la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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connut parmi nous, et pi <strong>la</strong>i Irent donner pr<br />
l'antiquité le titre <strong>de</strong> Prince dmpMhwpkes. C'est<br />
là que son excellente métho<strong>de</strong> loi sert à c<strong>la</strong>sser, à<br />
iéinir, à spécifier les choses, et qu'il s'est garanti<br />
<strong>de</strong> l'abus <strong>de</strong>s abstractions 9 qui, en d'autres genres,<br />
l'a mmwmî égaré. Quand il parle d'éloquence, <strong>de</strong><br />
poésie, <strong>de</strong> mœurs, <strong>de</strong> goufernement, il considère<br />
sans cesse <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> l'homme telle qu'elle est; il<br />
s'appuie <strong>de</strong> l'expérience, et c'est ce qui le mène à<br />
ies résultats judicieux et féconds. Il ne bâtit pas<br />
en l'air, comme P<strong>la</strong>ton a bâti sa Mépubi§qwf fui<br />
est restée oà elle défait rester, dans ses livres; mais<br />
il démêle a?ee beaucoup <strong>de</strong> sagacité les causes <strong>de</strong><br />
Tordre et <strong>du</strong> désordre dans les différentes sortes <strong>de</strong><br />
f ou?eroements* Aussi a-t-U été étudié par tous les<br />
bons publidstes, qui en ont prolté plus que <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton,<br />
dont on n'a pu-recueillir que <strong>de</strong>s idées partielles<br />
et <strong>de</strong>s vérités détachées, qui ne sont jamais<br />
é'un aussi grand usage que les théories générales,<br />
quand celles-ci sont bien conçues.<br />
Mais aussi, en métaphysique et en morale, aucun<br />
<strong>de</strong>s anciens ne s'est élevé aussi haut que P<strong>la</strong>ton.<br />
L'on ne peut douter qui! n'ait dû à Secrète s<br />
son mettre, <strong>la</strong> gloire d'avoir donné le premier à <strong>la</strong><br />
morale k seule base soli<strong>de</strong> qu'elle puisse a?oir, l'unité<br />
<strong>de</strong> Dieu, l'immortalité <strong>de</strong> l'âme, et les peines<br />
et les récompenses dans une autre fie. C'est ordinairement<br />
Seerate qui, dans les Dialogues <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton<br />
, développe ces dogmes fondamentaux ; et, quoiqu'il<br />
ne paraisse ps avoir rien écrit, si ce s'est<br />
quelques lettres 1 , on sait, par le témoignage <strong>de</strong><br />
toute Fantiquité Y que ces dogmes étaient les siens,<br />
ceux qu'il enseignait publiquement; et c'est surtout<br />
par les écrits <strong>du</strong> disciple que nous est connue <strong>la</strong> sagesse<br />
<strong>du</strong> maitre. Mais on ne peut guère penser que<br />
ce soit Socrate qui ait fourni à P<strong>la</strong>ton ses idées sur<br />
<strong>la</strong> nature <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> et sur l'espèce d'hiérarchie qu'il<br />
a établie entre les êtres divers qui le gouvernent ou<br />
qui l'habitent : il paraît, au contraire, que toute<br />
cette philosophie; purement conjecturale, n'a jamais<br />
été <strong>du</strong> goût <strong>de</strong> Seerate, qui n'approuvait pas que<br />
Ton s'égarât dans ces spécu<strong>la</strong>tions ambitieuses sur<br />
<strong>de</strong>s objets dont l'homme ne peut jamais savoir que<br />
ce qull aura plu.à Dieu <strong>de</strong> lui-apprendre. Aussi<br />
n'est-ce pas Socrate, mais ïimée <strong>de</strong> Loeres % qui<br />
1 H s'amusa aussi, dans les <strong>de</strong>miet» jours <strong>de</strong> tu fis, à<br />
mettre m wm tes fables d'Ésope.<br />
* Ce Tlméef disciple <strong>de</strong> Pythagore, était eertaSnement an-<br />
. térkijf à Socrate, et P<strong>la</strong>ton m a fait le principal personnage<br />
<strong>du</strong> dialogue dont nous allons bientôt rendre compte, et qu'il se<br />
faut pas confondre mm un outrage particulier, intitulé Bê<strong>la</strong><br />
tmimrt et êe terne <strong>du</strong> Momie, qui ne fut publié que dans<br />
le second siècle <strong>de</strong> notre èr@t sons le son <strong>de</strong> ce Tlmée <strong>de</strong><br />
lucres. Ce petit traité eonUeat à peu près SsjiJ^sf é» que<br />
Ton toit dans P<strong>la</strong>ton ; et Ton a. era d'abord atPtf était lie ce<br />
ANCIENS. PHILOSOPHIE. S41<br />
porte <strong>la</strong> parole dans le dialogue intitulé <strong>de</strong> son nom ;<br />
et l'on peut d'ailleurs conjecturer que, quand P<strong>la</strong>ton<br />
