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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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dant <strong>du</strong> rang suprême et contre J'orgueil féroced'nn<br />

tyran jaloux. Le caractère <strong>de</strong> Britamtleus et Ta?an*<br />

tage <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ire à Jtinie le maintiennent dans un état<br />

d'égalité <strong>de</strong>vant l'empereur, et le spectateur est toujours<br />

content <strong>de</strong> voir <strong>la</strong> puissance injuste humiliée.<br />

C'est ainsi que, dans cette pièce9 les intérêts <strong>de</strong> ta<br />

politique et cttix <strong>de</strong> l'amour se ba<strong>la</strong>ncent sans se<br />

nuire» et que <strong>de</strong>s teintes si différentes se tempèrent<br />

les unes par les autres, loin <strong>de</strong> paraître se repousser.<br />

SEcncp 111. — Bérénice*<br />

SIÈCLE 1)1 LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

On sait que, dans Bérénice, Racine lutta contre<br />

les difficultés d'un sujet qui n'était pas <strong>de</strong> son chois ;<br />

et, s'il s'a pu faire une véritable tragédie"<strong>de</strong> ce qoi<br />

n'était en soi-même qu'une élégie héroïque , il a fait<br />

<strong>du</strong> moins <strong>de</strong> cette élégie un ouvrage charmant 9 et<br />

tel que lui seul pouvait le faire. On proposa un jour<br />

à Yoltâire défaire un commentaire <strong>de</strong> Racine comme<br />

il faisait celui <strong>de</strong> Corneille. 11 répondit ces propres<br />

mots :<br />

« Il n'y a qu'à mettre as bas <strong>de</strong> toutes les pages f èmm,<br />

p&iMtiqm, harmonieux, admirable, etc. •<br />

Il se présenta une occasion <strong>de</strong> faire voir combien ce<br />

sentiment était sincère. Il a commenté <strong>la</strong> Bérénice<br />

<strong>de</strong> Racine, imprimée dans un même volume avec<br />

celle <strong>de</strong> Corneille; et quoique Bérénice soit <strong>la</strong> plus<br />

faible <strong>de</strong>s pièces dont l'auteur a enrichi le théâtre,<br />

(e commentateur, en relevânt quelques endroits où<br />

le style se ressent <strong>de</strong> <strong>la</strong> faiblesse <strong>du</strong> sujet, ne cesse<br />

d'ailleurs <strong>de</strong> faire remarquer dans ses notes l'art infini<br />

que le poète a employé et les ressources inconcevables<br />

qu'il a trouvées dans son talent pour remplir<br />

cinq actes avec si peu <strong>de</strong> chose, et varier, par<br />

les nuances délicates <strong>de</strong> tous les sentiments <strong>du</strong> cœur,<br />

une situation dont le fond est toujours le même. La<br />

seule analyse possible d'un sujet si simple porte<br />

tout entière sur les détails Y et se trouve complète<br />

dans les excellentes notes <strong>de</strong> Yoltâire, auiquelleg<br />

on ne peut rien ajouter. Yoici comme il s'eiprïme<br />

dans <strong>la</strong> troisième scène <strong>du</strong> second acte-:<br />

« La résolution <strong>de</strong> l'empereur ne fait attendre qu'âne<br />

. seule scène. U petit renvoier Bérénice ave© Antiochut, et<br />

<strong>la</strong> pièce sera bientôt ioie, On conçoit trèa-difiîcitenieat<br />

comment le sujet pourra fournir encore quatre actes. Il n'y<br />

t point <strong>de</strong> nœud, point cf efetacfe , point d'intrigue. L'empereur<br />

est le maître; Il a pris son parti; il veut, et il doit<br />

vouloir que Bérénice prie. Ce s'est que dans ces sentiments<br />

Inépuisables <strong>du</strong> cceor, dans 10 passage d'un moûtement à<br />

F astre, dans4e développement <strong>de</strong>s plus secrets ressorts <strong>de</strong><br />

famé ; que Fauteur a pu trouver <strong>de</strong> quoi fournir <strong>la</strong> carrière.<br />

