la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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SIÈCLE DE LOUIS X|V. — POÉSIE.<br />
Je M fous arrêterai pas plus longtemp sur cette<br />
première enfonce <strong>de</strong> fart, bien différente <strong>de</strong> celte<br />
<strong>de</strong> l'homme : autant celle-ci est aimable et intéressante<br />
dans sa faiblesse, autant l'autre est insipi<strong>de</strong><br />
et dégoûtante. Cest vers le commencement <strong>du</strong> seizième<br />
siècle que nous avons essayé <strong>de</strong> marcher avec<br />
<strong>de</strong>s lisières. Les premiers pas ont été bien faibles :<br />
ils se sont un peu affermis <strong>de</strong>puis Jo<strong>de</strong>lle. Je ne les<br />
suivrai qu'un moment, et autapt qu'il le faudra pour<br />
faire mîeui sentir <strong>la</strong> force <strong>de</strong> celui qui le premier<br />
al<strong>la</strong> si loin dans une carrière que ses <strong>de</strong>?ancien n'avaient<br />
guère fait qu'entrevoir, à peu près comme ces<br />
<strong>de</strong>ux con<strong>du</strong>cteurs d'Israël qui découvrirent <strong>de</strong> loin<br />
îa terre promise! sans qu'il leur fût permis d'y entrer»<br />
Avant Jo<strong>de</strong>lle, on avait imprimé <strong>de</strong>s tra<strong>du</strong>ctions<br />
en vers <strong>de</strong> quelques tragédies grecques 9 et ces essais<br />
<strong>mont</strong>raient <strong>du</strong> moins que les modèles commençaient<br />
à être connus. Lazare Balf avait tra<strong>du</strong>it YÉlectre <strong>de</strong><br />
Sophocle et ÏBécube d'Euripi<strong>de</strong>. Un auteur qui<br />
n'est'connu, que <strong>de</strong>s bibliographes f Sybilet, avait<br />
4S5<br />
apprend ees détails, et que le roi pallia l'auteur<br />
d'une somme <strong>de</strong> cinq cents écus lie son épargne :<br />
éF-'mianÊ, dit Pasquier, que c'était chose mmœUe<br />
ei trèê-èelk et très-rare* Jo<strong>de</strong>lle, encouragé par<br />
m premier succès* it une comédie en eînq actes et<br />
en vers*, intitulée Eugène : c'était encore une nouveauté,<br />
et par conséquent mm beUe chose, <strong>du</strong> moins<br />
pour ceux qui ne connaissaient rien <strong>de</strong> mieux. JËais<br />
comment Ronsard, qui avait lu lès anciens, pouvait-il<br />
dire :<br />
foddte te premier, d'usé p<strong>la</strong>int©hardie,<br />
Wm&^mmmâ chanta 1m grecque tragédie;<br />
Pats , en changeant <strong>de</strong> ton, chanta <strong>de</strong>vant noa mil<br />
La jeîine comédie m <strong>la</strong>ngage franco!*,<br />
El ai nfen les sonna que Sophocle et Ménandve 9<br />
Tant fnaaana-it* aaaanta, y «meut pu apprendre.<br />
C Y èst une preuve que Ronsard n'avait pas plus <strong>de</strong><br />
goût dans ses jugements que dans ses vers. Assurément<br />
Sophocle et Ménandre n'auraient rien appris<br />
à l'école-<strong>de</strong> Jo<strong>de</strong>lle, si ce n'est que celui-ci n'avait<br />
pas assez étudié dans <strong>la</strong> leur.<br />
Cependant les Confrères <strong>de</strong> <strong>la</strong> Passion, à qui le<br />
tra<strong>du</strong>it V^higé<strong>de</strong> m ÂtsM<strong>de</strong>. Aucune <strong>de</strong> ces pièces parlement avait défen<strong>du</strong> <strong>de</strong> jouer davantage les<br />
ne fut représentée. Jo<strong>de</strong>lle t sans prendre ses sujets mystères <strong>de</strong> notre religion, et qui avaient pris le<br />
dm les Grecs, voulut <strong>du</strong> moins traiter à km ma nom <strong>de</strong> Comédiens <strong>de</strong> Fhêtel <strong>de</strong> Bourgogne, voyant<br />
nière ceux <strong>de</strong> Cléopâtre et <strong>de</strong> DMm : U imita leurs le succès qu'avaient eu les pièces <strong>de</strong> Jo<strong>de</strong>lle, con<br />
prologues et leurs chœurs; mais il n'avait aucune sentirent à les jouer, et y attirèrent <strong>la</strong> foule; en<br />
. étincelle <strong>de</strong> leur génie, aucune idée <strong>de</strong> leur eontex- sorte que, <strong>du</strong> moins sous ce rapport, il peut être<br />
ture dramatique ; tout se passe en déc<strong>la</strong>mations et en regardé comme le fondateur <strong>du</strong> théâtre. Soft ami,<br />
