrates, le ne puis. » loussean étagère cette pensée.