C'est un lîiériff prodigieux, et dont je crois que kl seul<br />

était capable. »<br />

On aime d v autant plus à entendre l'auteif <strong>de</strong><br />

ZMre prier ainsi, qu'on est sûr qu'il ne l'eût pas<br />

623<br />

dit s'il ne Ta?ait pas pensé. Je puis ajouter qu'il ne<br />

s'eseiuaît pas lui-même <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> ceux qui n'auraient<br />

pu faire ce qu ? ici Racine a?ait fait. Quand un<br />

grand artiste parie <strong>de</strong> son art, il mesure, même<br />

involontairement, ses jugements sur sa force. Ce<br />

n'est pas que Yoltâire ignorât <strong>la</strong> sienne; il savait<br />

même qu'au théâtre II avait porté encore plus loin<br />

que Racine les effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie. Mais il s'agit ici<br />

d'une espèce particulière <strong>de</strong> talent ou Racine n'a<br />

point d'égal, et qui était nécessaire pour faire Bérénice<br />

; c'est <strong>la</strong> connaissance parfaite <strong>de</strong>s replis les<br />

plus cachés et les plus intimes d'un cœur tendre,<br />

Fart <strong>de</strong> les peindre avec <strong>la</strong> vérité <strong>la</strong> plus pure, et celui<br />

<strong>de</strong> relever les plus petites choses par le charme inexprimable<br />

<strong>de</strong> ses vers. Le commentateur en remarque<br />

un exemple bien frappant; c'est l'endroit où<br />

Phénice dit à <strong>la</strong> reine :<br />

Laissez-moi relever ces voiles détachés,<br />

Et ses cheveux épars dont fût yeux sont cachés.<br />

Souffres que <strong>de</strong> vos pleurs Je répare l'outrage.<br />

« fit» s'est plus petit que <strong>de</strong> faire paraître une suivante<br />

qui propose à sa maîtresse <strong>de</strong> rajuster son voile et ses<br />

cheveux. OSez à ces idées ks grâces <strong>de</strong> <strong>la</strong> diction, il M<br />

reste rien. »<br />

En rapportant cette observation au vers qui suit,<br />

j'achèverai <strong>de</strong> faire sentir combien cet art que lé<br />

commentateur admire était nécessaire pour amener<br />

<strong>de</strong>s beautéi propres tu sujet. Bérénice répond :<br />

Laisse, <strong>la</strong>isse « Phéalee, U verra sou ouvrage.<br />

Ce vers si attendrissant ne manque jamais d'être<br />

app<strong>la</strong>udi : c'est une beauté <strong>de</strong> sentiment : elle était<br />

-per<strong>du</strong>esi l'auteur n'avait 1?a8 eu le taêrei d'ennoblir<br />

par <strong>la</strong> poésie ce que Phénice avait à dire.<br />

À <strong>la</strong> fin <strong>du</strong> quatrième acte , le commentatfur dit<br />

encore :<br />

« Cette scène et b suivante, qui semblent être peu <strong>de</strong><br />

chose, me paraissent parfaites, Antioelius joue le rote d'un<br />

homme qui est supérieur à sa passion. Titus est attendri<br />

al ébranlé comme il doit l'être, et dans le moment le sé­<br />

nat •leait iaféicitat d'usé victoire qull craint <strong>de</strong> remporter<br />

sur lui-ménie. Ce sont <strong>de</strong>s ressorts presque imperceptibles ,<br />

qui agissent puissamment sur f <strong>la</strong>ie, U y a mite fois plus<br />

d'art dans cette belle simplicité que dans cette foule al<strong>la</strong>- #<br />

déeais dont ou t chargé tant <strong>de</strong> tragédies. »<br />

Citons encore te résultat <strong>de</strong> ce commentaire. Je<br />

ne connais rien <strong>de</strong> plus intéressant que d'entendre<br />

Voltaire parler <strong>de</strong> l<strong>la</strong>eine, - -<br />

«-Je n'ai rien à dire <strong>de</strong> ce cinquième acte, sinon que<br />

c'est es son genre un chefd'oenvre; et qu'en le relisant<br />

avec <strong>de</strong>s f eai sévères f je sus eue®» étonné qu'on ait ps<br />

tifwas3a€iia§«étoBefij»^<br />

, <strong>la</strong> mêeie; qtfon ait trouvé encore <strong>de</strong> quoi attendrir, quand<br />

| en parait avoir tout dit ; que même tout paraisse neuf dans<br />

1 ce'<strong>de</strong>nter acte, qui n'est qqp le résumé <strong>de</strong>s quatre pré-

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