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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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Aicms. — POÉSIE.<br />

fiait défendre ta ptltf^Iie, et Méaéias f fui prendle<br />

parti <strong>de</strong> sa Elle Hermioiie. Les brava<strong>de</strong>s <strong>du</strong> vieil<strong>la</strong>rd<br />

<strong>de</strong>vant us guerrier, ses insultes, ses menaces,<br />

se contiennent ni à son âge ni aui circonstances.<br />

Son <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong>vrait être celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> modération t<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> sagesse, <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensibilité paternelle, et ce<br />

long conflit d'injures réciproques qui ne pro<strong>du</strong>isent<br />

rien ne peut jamais être théâtral. Ce qui ne f est<br />

pas plus 9 c'est <strong>de</strong> changer tout à coup <strong>la</strong> situation<br />

<strong>de</strong>s personnages sans qu'on aperçoive aucune cause<br />

<strong>de</strong> ce changement, aussi subit qu'invraisemb<strong>la</strong>ble.<br />

Après qu'on a été occupé pendant trois actes <strong>du</strong><br />

péril d'Andromaque et <strong>de</strong> son ûis, qui est-ce qui<br />

peut s'attendre qu'au quatrième, il s'en soit plus<br />

question, et qu'on voie paraître cette même Hermione,<br />

tout à l'heure si 1ère et si menaçante,<br />

maintenant saisie <strong>de</strong> frayeur f désespérée, s'arraehant<br />

les cheveux, et déchirant ses vêtements?<br />

Pourquoi? parce qu'elle craint que Pyrrhus, à son<br />

retour, ne veuille <strong>la</strong> punir <strong>de</strong> tout le mal qu'elle a<br />

voulu fiiire. Mais il n'est point question <strong>du</strong> retour<br />

<strong>de</strong> son époux, et il n'y a nulle raison pour que<br />

celle crainte ne l'occupât pas auparavant. Ce n'est<br />

pas ainsi que le spectateur veut être mené, et ces<br />

secousses en sens contraire sont l'opposé <strong>de</strong> Fart<br />

dramatique f qui veut surtout que Ton aille toujours<br />

ai but proposé. Tout à l'heure on craignait pour<br />

Àndromaquê ; à présent c'est Hermione qui veut<br />

m tuer, qui ne parle que <strong>de</strong> fer et <strong>de</strong> poison, sais<br />

f qui ne s'apaise qu'à l'arrivée d'Oreste, qui n'est<br />

121<br />

que imaginé? Sur quel théâtre aujourd'hui tolérerait-on<br />

cette con<strong>du</strong>ite d'Hermione? El quand on<br />

songe qu'elle n'est jus même punie à <strong>la</strong> fin do <strong>la</strong><br />

pièce, eonçoït-on que Brtunoy compte parmi les<br />

avantages <strong>du</strong> théâtre grec celui d'être plus moral<br />

que le nôtre?<br />

lu cinquième acte, un envoyé <strong>de</strong> Delphes vient<br />

apprendre à Pelée qu'Oreste a tué Pyrrhus; et,<br />

après un long narré, Ton apporte le corps <strong>de</strong> ce<br />

prince. Remarques que, <strong>de</strong> l'aveu même <strong>de</strong> Brumoy,<br />

<strong>la</strong> vraisemb<strong>la</strong>nce est violée au point qu'Oreste<br />

n'a pas même pu avoir le temps d'aller à Delphes.<br />

U ne manque plus que <strong>de</strong> voir arriver Thétis pour<br />

consoler Pelée. Et toute cette multiplicité <strong>de</strong> machines<br />

merveilleuses et inutiles, toutes ces fautes<br />

contre l'unité d'action, <strong>de</strong> temps et <strong>de</strong> lieu, contre<br />

les règles <strong>de</strong> <strong>la</strong> décence, <strong>de</strong> <strong>la</strong> morale et <strong>du</strong> bon<br />

sens, sembleraient presque inconcevables chez un<br />

auteur qui a su, dans d'autres pièces, parvenir aux<br />

plus grands effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie, si l'histoire <strong>de</strong><br />