a mis dans <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong> Socrate <strong>de</strong>s idées <strong>du</strong><br />
même genre, c'est d'abord pour s'appuyer <strong>de</strong> l'autorité<br />
d'un homme reconnu dans <strong>la</strong> Grèce pour le<br />
plus sage <strong>de</strong>s hommes, ensuite pour se mettre à<br />
couvert lui-même sous <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong> d'un nom <strong>de</strong>venu<br />
plus respectable,, <strong>de</strong>puis que le repentir <strong>de</strong>s<br />
Athéniens avait consacré sa mémoire pour réparer<br />
l'injustice <strong>de</strong> sa condamnation 1 Nous apprenons<br />
même d'un ancien que, Socrate, ayant enten<strong>du</strong> <strong>la</strong><br />
lecture <strong>du</strong> dialogue intitulé Lysls, l'un <strong>de</strong>s ouvrages<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton, et où celui-ci lé fait<br />
parler wr k§ muses d'amour et d'amiUi entré tes<br />
hommes s il s'écria : Que <strong>de</strong> beiks choses méfait<br />
dire ce jeune kûmmêf mm quejamaisfy aie pensé!<br />
Si P<strong>la</strong>ton risqua ce genre <strong>de</strong> supposition <strong>du</strong> vivant<br />
même <strong>de</strong> Socrate, il est extrêmement vraisemb<strong>la</strong>ble<br />
qu'il n'eut pas plus <strong>de</strong> scrupule après sa mort,<br />
surtout quand il traita <strong>de</strong>s matières qui n'étaient<br />
pas saea danger chez un peuple aussi ombrageux que<br />
celui d'Athènes sur tout ce qui touchait à <strong>la</strong> religion,<br />
comme on le voit par plus d'un exemple avant et<br />
après P<strong>la</strong>ton.<br />
C'est par lui que je commencerai cet exposé sueda'et<br />
<strong>de</strong> ce que nous pouvons recueillir <strong>de</strong> plus profitable<br />
<strong>de</strong> ta philosophie <strong>de</strong>s anciens sous un double<br />
aspect, celui <strong>de</strong>s choses où ils se sont le plps ap- ,<br />
-proches <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité par les lumières naturelles, et<br />
celui <strong>de</strong>s erreurs les plus remarquables où les a fait<br />
tomber l'inévitable imperfection <strong>de</strong> ces mêmes lumières.<br />
C'est le seul ordre que je crois <strong>de</strong>voir suivre<br />
dans ce précis, <strong>de</strong>stiné seulement à donner <strong>de</strong>s<br />
notions c<strong>la</strong>ires, et, si je le puis, utiles à ceux qui<br />
n'iront pas s'enfoncer dans <strong>la</strong>- lecture d'une quantité<br />
d'auteurs tant anciens que mo<strong>de</strong>rnes; qui suppose<br />
beaucoup <strong>de</strong> curiosité, d'étu<strong>de</strong>et <strong>de</strong> loisir sans beau- '<br />
coup d'utilité. Ensuite viendront Plutarque, Cicéron<br />
etSénèque, qui contiennent, avec P<strong>la</strong>ton,<br />
tout le fond <strong>de</strong> <strong>la</strong> philosophie <strong>de</strong>s Grées ; car celle<br />
<strong>de</strong>s Latins est tout entière d'emprunt. D'ailleurs,<br />
ces quatre philosophes sont aussi <strong>de</strong>s écrivains<br />
renommés ; et pr là ils appartiennent plus partieu-<br />
Ttmée que P<strong>la</strong>ton avait emprunté sa cosmogonie» ma!» Il a<br />
para <strong>de</strong>puis beaucoup pioi probable que ce traité est l'ouvrage<br />
<strong>de</strong> quelque p<strong>la</strong>tonicien dn second siècle, qui crat fortifier les<br />
idées <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton par une plus gran<strong>de</strong> antiquité % c'est l'opinion<br />
<strong>de</strong>s meilleurs critiques. On ne peut douter, M est vrai, d'après<br />
le témoignage <strong>de</strong> Piutarque, qui cite ce limée f qull n'y<br />
ait eu quelque rapport entre sa philosophie et celle <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton ;<br />
niais si cette <strong>de</strong>rnière n'eût été qu'on 'p<strong>la</strong>giat, et n'eût pas<br />
appartenu au disciple <strong>de</strong> Socrate, on ne lui en aurait pas fait<br />
honneur dans Ions les siècles, et cette espèce.*<strong>de</strong> vol lut eût<br />
été reprochée par les critiques anciens, très-curieux <strong>de</strong> ces<br />
sortes <strong>de</strong> découvertes; et l'école <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton se serait appelée<br />
celle <strong>de</strong> Tlmée.