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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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CÛUES DE UTTÉMTUM.<br />

136<br />

mandait tout à l'heure à' mm disciple Ohéréphon quelle<br />

était <strong>la</strong> longueur <strong>du</strong> saut d'une pue®. »<br />

Strepsia<strong>de</strong>, émerveillé, appelle Socrate <strong>de</strong> toute sa<br />

forée, et Ton aperçoit le philosophe guindé en l'air<br />

daus use corbeille. Strepsia<strong>de</strong> le conjure par les<br />

dieui.<br />

« Doucement, par quels dieux jures-Tons? un n'admet<br />

point dans mon école les dieux <strong>du</strong> pays. »<br />

Strepsia<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quels sont donc les dieux <strong>de</strong><br />

Socrate. U répond que ce sont ks mtée$ : <strong>de</strong> là Tient<br />

le titre <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce. Il les invoque, et les nuées remplissent<br />

le théâtre en habit <strong>de</strong> costume. Socrate<br />

apprend à son nouveau disciple que ks nuées sont<br />

<strong>de</strong>s déesses qui nourrissent les sophistes, les <strong>de</strong>vins,<br />

les mé<strong>de</strong>cins, et les poêles* U se moque <strong>de</strong> Jupiter,<br />

qu'il traite <strong>de</strong> chimère.<br />

« 11 n'y a point <strong>de</strong> Jupiter, êàî4l ; et ce qui le prouTe,<br />

c'est que ce n'est point Jupiter qui <strong>la</strong>it pleuvoir, et que ce<br />

sont ks muées seules qui donnent <strong>de</strong> <strong>la</strong> ploie. »<br />

Enfin, il exige que Strepsia<strong>de</strong> commence par renoncer<br />

aui dieux <strong>du</strong> pays, et n'adore que ks nuées.<br />

Le bourgeois consent à tout, pourra qu'on lui<br />

apprenne un moyen <strong>de</strong> ne pas payer ses <strong>de</strong>ttes, à<br />

corrompre le bon droit, et à emprunter sans rien<br />

rendre, Socrate lui enseigne force subtilités : le<br />

bonhomme s'en va fort content, et engage son ils<br />

Phidippi<strong>de</strong> à prendre les mêmes leçons, et à se former<br />

sons un maître aussi habile que Socrate, qui,<br />

en <strong>de</strong>rnier lieu, pendant qu'on le regardait tracer<br />

<strong>de</strong>s Igares sur <strong>la</strong> poussière arec un compas , escamota<br />

fort adroitement le manteau d'un <strong>de</strong>s spectateurs.<br />

Voilà Socrate pour le moins aussi habile que<br />

nos sorciers <strong>de</strong> <strong>la</strong> Foire ; car un manteau est plus difficile<br />

à escamoter qu'un jeu <strong>de</strong> cartes. Strepsia<strong>de</strong><br />

présente son ils au philosophe, et le supplie <strong>de</strong> lui<br />

faire connaître les <strong>de</strong>ux grands points <strong>de</strong> sa doctrine<br />

, k Juste et l'injuste.<br />

m M'oubliez pas surtout <strong>de</strong> l'armer <strong>de</strong> pied en cap contre<br />

lejmte. Je fais, reprend Socrate, le donner à instruire à<br />

ton les <strong>de</strong>ux. »<br />

En effet, k juste et l'injuste paraissent personnifiés.<br />

La dispute s'établit entre eux, et témjmk <strong>la</strong><br />

termine ainsi :<br />

« Yeux-tu que je te fasse loir c<strong>la</strong>irement qui <strong>de</strong> nous<br />

<strong>de</strong>ux doit cé<strong>de</strong>r à l'autre? Dis-môi un peu : Quelles gens<br />

sont-ce que nos orateurs ? — Des scélérats. — D'accord'.<br />

Et nos faiseurs <strong>de</strong>'tragédies? — Des scélérats. — Fort<br />

Men. Et nos magistrats? — Des scélérats. — On m peut<br />

pas mieux. Compte à présent Ses spectateurs. Qael est le<br />

Phidippi<strong>de</strong> profite si bien <strong>de</strong>s leçons <strong>de</strong> <strong>la</strong> philosophie<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance an juste et d* ffnpwfe,<br />