notre théâtre ne nous offrait pas <strong>de</strong>s contradictions<br />

à peu près semb<strong>la</strong>bles, et si l'on ne se souvenait pas<br />

qu'il est beaucoup plus facile <strong>de</strong> connaître les règles<br />

que <strong>de</strong> les observer.<br />

Le fond <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie eF^ta Je n'est pas aussi<br />

vicieux, et même il semble que, <strong>du</strong> côté moral,<br />

cette pièce est comme l'antidote <strong>de</strong> <strong>la</strong> précé<strong>de</strong>nte;<br />

car l'héroïne est un modèle <strong>de</strong> <strong>la</strong> tendresse conjugale,<br />

comme Hermione en est un <strong>de</strong> perversité. On as­<br />

sure que Racine trouvait ce sujet très-heureux, et<br />

pas plus préparée que tout ce qui précè<strong>de</strong>. C'est en­ qu'il aurait même été tenté <strong>de</strong> le traiter, s'il avait<br />

core use faute très-grave que d'amener au quatriè­ cm voir <strong>la</strong> possibilité d'un dénouaient qui pût conme<br />

acte un personnage qui n'a pas même été venir à notre scène* On ne peut pas calculer ce que<br />

nommé jusque-là, qui ne tient nullement à Faction 9 pouvait faire un homme aussi profond dans son art<br />

et qui vient en commencer une nouvelle. Oreste est que Fauteur i'JéàmMe ; mais ce qu'on put assurer,<br />

amoureux d'Hermione; mais cet amour, comme c'est que jamais il n'aurait eu à vaincre <strong>de</strong> plus gran­<br />

nous Tavons déjà vu dans quelques autres pièces <strong>de</strong>s difficultés. U y a sans doute <strong>de</strong> l'intérêt dans le<br />

grecques, n'est qu'un <strong>la</strong>it énoncé, et non pas une sacrifice héroïque d'Alceste ; mais il n'offre qu'une<br />

passion développée. Oreste veut profiter <strong>de</strong> l'ab- seule et même situation. U n'y a <strong>de</strong> ressource, <strong>du</strong><br />

seace <strong>de</strong> Pyrrhus pour enlever Hermione. Cette moins pour nous, que <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser ignorer à Admète<br />

princesse, enchantée <strong>de</strong> trouver un défenseur, se <strong>la</strong> généreuse résolution <strong>de</strong> sa femme : dès qu'il en<br />

jette à ses pieds ; ce qui, dans les circonstances est instruit, <strong>la</strong> pièce doit toucher à sa in, parce<br />

données, est contraire à toutes les bienséances. Le qu'un pareil combat ne peut pas <strong>du</strong>rer longtemps.<br />

péril n'est pas assez pressant, à beaucoup près, 11 est possible pourtant que celui qui avait su tirer<br />

pour §»1 lui soit permis d'oublier à ce point sa cinq actes <strong>de</strong>s adieux <strong>de</strong> Titus et <strong>de</strong> Bérénice fit m<br />

dignité, ion <strong>de</strong>voir, et son sexe. Oreste se charge aussi heureux et aussi habile dans Akeste; mais<br />

<strong>de</strong> h défendre ; elle promet <strong>de</strong> le suivre partout. comment finir cette pièce par <strong>de</strong>s moyens naturels ?<br />

I lui a déc<strong>la</strong>ré sans détour qu'il va chercher Pyr­ Yoilà probablement ce qui Fa détourné <strong>de</strong> l'entrerhus<br />

à Delphes, et que son <strong>de</strong>ssein est <strong>de</strong> l'assasprendre, et ce qui a renvoyé ce sujet à l'opéra. Ce n'est<br />

siner; et l'épouse <strong>de</strong> Pyrrhus gar<strong>de</strong> le silence, et pas que plusieurs écrivains ne l'aient essayé au théâ­<br />

sort avec celui qui va tmt son mari. Comment extre français. Lagraoge, entre autres, n'a pas été si<br />

cuser cette vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> fous les <strong>de</strong>voirs, qui n'est embarrassé que Racine. 11 a fait ramener Alessie<strong>de</strong>s<br />

fondée que sur un danger incertain, éloigné, pres-enfers<br />

par Hercule, qui est amoureux d'elle; mus

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