la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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force <strong>de</strong> légiste? à leurs reproches! et <strong>de</strong> suivre le<br />
p<strong>la</strong>n qui loi avait si Mes réussi; et au moment où<br />
César était très-embarrassé <strong>de</strong> sa situation , il vit<br />
tont d'an coup , avec autant <strong>de</strong> surprise que <strong>de</strong> joie,<br />
Pompée quitter les hauteurs et <strong>de</strong>scendre en p<strong>la</strong>ine<br />
pour livrer bataille. Ce fut là une faute capitale.<br />
Un moment <strong>de</strong> faiblesse lui ût perdre le fruit d'une<br />
très-belle campagne et <strong>de</strong> quarante ans <strong>de</strong> gloire.<br />
Voilà ce que pro<strong>du</strong>it le défaut <strong>de</strong> caractère, et ce<br />
que César n'eût jamais fait. Dès ce moment Pompée<br />
ne ait plus lui-même; et en consentant à k<br />
bataille, et en <strong>la</strong> donnant, il ne il plus rien qui fi.lt<br />
digne ni d'un général ni d'un grand homme. On<br />
combattait encore lorsqu'il se retira dans sa tente<br />
comme un homme qui a per<strong>du</strong> <strong>la</strong> tête. Sa fuite fot<br />
honteuse et désespérée, comme celle d'un homme<br />
qui f toujours heureux jusque-là, ne se trente point<br />
<strong>de</strong> force contre un premier revers. II lui restait <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong>s ressources; il n'en saisit aucune. Il pouvait<br />
se jeter sur sa flotte qui était formidable, prolonger<br />
<strong>la</strong> guerre sur mer contre un ennemi qui<br />
avait peu <strong>de</strong> vaisseaux, et remettre en ba<strong>la</strong>nce ce<br />
qui semb<strong>la</strong>it avoir été décidé à Pharsale. Ses lieutenants<br />
firent encore <strong>la</strong> guerre longtemps après lui 9<br />
tandis qu'il al<strong>la</strong>it comme une aventurier se mettre<br />
à <strong>la</strong> merci d'un roi enfant con<strong>du</strong>it par <strong>de</strong>s ministres<br />
barbares. Il trouva <strong>la</strong> mort en Egypte pendant que<br />
Césaf <strong>la</strong>issait 1a vie à tous ceux qui tombaient entre<br />
ses mains. On sait jusqu'où il porta <strong>la</strong> clémence.<br />
On sait qu'à Pharsale même, au fort <strong>de</strong> Faction,<br />
il donna Tordre <strong>de</strong> faire quartier à tout citoyen romain<br />
qui se rendrait! et <strong>de</strong> ne faire main-basse que<br />
sur les troupes étrangères. Après ce<strong>la</strong>, comment<br />
n'être pas révolté lorsque Lueain se p<strong>la</strong>ît à le représenter<br />
partout comme un tyran féroce et un<br />
vainqueur sanguinaire; lorsqu'il le-peint se rassasiant<br />
<strong>de</strong> carnage, observant ceux <strong>de</strong>s siens dont<br />
les épées sont plus ou moins teintes <strong>de</strong> sang, et ne<br />
respirant que <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction! La poésie n'a point<br />
le droit <strong>de</strong> dénaturer ainsi un-caractère connu ; et<br />
<strong>de</strong> contredire <strong>de</strong>s faits prouvés : c'est un mensonge,<br />
cl non pas une ietion. 11 n'est permis <strong>de</strong> calomnier<br />
un grand homme ni en prose ni en vers.<br />
Encore use observation sur cette différence <strong>de</strong> caractère<br />
entre Pompée, trop longtemps accoutumé<br />
à être prévenu par <strong>la</strong> fortune, et César, accoutumé<br />
à <strong>la</strong> maîtriser et à <strong>la</strong> dompter. L'un jette son manteau<br />
<strong>de</strong> pourpre pour s'enfuir <strong>du</strong> champ <strong>de</strong> bataille<br />
oà l'on se bat encore pour lui, et l'autre, à <strong>la</strong> journée<br />
fie Manda, voyant ses vétérans s'ébranler après<br />
six heures <strong>de</strong> combat, prend le parti <strong>de</strong> se jeter seul<br />
au milieu <strong>de</strong>s ennemis, ramène ainsi ses troupes à<br />
