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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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COUtS DE UTTÊEATU1E.<br />

absolument le même abus <strong>de</strong> l'analyse métaphysique<br />

que Ton trouve dans les mêmes ternies es vingt<br />

cie?rages <strong>de</strong> ce siècle. Plotarque, indigné qu'on §e<br />

servît si insidieusement d'une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> philosophie<br />

pour détruire l'autre, et qu'on abusât à et<br />

point <strong>de</strong> <strong>la</strong> métaphysique pur saper <strong>la</strong> morale,<br />

se contenta <strong>de</strong> lui répliquer, sans raisonner davantage<br />

: Et moi, je vois fort Mm que v&m ne mmprme*<br />

peu fnàm<strong>la</strong> Mffermée qu'il peut y qwrir è<br />

éire né d'une'femme m d'urne cMmne. Cet homme,<br />

an reste, était philosophe comme il était frère.<br />

Un <strong>de</strong> ses écrits le plus spirituel et le plus piquant,<br />

c'est celui Sur ks BmUUmrdi* Jamais ce vice<br />

<strong>de</strong> l'esprit n'a été mieux combattu f et c'est là surtout<br />

que Ton s'aperçoit que les poètes comiques<br />

pourraient aussi lire Plotarque a?ec fruit; car ce<br />

h'est ps te seul endroit où il soit pittoresque et<br />

dramatique, à <strong>la</strong> façon <strong>de</strong> notre <strong>la</strong> Bruyère. 11 a<br />

saisi toutes les habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s babil<strong>la</strong>rds, et les<br />

peint a?ec une vivacité <strong>de</strong> couleur qui ferait croire<br />

que sa sagesse avait rencontré en son chemin cette<br />

espèce <strong>de</strong> folie, et en avait été heurtée, f eus concevez<br />

que parmi les babil<strong>la</strong>rds il comprend, comme<br />

<strong>de</strong> fsle%a? les nouvellistes, car fini ne va pas sans<br />

l'autre; et tout nouvelliste est babil<strong>la</strong>rd, comme<br />

tout babil<strong>la</strong>rd est nouvelliste. Plutarque, pur caractériser<br />

cette passion (car c'en est une)9 rappris<br />

<strong>de</strong>ux aventures trè^-avérées, qui en marquent si bien<br />

h force impérieuse, et qui sont par elles-mêmes<br />

si amusantes, que sans doute vous ne me saurez<br />

pas mauvais gré <strong>de</strong> les repro<strong>du</strong>ire ici. Voici d'abord<br />

<strong>la</strong> plus gaie; je <strong>la</strong> raconterai dans les termes<br />

<strong>de</strong> fauteur :<br />

<strong>du</strong>Pyrie, et eiiacim» occupé <strong>de</strong>s stais» «art pour es<br />

savoir <strong>de</strong>s nouvelles. La p<strong>la</strong>ce est MentOt déserte, et le<br />

malheureux barbier y reste seul sur <strong>la</strong> rose; 1 y reste<br />

jusqu'au soir : enfin pourtant le bourreau vient te délier.<br />

Mais <strong>de</strong>vines quelle fot sa première parole pendant qu'on<br />

le déliait? Bt Nicku, sait-on mmmmê il a péri? C'est<br />

ainsi qu'il était corrigé, tant le babi <strong>du</strong> nouvelliste est<br />

une ma<strong>la</strong>die incurable. »<br />

L'autre aventure est plus sérieuse : 1e dénoâment<br />

en est très-moral $ et peut se joindre à tant d'exemples<br />

<strong>du</strong> même genre, qui prouvent que <strong>la</strong> Provi<strong>de</strong>nce<br />

se sert <strong>de</strong>s moyens les plus inatten<strong>du</strong>s pur con<strong>du</strong>ire<br />

les criminels à se trahir eux-mêmes et à détenir les<br />

instruments <strong>de</strong> leur perte.<br />

« A Lacédémone. on trouva un jour que te temple <strong>de</strong><br />

Pe<strong>la</strong>s venait d'être pillé f et que les voleurs y avaient<br />

<strong>la</strong>issé une iieateiie récemment vidée. On s'assemble sur<br />

te lies» et Ton s'épuise en conjectures sur cette bouteille.<br />

Si vous le muiez* dit un <strong>de</strong> ceux qui étaient présents,<br />

je vous dirai Mm, moi, ce que jepmm. Je ereU qm<br />

I« sacrilèges n'ont osé s'exposer 4 un ai §rmé pérU<br />

qu'après avoir, à tout événement, avalé <strong>de</strong> <strong>la</strong> eèqué,<br />

