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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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181 ' CODES DE LITTÉRATUIE.<br />

verset <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vuigate, fidèlement ren<strong>du</strong> en prose :<br />

« J'ai 7ii l'Impie élevé dans <strong>la</strong> gloire, haut comme les<br />

cèdres <strong>du</strong> Liban ; j'ai passé , et il n'était plus. »<br />

11 n'y a personne qui ne donne <strong>la</strong> palme à l'original<br />

par us cri d'admiration. Les vers <strong>de</strong> Raclée sont <strong>de</strong><br />

l'or parfilé ; mais le Magot est ici. . '<br />

On doit bien s'attendre que mon <strong>de</strong>ssein n'est pas<br />

d'énuraérer les beautés sans nombre répan<strong>du</strong>es dans<br />

les Psaumes : le commentaire excé<strong>de</strong>rait le texte; mais<br />

je ne crois passer aucune mesure en rappe<strong>la</strong>nt <strong>du</strong><br />

moins quelques endroits marqués par différents genres<br />

<strong>de</strong> beauté.<br />

Mouvements f images , sentiments 9 figures, ? oilà ,<br />

sans contredit, l'essence <strong>de</strong> toute poésie. Bous ne<br />

pouvons pas parler ici <strong>du</strong> nombre , qui t chez les<br />

Hébreux , nous est inconnu. Yoyons ce qui s'offre à<br />

nous dans tout le res|e*<br />

Voltaire s'est beaucoup moqué <strong>de</strong> 17m exUu k<br />

cause <strong>de</strong>s <strong>mont</strong>agnes et <strong>de</strong>s coJMms comparées aux<br />

èétiers et aux agneaux. Il aurait pu se moquer <strong>de</strong><br />

même, et avec aussi peu <strong>de</strong> raison que <strong>la</strong> Moitié et<br />

Perrault, <strong>du</strong> carnage que fait un guerrier dans les<br />

bataillons qui plient , comparé, dans i'Ilia<strong>de</strong> f au ravage<br />

que fait un âne lâché dans un champ <strong>de</strong> blé. Il<br />

n'en est pas moins vrai que si ks âmes, ks béliers<br />

et ks agneaux, etc. 9 ne sonnent pas noblement à<br />

notre oreille, il ne s'ensuit pas qu'il en fût <strong>de</strong> même<br />

chez les Grecs et les Hébreux f ni même chez les Latins,<br />

puisque le goût sévère <strong>de</strong> Yirgile ne lui défend<br />

pas d'assimiler les agitations <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine Amate,<br />

tourmentée par Alecton, au mouvement d'un sabot<br />

sous le fouet <strong>de</strong>s enfants. Il n'est pas moins vrai non<br />

plus que les secousses <strong>de</strong>s <strong>mont</strong>agnes et <strong>de</strong>s collines,<br />

ébranlées par un violent tremblement <strong>de</strong> terre, sont<br />

idèlement représentées par les bondissements d'un<br />

troupeau ; et <strong>de</strong> là même cette expression reçue chez<br />

les marins, ta tuer moui&nm, pour dire qu'elle est<br />

agitée. Laissons donc ces nuances <strong>du</strong> <strong>la</strong>ngage, qui<br />

ne déci<strong>de</strong>nt rien d'un peuple à un autre., et voyons<br />

si, dans <strong>la</strong> marche <strong>de</strong> l'o<strong>de</strong>, il y a quelque chose <strong>de</strong><br />

plus beau que ce même commencement <strong>du</strong> psaume,<br />

dont le sujet est k sortie d'Egypte et les prodiges<br />

qui raccompagnèrent. Songez surtout que vous jugez<br />

un poète mis en prose * dans une <strong>la</strong>ngue étrangère<br />

, et voyons si, dans cette épreuve même, il doit<br />

craindre le jugement <strong>de</strong>s connaisseurs. " .<br />

« Lorsque Israël sortit <strong>de</strong> l'Egypte, et Jacob <strong>du</strong> milieu<br />

<strong>du</strong>s peuple barbare , <strong>la</strong> Judée <strong>de</strong>vint te sanctuaire <strong>du</strong><br />

Seigneur, Israël fut le peuple <strong>de</strong> sa puissance.<br />

« La mer le vit et s'enfuit; k Jourdain re<strong>mont</strong>a vers sa<br />

* La Harpe a tra<strong>du</strong>it ce psaume eu vers. Voyez à <strong>la</strong> fin<br />

