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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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Et Jamais dans La** un Me le ravisseur<br />

Me Tint-il enlever ou ma femme ou ma sœur?<br />

Qu'al-Je à me p<strong>la</strong>indra? eiï aoat <strong>la</strong> pertes que J'ai <strong>la</strong>ttes ?<br />

Je n'y vais que pour vous , barbare que vous êtes !<br />

Ci qui distingue ce râle admirable, c'est que l'amour,<br />

qui affaiblit ordinairement l'héroïsme, lui<br />

donne ici un nouveau ressort. II semble qu'il n'y<br />

ait rien à répondre lorsque Achille dit à Iphigénle :<br />

Quoi ! madame t un barbare osera mlnsnlfer !<br />

Il ¥olt que <strong>de</strong> sa acmr je «M» venger l'outrage ;<br />

Il sali que, le premier, lui douaneI mon suffrage,<br />

le 1e is nommer chef <strong>de</strong> vingt rois ses rivaux;<br />

Et, pour fruit <strong>de</strong> mes soins f pour fruit <strong>de</strong> mes travaux,<br />

Pour tout le prix «aie d'une Illustre victoire<br />

Qui le doit enrichir, venger, combler <strong>de</strong> gloire,<br />

Content et glorieux <strong>du</strong> liom <strong>de</strong> votre époux,<br />

le M lui <strong>de</strong>mandait que l'honneur d'être à voua.<br />

Cependant aujourd'hui t sanguinaire, parjurey<br />

C'est peu <strong>de</strong> violer l'amitié, <strong>la</strong> nature;<br />

C'est peu que <strong>de</strong> vouloir, sous un couteau mortel,<br />

Me <strong>mont</strong>rer votre eeeiie fumant sur un autel ;<br />

D'un appareil d'hymen couvrant ce sacrifice,<br />

Il veut que ce soit mol qui vous mène au supplice ;<br />

Que ma cré<strong>du</strong>le main con<strong>du</strong>ise le couteau ;<br />

Qu'au Heu <strong>de</strong> votre époux, Je sols votre bourreau !<br />

Et quel était pour vous ce sang<strong>la</strong>nt byménée,<br />

SI je lusse arrivé plus tard cf une Journée ?<br />

Quoi donc ! à leur fureur livrée en ce moment,<br />

Vous irlei à faute! me chercher vainement;<br />

Et d'un fer imprévu vous toeebeciei frappée,<br />

En accusant mon nom qui vous aurait trompée !<br />

U faut <strong>de</strong> ce péril, <strong>de</strong> celle trahison, '<br />

aux yeux <strong>de</strong> tous les Grecs lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r raison.<br />

A l'honneur d'un époux vous-même iûléressée,<br />

Madame, vous <strong>de</strong>vez approuver ma pensée ;<br />

Il faut que le cruel qui m'a pu mépriser,<br />

Apprenne <strong>de</strong> quel nom 11 osait abuser.<br />

Il ne s'indigne pas moins <strong>de</strong> .<strong>la</strong> soumission d'ipfaigénie<br />

que <strong>de</strong> <strong>la</strong> cruauté <strong>de</strong> son père ;<br />

Eh bien ! n'en parions plot. Obéissez cruelle,<br />

Et cherche! une mort qui vous semble si belle ;<br />

Portez à votre père un cœur où J'entrevol<br />

Moins <strong>de</strong> respect pour lui que <strong>de</strong> haine pour mol.<br />

Une Juste fureur s'empare <strong>de</strong> mon âme :<br />

Yous allez à l'autel, et mol J'y <strong>cours</strong>, madame.<br />

SI <strong>de</strong> sang et <strong>de</strong> morts le ciel est affamé,<br />

Jamais <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> sang ses autels n'ont fumé :<br />

â mon aveugle amour tout sera légitime;<br />

Le prêtre <strong>de</strong>viendra ma première victime;<br />

Le bûcher, par mes mains détruit et renversé,<br />

Dans le sang <strong>de</strong>s bourreaux nagera dispersé ;<br />

Et si, dans les horreurs <strong>de</strong> ce désordre extrême,<br />

Voire père frappé tombe et périt lui-même,<br />

Alors <strong>de</strong> vos respects voyant les tristes fruits,<br />

Eeecriailssci les coup que vous aura con<strong>du</strong>its.<br />

Je le répète : que Ton compare à ces emportements<br />

si naturels, si intéressants, si bien fondés,<br />

le sang-froid <strong>de</strong> l'Achille d'Euripi<strong>de</strong> 9 et qu'on déci<strong>de</strong><br />

lequel <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux rêks est le plus tragique et le<br />

plus théâtral<br />

Mais le <strong>de</strong>rnier coup <strong>de</strong> pinceau est dans le cinquième<br />

