la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
722<br />
COURS DE UTTÉRATURE.<br />
content? Cette distinction si délicate et si Juste <strong>de</strong>s<br />
différentes qualités qui dominent plus ou moins<br />
dans ses outrages est en effet d'un philosophe et<br />
d'un homme <strong>de</strong> goût. Y a-t-II un seul mot qui soit<br />
d'un détracteur? J'ai quelque obligation à l'ano-<br />
.nyme, je ra?oue9 <strong>de</strong> m'avoir fourni l'occasion <strong>de</strong><br />
mettre sons vos yeux cet intéressant morceau, où<br />
J'ai eu le p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> retrouver en substance tout ce<br />
que j'ai tâché <strong>de</strong> développer dans l'analyse <strong>de</strong>s écrits<br />
<strong>de</strong> Despréaux. Si je ne me suis pas eiprimé aussi<br />
bien que Yauvenargues, je suis <strong>du</strong> moins plus assuré<br />
<strong>de</strong> mon opinion, quand elle est si conforme à<br />
<strong>la</strong> sienne.<br />
Yoyons Hclvétius. Il parle f dans une note, <strong>de</strong> ce<br />
même acci<strong>de</strong>ntqui est le sujet <strong>de</strong>s railleries agréables<br />
<strong>de</strong> l'anonyme. Il en parle en physicien observateur,<br />
et croit y voir <strong>la</strong> cause <strong>du</strong> défaut <strong>de</strong> sensibilité <strong>du</strong><br />
poëte, et <strong>de</strong> son peu d'amour pour les femmes. Mais<br />
m qui prouve qu'il n'en tire pas d'autres eussequenees<br />
contre son talent, c'est ce qu'il en dit dans<br />
son chapitre sur le Génie.<br />
« La Fontaine et Balle» ont porté peu d'invention dans<br />
le fond <strong>de</strong>s sujets qu'ils ont traités ; cependant fini et l'an*<br />
tre sont 9 avec raison, mis au rang <strong>de</strong>s génies : le premier,<br />
par <strong>la</strong> naïveté, le sentiment el l'agrément qu'il a jetés dam<br />
sa narration; le second, par <strong>la</strong> correction,, <strong>la</strong> force et<br />
<strong>la</strong> poésie <strong>de</strong> style qu'il a mise dans ses ouvrages. Quelques<br />
reproches qu'on fasse à Boiietu, on est forcé <strong>de</strong><br />
convenir qu'en perfectionnant infiniment l'art <strong>de</strong> <strong>la</strong> versification,<br />
il a réellement mérité le titre d'inventeur. »<br />
Vous atten<strong>de</strong>z peut-être quelque restriction qui<br />
puisse servir d'excuse à l'anonyme. Mon, messieurs.<br />
J'ai cité tout : il n'y a pas un mot <strong>de</strong> plus. Je <strong>la</strong>isse<br />
à vos réflexions le soin d'apprécier les moyens honnêtes<br />
et nobles qui sont d'usage aujourd'hui pour<br />
tromper le public et décrier ce qu'on admire. Pour<br />
moi9 je.ne m'y arrêterai pas : je me réserve dans <strong>la</strong><br />
suite <strong>de</strong> traiter particulièrement <strong>de</strong>s abus honteux<br />
qui déshonorent les lettres dans ce siècle, et que le<br />
siècle précé<strong>de</strong>nt n'a point connus ; et dans ce nombre<br />
je serai obligé <strong>de</strong> compter l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> se permettre<br />
le mensonge sans scrupule et sans pu<strong>de</strong>ur.<br />
On a (dans Y Avertissement) nommé d'Alembert<br />
parmi les détracteurs <strong>de</strong> Boileau. Écoutons d'Alembert.<br />
Je vous préviens, messieurs, que vous<br />
allez retrouver à peu près les mêmes idées que dans<br />
Voltaire, Yauvenargues, Helvétius, c'est-à-dire<br />
celles qui sont diamétralement opposées à tout m<br />
que l'anonyme a voulu établir; mais cette uniformité<br />
d'avis est précisément ce qu'il importe <strong>de</strong> constater.<br />
Après avoir dit, comme nous le disons tous,<br />
que les satires <strong>de</strong> Boileau sont <strong>la</strong> moindre partie<br />
<strong>de</strong> sa gloire, il continue ainsi :<br />
« 11 sentit qu'il faut ôtrey en vers comme en prose,<br />
l'écrivain <strong>de</strong> tous les temps et <strong>de</strong> tous Ses lieu.... 11<br />
pro<strong>de</strong>iairces ouvrages qui assurent à jamais sa renommée.<br />