<strong>la</strong> charge, et retrouve <strong>la</strong> victoire en exposant sa vie.<br />
ANCIENS. — POÉSIE. 77<br />
On conçoit, par ce contraste, lequel <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />
hommes <strong>de</strong>vait l'emporter sur f antre.<br />
11 n'y a guère <strong>de</strong> sujet plus grand 9 plus riche, plus<br />
capable d'élever finie, que celui qu'avait choisi Lueain.<br />
Les personnages et les événements imposent<br />
à l'imagination, et <strong>de</strong>vaient émouvoir <strong>la</strong> sienne;<br />
mais il avait plus <strong>de</strong> hauteur dans les idées que <strong>de</strong><br />
talent pour peindre et pour imaginer. On a <strong>de</strong>mandé<br />
souvent si son sujet lui permettait <strong>la</strong> Action* On<br />
peut répondre d'abord que Lueain lui-même n'en<br />
doutait pas, puisqu'il Ta employée une fois, quoique<br />
d'ailleurs il n'ait fait que <strong>de</strong> mettre l'histoire<br />
en vers. 11 est vrai que les fables <strong>de</strong> l'Odyssée figureraient<br />
mal à eêté d'un entretien <strong>de</strong> Caton et <strong>de</strong><br />
Brutus; mais c'eût été l'ouvrage <strong>du</strong> génie et <strong>du</strong><br />
goût <strong>de</strong> choisir le genre <strong>de</strong> merveilleux convenable<br />
au sujet. Les dieux et les Romains ne pouvaient-ils<br />
pas agir ensemble sur une même scène, et'être dignes<br />
les uns <strong>de</strong>s autres? Le <strong>de</strong>stin ne pouvait-il pas<br />
être pour quelque chose dans ces grands démêlés où<br />
était intéressé le sort <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>? Enfin, le fantôme<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> patrie en pleurs qui apparaît à César au bord<br />
<strong>du</strong> Rubieon, cette belle fiction f malheureusement <strong>la</strong><br />
seule que Ton trouve dans <strong>la</strong> Pkarsmk, prouve assez<br />
quel parti Lueain aurait pu tirer <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fable sans<br />
nuire à l'intérêt ni à <strong>la</strong> dignité <strong>de</strong> l'histoire.<br />
Il est mort à vingt-sept ans, et ce<strong>la</strong> seul <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
grâce pour les fautes <strong>de</strong> détail, qu'une révision<br />
plus mûre pouvait effacer ou diminuer, mais ne<br />
saurait l'obtenir pour <strong>la</strong> nature <strong>du</strong> p<strong>la</strong>n, dont <strong>la</strong><br />
conception n'est pas épique, ni pour le ton général<br />
<strong>de</strong> l'ouvrage, qui annonce un défaut <strong>de</strong> goût trop<br />
marqué pour que Ton puisse croire que Fauteur eût<br />
jamais pu s'en corriger entièrement.<br />
SBCTIôH m. — ' Appendice sur Hésio<strong>de</strong>, Ovi<strong>de</strong>,<br />
Lucrèce, et Ifanilhis.<br />
Pour compléter ce qui regar<strong>de</strong> les différents genres<br />
<strong>de</strong> poèmes anciens, il faut dire un mot <strong>de</strong>s poèmes<br />
mythologiques, didactiques et philosophiques<br />
d'Hésio<strong>de</strong>, d'Ovi<strong>de</strong>, <strong>de</strong> Lucrèce, et <strong>de</strong> Manilius.<br />
On ne s'accor<strong>de</strong> pas sur le temps où vivait Hésio<strong>de</strong>;<br />
les uns le font contemporain d'Homère, les<br />
autres le p<strong>la</strong>cent cent ans après : ce qui est certain,<br />
c'est qu'il a connu <strong>du</strong> moins les ouvrages d'Homère,<br />
car il a <strong>de</strong>s vers entiers qui en sont empruntés.<br />
Tous <strong>de</strong>ux doivent être regardés comme les pères<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> mythologie ; ce qui suffirait pour en faire l'objet<br />
<strong>de</strong> cette curiosité naturelle qui nous porte à interroger<br />
l'antiquité. Elle ne nous a transmis oue<br />
<strong>de</strong>ux poèmes d'Hésio<strong>de</strong>, tous <strong>de</strong>ux assez courts :<br />
l'un mtïtulïté k$ Travaux et les Jours; l'autre, (a