la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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'ANCIENS. — ÉLOQUENCE.<br />
chose que celui <strong>de</strong> là calomnie, qui , en ne <strong>mont</strong>rant<br />
qu'un cêté <strong>de</strong>s objets 9 se sert <strong>du</strong> nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> verte<br />
pour combattre les hommes vertueux.<br />
Les <strong>de</strong>ux jsoïntsprineipauxquetrafteEsehlnedans<br />
<strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière partie <strong>de</strong> son dis<strong>cours</strong> font trop voir quel<br />
effroi inspirait l'éloquence <strong>de</strong> Démosthènes. 11 veut<br />
absolument lui prescrire <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> sa défense, et<br />
que les juges lui ordonnent d'y mettre le même ordre<br />
qu'il a mis dans son accusation; ensuite il s'efforce<br />
<strong>de</strong> prouver, par toutes sortes <strong>de</strong> raisons 9 que<br />
c'est à Ctésiphon seul à se défendre lui-même, et<br />
qu 9 au moment où il dira, suivant <strong>la</strong> formule usitée,<br />
Permettez-vous que j'appelle Démost-hémes, et qu'il<br />
parie pour moi? 00 refuse à celui-ci <strong>de</strong> l'entendre.<br />
l'avoue que je ne reconnais plus ici l'art d'Eschloe.<br />
Sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est révoltante, et ne pouvait que lui<br />
nuire; il ne faut jamais <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qu'on est sûr<br />
<strong>de</strong> se pas obtenir. Démosthènes n'était-il pas attaqué<br />
cent fois plus que Ctésiphon ? D'un autre cêté ,<br />
Esctîlîîe o f était-il pas également ma<strong>la</strong>droit <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser<br />
voir <strong>la</strong> crainte que Démosthènes lui inspirait, et <strong>de</strong><br />
se persua<strong>de</strong>r que les Athéniens se priveraient <strong>du</strong><br />
p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> l'entendre dans sa propre cause? Heureusement<br />
on n'eut aucun égard à cette absur<strong>de</strong> prétention;<br />
Démosthènes par<strong>la</strong>. 11 est temps <strong>de</strong> l'écouter;<br />
voici son eior<strong>de</strong> 1<br />
« Je coœtiMâice par <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux dieu immortels<br />
qu'Us vous Inspirent à mon égard, 4 Athéniens 1 les mêmes<br />
ilspôiilMiM ai j'ai toujours été pour vous el pour l'État;<br />
fais vins persua<strong>de</strong>nt, ce qui estd f accord avec votre intérêt<br />
; votre équité 9 votre gloire, <strong>de</strong> ne pas prendre conseil<br />
<strong>de</strong> mon adversaire pour régler Tordre <strong>de</strong> ma défense. Ries<br />
m serait plus injuste et plus contraire as serment que vous<br />
mm prêté, d'entendre également les <strong>de</strong>ux parties; ce qoi<br />
ne signifie pas seulement que vous ne <strong>de</strong>vez apporter ici<br />
ni préjugé ni faveur, mais qae vous <strong>de</strong>vez permettre à<br />
raccusé d'établir à son gré ses moyens <strong>de</strong> justification.<br />
Escante a déjà dans cette cause asseï d'avantages sut<br />
moi : oui, Athéniens, et <strong>de</strong>u surtout bien grands. D'abord<br />
nos risques se sont pas égaux : s'il ne gagne pas sa<br />
causé , il ne perd rien ; et moi , si je perds votre bienveil<strong>la</strong>nce....<br />
Mais non, il ne sertira pas <strong>de</strong> ma bouche une<br />
parole sinistre au moment où je commence à vous prier.<br />
L'antre avantage qu'il a sur mol, c'est qu'A n'est que trop<br />
naturel d'écouter volontiers l'accusation et le blâme 9 et <strong>de</strong><br />
n'entendre qu'avec peine ceux qui sont forcés à dire <strong>du</strong><br />
lien d'eux-mêmes, ainsi donc Eschke a pour lui tout ce<br />
qui f<strong>la</strong>tte <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s hommes; il m'a <strong>la</strong>issé ce qui leur<br />
iéf ta» et les Messe. Si, dans cette crainte, je me <strong>la</strong>is sur<br />
les actions <strong>de</strong> ma vie publique, je paraîtrai me justifier<br />
mal; je ne serai plus celui que vous avez jugé digne '<strong>de</strong><br />