acte, quand le poëte représente tous les<br />

Grecs armés contre Iphigésle.<br />

Be ce spectacle affreux votre fille a<strong>la</strong>rmée<br />

s Voyait pour elle Achille, et ©outre elle famée.<br />

Là BAin — ton i.<br />

SIECLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE. 645<br />

Mais t quoi tpe seul pour elle, Achille furies»<br />

Épouvantait l'armée, et partageait les dieux.<br />

Homère et Corneille, les <strong>de</strong>ui premiers modèles<br />

<strong>du</strong> sublime, n'ont rien, ce me semble, déplus grand<br />

pour Fidée et pour Feipression que ces <strong>de</strong>ui fera s .<br />

L'imagination croît voir l'Achille <strong>de</strong> l'Ilia<strong>de</strong> quand<br />

il paraît près <strong>de</strong> ses pavillons, sans armes, qu'il<br />

crie trois fois, et que trois fois les Troyens reculent,<br />

Girardon disait que, <strong>de</strong>puis qu'il avait lu Homère,<br />

les hommes loi paraissaient avoir dis pieds : Racine<br />

les voyait à cette hauteur quand il a peint son<br />

Achille.<br />

J'ai dit que le rôle d'Agamemnos était plus noble<br />

et niieui soutenu dans notre Ipkigénie que<br />

dans celle <strong>de</strong>s Grecs. En effet, Euripi<strong>de</strong> l'avilit gratuitement<br />

<strong>de</strong>vant Méoéîas. Quand celui-ci a surpris<br />

<strong>la</strong> lettre que son frère envoie pour prévenir l'arrivée<br />

<strong>de</strong> Clytemnestre, il lui reproche longuement et<br />

<strong>du</strong>rement <strong>de</strong> n'être plus le même <strong>de</strong>puis qu'il a obtenu<br />

le comman<strong>de</strong>ment général; d'avoir été souple<br />

et f<strong>la</strong>tteur lorsqu'il le briguait, et d'être <strong>de</strong>venu<br />

intraitable et inaccessible <strong>de</strong>puis qu'il en est revêtu.<br />

Ces reproches injuriera sont dép<strong>la</strong>cés : il suffisait<br />

que Méné<strong>la</strong>s lui rappelât ses résolutions conformes<br />

à l'intérêt <strong>de</strong>s Grecs, et se p<strong>la</strong>ignît <strong>de</strong> son changement.<br />

D'un autre côté, Agamemaon reproche à Méné<strong>la</strong>s<br />

<strong>de</strong> ne respirer qm le mmg et le carnage, <strong>de</strong><br />

vouloir se ressaisir d'wm épouse ingrate, aux dépens<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> mism et <strong>de</strong> fhonnevr. Est-ce Mes Apmernnon<br />

qui doit tenir ce <strong>la</strong>ngage? est-ce à lui <strong>de</strong><br />

parler ainsi <strong>de</strong> l'injure faite à son frère, d'une querelle<br />

qui .arme toute <strong>la</strong> Grèce, et qui le met lui-<br />

'même à <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> tous les rois? Il y a là trop d'inconséquence<br />

; c'est s'expliquer comme Clytemnestre,<br />

et non pas comme le général <strong>de</strong>s Grecs et le frère<br />

<strong>de</strong> Méné<strong>la</strong>s, ni même comme on homme qui, un<br />

moment auparavant, a senti <strong>la</strong> nécessité do sacrifice<br />

qu'on lui <strong>de</strong>mandait. Qu'il en gémisse, qu'il soit<br />

combattu, qu'il cherche même à élu<strong>de</strong>r sa parole,<br />

à sauver sa fille, rien n'est plus naturel; mais qu'il<br />

ne condamne pas formellement sa propre cause ;<br />

c'est se rendre soi-même inexcusable, lorsqu'un<br />

moment après il consentira au sacrifice. Qu'il ne<br />

dise donc pas :<br />

« Poursuive! ;tant qu'il vous p<strong>la</strong>ira <strong>la</strong> vengeance inique<br />

d'une perfi<strong>de</strong> épouse i c'eut votre passion : mais il m'en<br />

coûterait trop <strong>de</strong> <strong>la</strong>rmes, si j'étais assez injuste pour livrer<br />

mon sang aux Grecs. »<br />

Racine a bien senti ce défaut <strong>de</strong> convenance; il a<br />

mis dans <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong> Clytemnestre ce qu'Euripi<strong>de</strong><br />

fait dire à Agamemnon :<br />

1 L'exprentos est <strong>de</strong> Corneille, Settonm, aclei, ses» I :<br />

Ba<strong>la</strong>nce Ici <strong>de</strong>sUas, et f»rt*§e let itéra,<br />

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