<strong>du</strong> tome ix <strong>de</strong> ses Œuvres, édition <strong>de</strong> lS2ti.<br />

source. Les <strong>mont</strong>agnes bondirent comme le bâkry et ks<br />

collines comme l'agneau.<br />

« Mer, pourquoi as-tu fui? Jourdain, pourquoi as-ta<br />

reculé vers ta gourée? Montagnes, pourquoi avea-voei<br />

bondi comme le bélier; et vous, couines, comme L'agneau?<br />

« C'est que <strong>la</strong> terre s'est émue <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> ace <strong>du</strong> Seigneur,<br />

à l'aspect <strong>du</strong> Dieu <strong>de</strong> Jacob y <strong>du</strong> Dieu qui change <strong>la</strong> pierre<br />

en fontaine, et <strong>la</strong> roche en source d'eau vive.<br />

« La gloire n'en est pas à nous, Seigneur; éosnei-k<br />

tout entière à votre nom, à votre bonté pour.nousf à Sa<br />

vérité <strong>de</strong> nos oracles, <strong>de</strong> peur que les nalions ne disent<br />

quelque jour : Où dose est leur Dieu ? Moire Bien est dais<br />

les <strong>de</strong>ux; il a <strong>la</strong>it tout ce qu'il a voulu. »<br />

Si ce n'est pas là <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie lyrique, et <strong>du</strong> premier<br />

ordre, il n'y en eut jamais; et si je vou<strong>la</strong>is donner aa<br />

modèle <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière dont foie doit procé<strong>de</strong>r dans<br />

les grands sujets, je n'en choisirais pas un autre :<br />

il n'y en a pas <strong>de</strong> plus accompli. Le début est un exposé<br />

simple et rapi<strong>de</strong> et imposant. Le poète raconte<br />

<strong>de</strong>s merveilles inouïes comme il raconterait <strong>de</strong>s faits<br />

ordinaires ; pas un accent <strong>de</strong> surprise * ni d'admiration,<br />

comme n'y aurait pas manqué tout autre poète.<br />

Le psalmiste se veut pas parler lui-même <strong>de</strong> l'idée<br />

qu'il faut avoir <strong>de</strong>s merveilles qu'il trace. 11 veut<br />

que ce soit toute 1a nature qui ren<strong>de</strong> témoignage an<br />

maître à qui elle obéit. Il l'interroge donc tout <strong>de</strong><br />

suite, et <strong>de</strong> quel ton? Mer, pourquoi as-tufmî Jourdain,<br />

etc. Je cherche quelque chose <strong>de</strong> comparable<br />

à cette brusque et frappante apostrophe*, et je ne<br />

trouve rien qui en approche. 11 interpelle <strong>la</strong> mer, le<br />

fleuve, les <strong>mont</strong>agnes, les collines., et avec quelle<br />

sublime brièveté! Et dans f <strong>la</strong>staat vous enten<strong>de</strong>z <strong>la</strong><br />

mer, le ieuve, les <strong>mont</strong>agnes, les collines qui répon<strong>de</strong>nt<br />

ensemble :<br />

« Eh î n© voyet-vous pas que <strong>la</strong> terre s'est émue <strong>de</strong>vant<br />

k face <strong>du</strong> Seigneur! Et comment ne serait-elle pas ésafe<br />

à l'aspect <strong>de</strong> celui qui change <strong>la</strong> pierre es fontaine, et <strong>la</strong><br />

roclie en source d'eau vive? »<br />

Car ce sont là les liaisons supprimées dans cette poésie<br />

rapi<strong>de</strong>. Le poète aurait pu aussi mettre en récit<br />

ce miracle comme il a fait <strong>de</strong>s autres ; maïs il préfera<br />

<strong>de</strong> le mettre dans <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong>s êtres inanimés. Estce<br />

là un ajrt vulgaire ? Ce n'est pas tout : <strong>de</strong>s- mouvements<br />

nouveaux et affectueux succè<strong>de</strong>nt à ©eux <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

prosopopée :<br />

« La g<strong>la</strong>ire s'en est pas à nous, Seigneur, etc. »<br />

Je connais, comme un autre, Horace et Pïndare ;<br />

mais, si j'ose le dire sans manquer <strong>de</strong> respect pour<br />

* li n'y a qu'une manière d'expliquer comment os espose<br />

si uniment <strong>de</strong>s choses si extraordinaires; c'est que «lui<br />

qui en parle Ici ert celui qui tes a faites; et c'est <strong>de</strong> lui<br />

qu'il est dit dans un autre psaume ; Nihil «I mtmftt'ie t» omspeciu<br />

tjm. « Elea n'est merveiiSeui <strong>de</strong>vant lui. * Et ce<strong>la</strong><br />

doit être.

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