récompense. SI je m'étends sur ce que j'ai fait pour le<br />
service <strong>de</strong> l'État t je serai dans Sa nécessité <strong>de</strong> parler souvent<br />
<strong>de</strong> moi-même. Je le ferai <strong>du</strong> moins avec toute <strong>la</strong><br />
réserve dont je suis capable; et ce que je serai obligé <strong>de</strong><br />
Là nanti — tous 1.<br />
2S?<br />
dire, ô Athéniens! imputez-le à celui qui m'a ré<strong>du</strong>it à me<br />
défendre. »<br />
Il se'gar<strong>de</strong> bien <strong>de</strong> suivre le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> défense que<br />
lui avait prescrit l'artificieux Eschîae, qui prétendait<br />
l'obliger à répondre d'âbowl sur l'infraction <strong>de</strong>s<br />
formes légales. Démosthènes était trop habile pour<br />
donner dans ce piège; il sentait bien que cette discussion<br />
juridique , déjà fort longue dans le dis<strong>cours</strong><br />
d'Eschine $ le paraîtrait encore bien plus dans le<br />
sien, et commencerait par ennuyer son auditoire et<br />
refroidir sa harangue. L'essentiel était <strong>de</strong> prouver<br />
qu'il avait mérité <strong>la</strong> couronne , et <strong>de</strong> sa concilier ses<br />
juges en remettant sous lenrsyeui tout ce qu'il avait<br />
fait pour l'État. Ce tableau <strong>de</strong> son administration f<br />
tracé avec tout l'intérêt qu'il était capable d'y mettre,<br />
<strong>de</strong>vait nécessairement l'agrandir aux yeui <strong>de</strong>s<br />
Athéniens en humiliant son adversaire, et p<strong>la</strong>cer sa<br />
cause dans le jour le plus favorable. C'est aussi par<br />
là qu'il commence. Mais avec quelle adresse il s'en<br />
tire 1 Comme il sait bien s'insinuer dans l'esprit <strong>de</strong><br />
ses auditeurs, en se rendant à lui-même le témoignage<br />
que se doit un honnête homme accusé, un<br />
homme public qui rend compte <strong>de</strong> sa con<strong>du</strong>ite!<br />
Gomme il évite tout ce qui a l'air <strong>de</strong>là jactance ! Il fait<br />
si bien, qu'il met les Athéniens <strong>de</strong> moitié dans sa<br />
cause. Il avait affaire à l'amour-propre, <strong>de</strong> tous les<br />
juges le plus difficile à manier , et c'est aussi celui qu'il<br />
gagne d'abord; et, si recueil <strong>de</strong> sa cause était le<br />
danger <strong>de</strong> blesser cet amour-propre, il faut avouer<br />
que <strong>la</strong> perfection <strong>de</strong> son éloquence est d'avoir su le<br />
mettre <strong>de</strong> son parti. Ce sont toujours les Athéniens<br />
qui ont tout fait : ses pensées, ses résolutions, ont<br />
toujours été les leurs ; ses avis ont toujours été d'accord<br />
avec leurs sentiments ; il met toujours sa gloire<br />
sous <strong>la</strong> proteetien <strong>de</strong> celle d'Athènes. Qu'on juge à<br />
quel point il <strong>du</strong>t p<strong>la</strong>ire à un peuple naturellement<br />
vain, et s'il est étonnant qu'il ait enlevé tous les<br />
suffrages*<br />
Il n'est pas au tiers <strong>de</strong> son dis<strong>cours</strong>, que celui <strong>de</strong><br />
son adversaire est anéanti ; il n'en reste pas <strong>la</strong> moindre<br />
trace : Démosthènes est dans les <strong>de</strong>ux, Esehîse<br />
est dans <strong>la</strong> poussière ; et si l'on ne désirait pas d'entendre<br />
un homme qui parle si bien, on le dispenserait<br />
d'en dire davantage. Cette première partie rend<br />
sonapologiesi complète, met dans une telle évi<strong>de</strong>nce<br />
tous les mensonges d'Eschine et tous les services<br />
<strong>de</strong> Démosthènes, qe'iisembje que le restesoit donné,<br />
non pas au besoin <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause,-mais à <strong>la</strong> vengeance<br />
<strong>de</strong> l'accusé : il foule et retourne sous ses pieds un<br />
ennemi <strong>de</strong>puis longtemps terrassé*<br />
Lorsqu'il daigne enfin en venir aux détails juridiques<br />
, il pulvérise en quelques lignes les sophismesentassés<br />
par Eseliine sur <strong>la</strong> préten<strong>du</strong>e vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s lois<br />
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