récits. Le style est un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> <strong>la</strong> barbarie <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pérase, It représenter une Médée, tra<br />
Ronsard et <strong>de</strong>s froids jeux <strong>de</strong> mots que les Italiens <strong>du</strong>ite <strong>de</strong> Sénèque, qui fut imprimée <strong>de</strong>puis, et re<br />
avaient mis à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> en France. Cependant sa Cleotouchée par Scéf oie <strong>de</strong> Sainte-Marthe. Salsl-Ge<strong>la</strong>ls<br />
pâtre eut une gran<strong>de</strong> réputation : <strong>la</strong> difficulté était tra<strong>du</strong>isit <strong>la</strong> Sophoniêbe <strong>du</strong> Trissin. Grevin it jouer<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> représenter. Les Cmfi'ères <strong>de</strong> <strong>la</strong> Passion et an collège <strong>de</strong> Beauvais une Mort <strong>de</strong> César, dont <strong>la</strong><br />
les Bmwchims9 alors en possession <strong>de</strong>s spectacles versification est moins mauvaise que celle <strong>de</strong> Jo<br />
privilégiés, étaient bien éloignés <strong>de</strong> se prêter à établir <strong>de</strong>lle; il y a même <strong>de</strong>s morceaux <strong>de</strong> force : tel est<br />
un genre <strong>de</strong> pièces qu'ils regardaient comme étran celui-ci, dont il ne faut juger que le fond, sans<br />
ger, et qui pouvait nuire à leurs tréteaux. Dans ces faire attention au <strong>la</strong>ngage.<br />
circonstances f Jo<strong>de</strong>lle reçut <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> lettres, ses Atow ep'on parlera <strong>de</strong> César et <strong>de</strong> Rome,<br />
Qu'un se sonaleinae am»f tp*U a été nh humilie,<br />
confrères et ses rivaux 9 une marque <strong>de</strong> zèle aussi Us Brate, le vengeur <strong>de</strong> toute cruauté t<br />
honorable pour eux que pour lui, et qui prou?e qu'au Qui aurait d'un sen! oonp gagné <strong>la</strong> liberté.<br />
moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong>s arts l'amour qu'ils inspi Quand on dira, Céaar Ait maître <strong>de</strong> rempli»,<br />
Qu'on Mené quand et quand Brute le sot œeire.<br />
rent est moins altéré par <strong>la</strong> jalousie qu'au temps oà Quand on dira, Céaar fut premier empereur,<br />
les inquiétu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l'envie et les prétentions <strong>de</strong> IV Qu'on dtn quand et quand Brate en fut le vengeur.<br />
mour-propre se multiplient en proportion <strong>du</strong> nom Qu'on mette ces idées en vers tels qu'on en peut<br />
bre <strong>de</strong>s concurrents. Jean <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pérase, Rémi Bel- faire aujourd'hui 9 on verra qu'elles sont gran<strong>de</strong>s et<br />
leau, et quelques autres poètes, se réunirent avec fortes, et <strong>du</strong> ton <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie : il n'y a pas dans<br />
fauteur <strong>de</strong> CMopêÈM pour jouer sa pièce au collège Jo<strong>de</strong>lle un seul more^pie ce mérite*<br />
<strong>de</strong> Rems 9 <strong>de</strong>vant Henri II et toute sa cour. Jo<strong>de</strong>lle 9 Jean <strong>de</strong> <strong>la</strong> Taille imita dans sa tragédie <strong>de</strong>s Ga~<br />
qui était jeune et d'une igure agréable, se chargea bamàtm quelques situations <strong>de</strong>s Troyemm d'Eu<br />
<strong>du</strong> rêle<strong>de</strong> <strong>la</strong> reine d'Egypte. Cette représentation eut ripi<strong>de</strong>. Un antre transporta dans celle <strong>de</strong> Jephté<br />
beaucoup <strong>de</strong> succès, et ce fat un événement assez quelques scènes <strong>de</strong> ÏIpM§êmtê m AwtMê» Mais on<br />
considénlile pour que Pasquier en fit <strong>de</strong>puis mention empruntait sans <strong>de</strong>venir plus riche, et toutes ©es<br />
dans ses Mecherehes historiques, test M qui nous imitations étaient déiprées par le plu^ mauvais<br />
Là HâlFE. — ton i.<br />
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