la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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que avec mol. Que te malheur passé et h <strong>du</strong>reté <strong>de</strong>s commandants<br />
ne vous effrayent plus ; ? ©us i?ez un général qui,<br />
dans les marches et les combats , sera votre gui<strong>de</strong> et votre<br />
compagnon , et qui ne s'épargnera pas plus que vous. Avec<br />
le se<strong>cours</strong> <strong>de</strong>s dieux, TOUS pouves tout vous promettre :<br />
<strong>la</strong> victoire, le butin, l'honneur. £ts quand tous ces avantages<br />
seraient douteux ou éloignés, il conviendrait encore<br />
que les boas citoyens Tinssent au se<strong>cours</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> république ;<br />
car Sa lâcheté ne sauve personne <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort , et jamais père<br />
n'a désiré que ses enfante vécussent* toujours, mais qu'Ile<br />
fiiseeat estimés et honorés. J'en dirais davantage, Eomains9<br />
si Ses paroles donnaient <strong>du</strong> courage à ceux qui n'en ont pas;<br />
mais pour les braves, j'en M dit assez. »<br />
À cette elgueuf mâle et guerrière, à cette austérité<br />
brusque, à cette âpreté<strong>de</strong> style t à cette jactance<br />
soldatesque $ tous cem qui ont lu l'histoire ne<br />
recounaissêût-ils pas Marins? Ne croient-ils ps<br />
l'entendre lui-même? Qu'on lise les lettres et les<br />
mémoires <strong>du</strong> grand Yil<strong>la</strong>rs; qu'on ?oie <strong>de</strong> quelle<br />
manière il prie <strong>de</strong> lui et <strong>de</strong> ceux qu'il appelle <strong>de</strong>s<br />
généraux ée c&wt; et Ton s'apercevra qu'aux formes<br />
près, nécessairement différentes dans en consul<br />
romain et dans un général français, les hommes9<br />
p<strong>la</strong>cés dans les mêmes situations, ont, dans tous<br />
les temps, à peu près le même <strong>la</strong>ngage. C'est dire<br />
assez combien Saltoste connaissait les hommes; et<br />
quand on les connaît bien Y on a le droit <strong>de</strong> les faire<br />
parler.<br />
Les harangues dans Tacite sont ordinairement<br />
courtes; mais toujours substantielles; et, dans sa<br />
précision, il ne manque point <strong>de</strong> mouvement, quoi*<br />
qu'il en ait moins que Tîle-Lif e dans son abondance.<br />
Je prends chez Tacite le dis<strong>cours</strong> <strong>de</strong> Crémutlus<br />
Cordas, accusé dans le sénat, sous le règne <strong>de</strong> Tibère<br />
, d'avoir appelé dans ses écrits Brutus et Cassius<br />
ks <strong>de</strong>rniers <strong>de</strong>s Romains.<br />
« On m'inculpe dans mes paroles, pères conscrits9 tant<br />
je guis innocent dans mes actions. Cependant 9 mes paroles<br />
mêmes n'ont attaqué ni César JM ses parents, Ses seuls qui<br />
soient compris dans les accusations <strong>de</strong> lèse-majesté. On me<br />
reproche d'avoir loué Brutus et Cassius; beaucoup d'auteurs<br />
en ont écrit l'Siistoire , aucun ne les a nommés sans<br />
éloge. Tite-Ovê, distingué entre tous les écrivains par son<br />
éloquence et sa ?éraelté 9 a donné tant <strong>de</strong> louanges à Pom<br />
pée, qu'il en eut d'Auguste le nom <strong>de</strong> P&mpéiem , sans en<br />
être moins aimé. Huile part chef lui, Seipion Afranius, si<br />
ee même Cassius 9 ni ce même Brutus t ne sont traités <strong>de</strong><br />
brigands et <strong>de</strong> parrici<strong>de</strong>s, comme on les appelle aujourd'hui<br />
9 et sou?eut il les appelé <strong>de</strong> grands hommes. Ae<strong>la</strong><strong>la</strong>s<br />
POQîOD, dans ses écrits, rend hommage à leur mémoire :<br />
Meaea<strong>la</strong> Oarv<strong>la</strong>ae, dans les siens, célébrait Cassius comme<br />
son général,et tous les <strong>de</strong>ux forent en crédit et en honneur<br />
auprès d'Auguste. Quand Ckéroo publia l'ouvrage s oè i<br />
élève Caton jusqu'au <strong>de</strong>ux, le dictateur César lui répondift-<br />
1 CemI qui avait pour titre €stof auquel César refondit<br />
par flmM~€mêô ; tous les <strong>de</strong>ux sont per<strong>du</strong>s.<br />
COU1S DE LITTÉHATUllt<br />
il autrement qu'en le réfutant comme il aurait bit <strong>de</strong>vant<br />