Il It ses belles Épttres, où il à su entremêler à <strong>de</strong>s loua»»<br />
ges finement «primées <strong>de</strong>s préceptes <strong>de</strong> Uttératare et <strong>de</strong><br />
morale ren<strong>du</strong>s avec là vérité te plus frappante et <strong>la</strong> précision<br />
<strong>la</strong> plus heureuse; son Lutrin, ou avec m peu^<strong>de</strong><br />
matière il a répan<strong>du</strong> tant <strong>de</strong> variété 9 <strong>de</strong> mouvement et <strong>de</strong><br />
grâce ; ea<strong>la</strong> f son Art poétique, qui est dans notre <strong>la</strong>ngue<br />
le co<strong>de</strong> <strong>du</strong> bon goût 9 comme celui d'Horace Test en Satin ;<br />
supérieur même à celui d'Horace, non-seulement par l'ordre<br />
si nécessaire et si parfait que le poëte français • mis<br />
dans son ouvrage, et que le poète <strong>la</strong>tin semble avoir<br />
trop négligé dans le sien, mais surtout parce que Despréaui<br />
a su faire passer dans ses vers les beautés propres<br />
à eliaque genre dont i donne les règles.... Mous n'examinerons<br />
point si Fauteur <strong>de</strong> ces chefs-d'osuvre mérite le<br />
titre d'homme <strong>de</strong> génie qu'il se donnait sans façon à lui*<br />
même, que dans ces <strong>de</strong>rniers temps quelques écrivains M<br />
ont peut-être injustement refusé, car n'est-ce pas avoir<br />
droit à ce titre que d'avoir su exprimer en vers harannieiu,<br />
pleins <strong>de</strong> force et d'élégance, les arrêts <strong>de</strong> <strong>la</strong> raison et èm<br />
bon goet 9 et surtout «f avoir connu et développé le premier,<br />
en joignant l'exemple au précepte, fart si difficile el jusqu'alors<br />
si peu connu <strong>de</strong> <strong>la</strong> versification française? Despréaux<br />
a eu te mérite rare, et qui ne pouvait appartenir<br />
qu'à un homme supérieur, <strong>de</strong> former le premier en France y<br />
par ses leçons et par ses fera, une école <strong>de</strong> poésie, ajustons<br />
que , <strong>de</strong> tous les poètes qui Font précédé ou suivi » aucun<br />
n'était plus fait que lui pour être le chef d'une pareille<br />
école. En effet f <strong>la</strong> correction sévère et prononcée qui caractérise<br />
ses ouvrages s les rend singulièrement propres à<br />
servir d'étu<strong>de</strong> aux jeunes élèves en poésie. CTest sur les<br />
vers <strong>de</strong> Despréaux qu $ Us doivent mo<strong>de</strong>ler leurs premiers<br />
essais.... Despréaux, fondateur et chef <strong>de</strong> Fécole poétique<br />
française, eut dans Racine un disciple qui lui aurait suffi<br />
jmnr lui assurer Fimmortalité$ quand il ne l'aurait pas<br />
^'ailleurs si bien méritée par ses propres écrits. »<br />
C'est à l'anonyme maintenant à concilier, comme<br />
il le pourra f cette doctrine avec <strong>la</strong> sienne. Le philosophe<br />
9 à propos <strong>de</strong>s mauvais satiriques v en vers<br />
ou en prose, qui se sont faits si ma<strong>la</strong>droitement les<br />
singes <strong>de</strong> Boileau, fait une réflexion qui sternes!<br />
ne paraîtra pas ici hors <strong>de</strong> propos.<br />
« Il y a (dit-Il) entre eui et lui cette difléresce trèt-faV<br />
cliease pour aax, qu'il a commencé par <strong>de</strong>s satires y et fini<br />
par <strong>de</strong>s ouvrages immortels, et qu'au contraire ils ont<br />
commencé par <strong>de</strong> mauvais ouvrages, et fini par <strong>de</strong>s satires<br />
pias déplorables encore. Con<strong>du</strong>its à <strong>la</strong> méchanceté par<br />
l'impuissance $ c'est le désespoir <strong>de</strong> n'avoir pu se donser<br />
d'existence par eux-mêmes qui les a ulcérés et dédiâmes<br />
contre l'existence <strong>de</strong>s autres. »<br />
L'auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Letire a pris pour épigraphe us<br />
passage tiré d'un fort beau dis<strong>cours</strong> <strong>de</strong> M. Dusauk<br />
sur les poètes satiriques. 11 ne manque pas <strong>de</strong> le<br />
, ranger aussi parmi ceux dont Boileau, dit-il, l'a