qu'îl bat ses créanciers qui Tiennent lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong> l'argent,_ et finit par battre son père, et lui<br />

prou?er philosophiquement qu'il a droit <strong>de</strong> le battre.<br />

Des philosophes <strong>de</strong> nos jours ont prouvé bien pis ;<br />

mais jamais on n'a ouï dire que ce fât là <strong>la</strong> jp&ifosopàk<br />

<strong>de</strong> Socrate.<br />

On ne saurait lire axée quelque attention les ouvrages<br />

d'Aristophane sans se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à soi^lme,<br />

premièrement, quels motifs ont pu autoriser, fendant<br />

un certain temps f un genre <strong>de</strong> spectacle qu'on<br />

ne retrouve chez aucune autre nation 9 et qui même<br />

finit par être entièrement aboli dans Athènes ; ensuite!<br />

comment ce peuple, si sévère sur l'article<br />

le <strong>la</strong> religion, pouvait permettre que ses dieux fus­<br />

sent tournés en ridicule sur le théâtre; enia comment<br />

un peuple si poli pouvait s'accommo<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s<br />

saletés grossières que Ton proférait <strong>de</strong>vant lui. Je<br />

vais tâcher <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong> toutes ces questions,<br />

non par une dissertation en forme , mais en<br />

m f arrêtant simplement à'ce qui peut fournir une<br />

solution probable , c<strong>la</strong>ire et précise.<br />

On peut d'abord poser en principe que le spectacle<br />

dramatique doit, par sa nature même, dépendre<br />

beaucoup <strong>du</strong> gouvernement, <strong>du</strong> caractère,<br />

et <strong>de</strong>s mœurs <strong>de</strong>s différents peuples. U doit donc<br />

xarîer, à un certain point, suivant les divers pays<br />

où il s'établit, et suivant les diverses époques cher<br />

une môme nation : c'est ce qui arriva chez les Athéniens.<br />

Échappés à <strong>la</strong> tyrannie après l'expulsion <strong>de</strong>s<br />

Pisistratï<strong>de</strong>s, ils passèrent à l'extrême liberté et à<br />

tous les abus <strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratie. Ces abus furent ba<strong>la</strong>ncés<br />

par l'esprit patriotique qui anima toute <strong>la</strong><br />

Grèce au moment <strong>de</strong>s Invasions <strong>de</strong> Darius et <strong>de</strong>'<br />

Xerxès. Mais comme le danger menaçant avait fait<br />

naître les gran<strong>de</strong>s xertus et pro<strong>du</strong>it les grands efforts,<br />

<strong>la</strong> victoire et <strong>la</strong> prospérité amenèrent à leur<br />

suite l'orgueil et <strong>la</strong> corruption. Le peuple d'Athènes<br />

fut enivré tout à k fois <strong>de</strong> son poutoir et<br />

<strong>de</strong> sa fortune. Chez lui il était maître <strong>du</strong> gouvernement,<br />

et au <strong>de</strong>hors il donnait <strong>la</strong> loi aux peuples<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Grèce. Les grands hommes dont cette puissance<br />

était fourrage éprouvèrent toute cette ingratitu<strong>de</strong><br />

que Fou couvrait <strong>du</strong> prétexte <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté,<br />

mais qui n'avait d'autre cause que <strong>la</strong> jalousie naturelle<br />

aux républicains qui commencent à craindre<br />

leurs défenseurs quand Us se craignent plus d'en*<br />

semis. Enfin, Athènes était <strong>la</strong> république <strong>la</strong> plus<br />

plus grand nombre? Sônt-ce les gens <strong>de</strong> bien? Examine. •— puissante, <strong>la</strong> plus riche, <strong>la</strong> plus vaine, et <strong>la</strong> plus<br />

lies scélérats l'emportent, je l'avoue. — Eh bien 1 qu'as-ta<br />

corrompue <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> Grèce, au temps -<strong>de</strong> Pérî-<br />

à dire à présent? — Que j'ai per<strong>du</strong>. Messieurs, prenez<br />

mon manteau ; je Tais passer <strong>de</strong> votre cété : YOQS êtes les<br />

clès, qui fut celui d'Aristophane. Pérleiès lui-même,<br />

plus forts. *<br />

qui d'ailleurs mérita si bien <strong>de</strong> sa patrie, et dont

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