<strong>de</strong>s juges ? Les lettres d'Antoine, les harangues <strong>de</strong> Brutus ,<br />
sont remplies <strong>de</strong> reproches contre Auguste, injustes, il est<br />
•rai, mais très-amers ; et on lit encore les vers <strong>de</strong> Bibaculus<br />
et <strong>de</strong> Catulle, pleins <strong>de</strong> satires contre les Césars. Mais Jules<br />
César et le divin Auguste les souffrirent et les oublierait<br />
avec autant <strong>de</strong> modération que <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce ; car les satires<br />
s f ef&eent 9 si on les méprise ; mais si Ton s'en irrite 9 on paraît<br />
s'y reconnaître. Je ne parle pas <strong>de</strong>s Grecs, càei qui nonseulement<br />
<strong>la</strong> liberté f mais même <strong>la</strong> licence <strong>de</strong>s paroles, n'a<br />
jamais été punie, ou n'a été repoussée qu'a?ee les mêmes<br />
armes. Mais surtout il a toujours été libre et innocent <strong>de</strong><br />
dire sa pensée sur les morts : pour eux, Il s'y a pins ni <strong>la</strong>veur<br />
si haine. Mes écrits sont-ils <strong>de</strong>s harangues incendiaires, <strong>de</strong>s<br />
trempettes <strong>de</strong> guerre effile es faveur <strong>de</strong> Brutus et <strong>de</strong> Casstns,<br />
armés dans les champ <strong>de</strong> PhUippes? Il y a eeliaste»<br />
dix ans qu'ils ne sont plus ; et comme on les retrouve dans<br />
leurs images, que le vainqueur lui-même n'a pas détruites,<br />
leur mémoire gar<strong>de</strong> sa p<strong>la</strong>ce dans l'histoire. La postérité<br />
rend à chacun rhonnenr qui lui est dû ; et, s'il faut que je<br />
sois condamné, il ne manquen pas d'écrivains qui se sein<br />
viendront «sii-ièii<strong>la</strong>ie^<br />
<strong>de</strong> moi. »<br />
J'ai déjà cité <strong>la</strong> harangue <strong>de</strong>s Scythes à Alexandre<br />
f 'comme en <strong>de</strong>s morceaux qu'on a le plus remarqués<br />
dans Qni®te-€ufce. On a su gré à fauteur<br />
d f y avoir parfaitement saisi le ton tentefiâettx et<br />
ignré <strong>de</strong> l'éloquence propre à ces peuples, qui s'énoncent<br />
volontiers ee maximes et en paraboles,<br />
comme on a toujours fait dans f Orient et dans le<br />
Nord.<br />
« Si ks dieux avaient proportioiiiié ta stature à ton ambition,<br />
le mon<strong>de</strong> ne te contiendrait pas. Tu toucherais l'orient<br />
d'une main 9 Se couchant <strong>de</strong> l'autre, et tu fendrais<br />
encore saisir où vent s'ensevelir les feux <strong>de</strong> l'astre il fin<br />
qui nous éc<strong>la</strong>ire. C'est ainsi * que tu désires toujours plus<br />
que tu ne peux embrasser. Tu passes d'Europe en Asie, tu<br />
repasses d'Asie en Europe 9 et si tu avais soumis tout le<br />
genre humain tu ferais <strong>la</strong> guerre aux forêts, aux <strong>mont</strong>agnes<br />
, aux ienses, et aux bêtes sauvages. Quoi donc S ïgisn<br />
res-tu que les grands arbres sont longtemps à croître, et<br />
sont déracinés en un moment ? Insensé ce<strong>la</strong>i qui ne regar<strong>de</strong><br />
que leurs fruits sans mesurer leur hauteur ! Prends gar<strong>de</strong> f<br />
en vou<strong>la</strong>nt parvenir au sommet, <strong>de</strong> tomber a?ec les brandies<br />
que tu auras saisies. Quelquefois le lion a servi <strong>de</strong> pâ<br />
ture aux plus petits oiseaux, et <strong>la</strong> rouille détruit le fer. Il<br />
n'y a rien <strong>de</strong> si fort qui ne puisse craindre même ce qui est<br />
faible. Qu'y a-t-H entre toi et nous? Nous n'avons jamais<br />
approché <strong>de</strong> ton territoire. Dans les fastes forêts où nous<br />
vivons, ne nous est-il pas permis d'ignorer qui tu es et<br />
d'où tu viens? Mous ne pouvons pas servir, et nous ne<br />
voulons pas comman<strong>de</strong>r. Yeux-tu connaître <strong>la</strong> nation <strong>de</strong>s<br />
Scythes ? Un st<strong>la</strong>iagcjate bœufs, une charrue y une flèche 9<br />
une coupe, voilà ce qui nnese été donné, ce qui esta notre<br />
usage pour nos amis et contre nos ennemis. A nos amis<br />
1 Centre-sens, Sic qooojm, même m'utt.... tel que tu es,<br />
tu désires encans plus mm tn s# peux embraster.