§i qm%is misppwié êmwim^m mkâmÊmi éê maiê,<br />

dans k cmoé ils owrmêmê fait leur wup mm éùre<br />

mu. ÂUmdm que le vin esl un antidote eonire <strong>la</strong> cigué,<br />

et m déêrmit l'qffèt» m lta t qms'ik atmiêmi été<br />

pris , to ctyué aurait agi assez à temps pour ks déroba'<br />

aux tortures et au suppliée. Cette explication punit<br />

trop ingénieuse pour n'être qu'une conjecture, et Ton<br />

conclut que celui qui venait <strong>de</strong> parler n'avait rien <strong>de</strong>viné f<br />

mais savait tout. Chacun l'interroge : Qui es-tu? d'oà<br />

Mens*lu œ que tu viens <strong>de</strong> dire?et <strong>de</strong> qui es4m connu<br />

ici ? On le presse, et il finit par avouer qu'il est un <strong>de</strong>s<br />

auteurs <strong>de</strong> ce vol sacrilège. »<br />

Ainsi k tentation <strong>de</strong> parier et <strong>de</strong> <strong>mont</strong>rer <strong>de</strong> l'es­<br />

« Les barbiers sont Fêspèce <strong>la</strong> plis bavar<strong>de</strong> <strong>de</strong> toutes ;<br />

prit le con<strong>du</strong>isit au supplice.<br />

cerniiie les plus grands bâtards affluent ches eux, et y Au reste, personne n'ignore que les écrits <strong>de</strong><br />

tiennent leurs séances, il faut que les barbiers le défies- Plutarque sont un magasin d'histoires, <strong>de</strong> contes<br />

neuf par imitation et par tiaMta<strong>de</strong>. lierai ârchéliis ayant et d'apologues, où tout le mon<strong>de</strong> s'est approvi­<br />

en besoin d'un barbier, celui-ci, en lui arrangeant <strong>la</strong> sersionné; et <strong>la</strong> Fontaine, en autres, en a tiré plu*<br />

viette su cou, lui <strong>de</strong>manda comment il vou<strong>la</strong>it ôtre rasé : sieurs <strong>de</strong> ses fables.<br />

Sans rien dire, répondit le prime. Ce fut aussi un bar- Après avoir donné <strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong> <strong>la</strong> démanhier<br />

qui répandit le premier dans Athènes <strong>la</strong> nouvelle <strong>de</strong> h geaison <strong>de</strong> parler, il en donne aussi <strong>de</strong> l'exactitu<strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong> défaite <strong>de</strong> Nletas en Sicile» H <strong>la</strong> tenait d'un esc<strong>la</strong>ve<br />

à se taire. Le plus singulier est celui d'un esc<strong>la</strong>ve<br />

débarqué au Pyrée avec quelques autres fugitifs. Mon<br />

fioieiîia quitte aussitôt sa boutique, et court à toutes<br />

qui sut le porter jusqu'à confondre son maître ? et<br />

Jambes à <strong>la</strong> file pour ne pas <strong>la</strong>isser à un autre llionneur tourner contre lui ses ordres, d'une manière trèa^<br />

<strong>de</strong> lui enlever <strong>la</strong> nouvelle. Gran<strong>de</strong> rumeur : on's'assemble piquante.<br />

dans <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce, et le peuple veut savoir quel est fauteur « Le rhéteur Pisne, ne pouvant souffrir d'être Iiter»<br />

|*iia brait <strong>de</strong> cette nature. On traîne dans rassemblée rompu dans ses pensées , avait défen<strong>du</strong> I ses esc<strong>la</strong>ves <strong>de</strong><br />

noire barbier, qui ne peut pas même dire <strong>de</strong> qui Tenait lui parler jamais sans être interrogés. Quelque temps après,<br />

tes rapport ; car il se s'était pas donné le temps <strong>de</strong> s'infor­ Il fait apprêter un festin gpkndi<strong>de</strong> pour traiter un <strong>de</strong> ses<br />

mer <strong>du</strong> nom <strong>de</strong> l'esc<strong>la</strong>ve. Le peuple irrité s'écrie : Cest nne amis, Clodius, qui venait d'être nommé à use magistra­<br />

invention <strong>de</strong> ce misérable. Quel autre que lui a enten<strong>du</strong> ture, et U l'envoie prier à souper. A l'heure marquée, les<br />

rien <strong>de</strong> semb<strong>la</strong>ble? Qu'on k mette à <strong>la</strong> question. On autres convives arrivent tous, et Clodiiis seul se fait at­<br />

l'attache aussitôt sur un© roue; mais en ce même moment tendre. Pison envoie coup sur coup au-<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> lui pour<br />

le fait se confirmait <strong>de</strong> tous côtés par ceui qui armaient voir s'il venait, et le faire bâter. Cependant l'heure se

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