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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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<strong>de</strong>s procédés. On sait que Boiieau ratait attaqué<br />

dans ses premières satires, dont il a <strong>de</strong>puis retranché<br />

son nom. 11 lui savait mauvais gré <strong>de</strong> s'être brouillé<br />

avec Molière f et c'est en effet le seul tort que BOUTsault<br />

ait eu. Bqileau était excusable <strong>de</strong> prendre <strong>la</strong><br />

querelle <strong>de</strong> sou ami; mais Boursault vengea <strong>la</strong><br />

menue propre bien noblement. Boiieau, qui rfavait<br />

pas encore fait <strong>la</strong> fortune que ses talents lui valurent<br />

<strong>de</strong>puis, s'étant trouvé aux eaux <strong>de</strong> Bourbon s ma<strong>la</strong><strong>de</strong><br />

et sans argent, Boursault, qui se rencontra par hagard<br />

dans le même endroit, le sut f et courut lui offrir<br />

sa bturse <strong>de</strong> si bonne grâce, qu'il le força<br />

<strong>de</strong> l'accepter. Ce fut l'époque d'une réconciliation<br />

sincère, et d'une amitié qui <strong>du</strong>ra autant que leur<br />

vie.<br />

Il ne faut pas parler <strong>de</strong> ses tragédies, qui sont<br />

entièrement oubliées, et qui doivent l'être, quoique<br />

son Germameus ait eu d'abord un si grand succès,<br />

que Corneille l'éga<strong>la</strong>it aux tragédies <strong>de</strong> Racine. Ce<br />

jugement, encore plus étrange que le succès, puisqu'un<br />

homme <strong>de</strong> Fart doit s'y connaît» mieuxque<br />

les autres, -ne servit qu'à offenser Racine, et ne<br />

sauva pas Germanieus <strong>de</strong> l'oubli. Mais Boursault<br />

fut plus heureux dans <strong>la</strong> comédie. Ce n'est pas que<br />

ses pièces soient régulières, il s'en faut <strong>de</strong> beaucoup;<br />

ce ne sont pas même <strong>de</strong> véritablœ drames, puisqu'il<br />

n'y a ni p<strong>la</strong>n ni action : ce sont <strong>de</strong>s scènes<br />

' détachées qui en font tout le mérite, et ce mérite a<br />

suffi pour les faire vivre. Dans ce genre <strong>de</strong> pièces<br />

qu'on appelle improprement êpUodîqœs, et qui<br />

seraient mieux nommées pièce* à êp%$wk$, LB MBHctmi<br />

GALANT était un <strong>de</strong>s sujets les mieux choisis :<br />

aucun autre ne pouvait lui fournir un plus grand<br />

nombre d'originaux faits pour un cadre comique,<br />

fous cependant m sont pas également heureux : on<br />

en a successivement retranché plusieurs, entre au­<br />

tres, <strong>la</strong> scène <strong>du</strong> voleur <strong>de</strong> <strong>la</strong> gabelle, qui avait<br />

quelque choie <strong>de</strong> trop patibu<strong>la</strong>ire. Elle n'est pas<br />

mal faite; mais il ne faut pas mettre sur le théâtre<br />

un homme qui put en sortant être mené au gibet.<br />

On a supprimé aussi quelques scènes un peu froi<strong>de</strong>s;<br />

par exemple, celle qui roule sur une housse <strong>de</strong> lit<br />

dont une femme a fait une robe, et plusieurs autres<br />

scènes qui ne valent pas mieux : mais il ne fal<strong>la</strong>it<br />

pas en retrancher une fort jolie 9 celle où M. Miehaut<br />

vient, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r qu'on l'anoblisse dans Je Meram.<br />

Ces suppressions ont ré<strong>du</strong>it <strong>la</strong> pièce à quatre actes,<br />

<strong>de</strong> cinq qu'elle avait. Elle Ût en naissant une fortune<br />

prodigieuse. On assure dans lès Mecktrckes sur<br />

ks méâires <strong>de</strong> France, <strong>de</strong> Beauehamps, qu'elle fut<br />

jouée quatre-vingts fois. Si le fait est vrai, ce nombre<br />

extraordinaire <strong>de</strong> représentations ne lui a pas<br />

porté malheur, comme à limocrate, qui n'a jamais<br />

SIÈCLE DE LOUIS XIY. — POÉSIE. «51<br />

reparu ; au contraire, il est peu <strong>de</strong> plèets qu'on joue<br />

aussi souvent que k Mercure gahmt. M est vrai que<br />

le talent rare <strong>de</strong> l'acteur qui <strong>la</strong> jouait à lui seul<br />

presque tout entière, a pu contribuer à cette gran<strong>de</strong><br />

vogue; mais on ne peut disconvenir qu'il n'y ait<br />

beaucoup <strong>de</strong> scènes d'une exécution parfaite, p<strong>la</strong>isamment<br />

Inventées, et remplies <strong>de</strong> vers heureux.<br />

Ce qui le prouve, c'est qu'ils sont dans <strong>la</strong> mémoire<br />

<strong>de</strong> tous ceux qui fréquentent le spectacle.<br />

Bonifaee Chrétien, Larissole, les <strong>de</strong>ux Procureurs<br />

et l'abbé Beaugénïe, sont excellente dans leur<br />

genre. L'invention <strong>de</strong>s billets d'enterrement, tjuî<br />

sont <strong>la</strong> ressource if tut wmlkmreux Mèraire qm'm<br />

Bwre in-foM® a mis à tkêpiM; l'idée singulière <strong>de</strong><br />

mettre dans <strong>la</strong> bouche d'en soldat ivre <strong>la</strong> critique<br />

<strong>de</strong>s irrégu<strong>la</strong>rités <strong>de</strong> notre <strong>la</strong>ngue, et <strong>de</strong> faire <strong>de</strong><br />

cette critique <strong>de</strong> grammaire un dialogue-très comique;<br />

l'importance que l'abbé Beaugénie met' à son<br />

énigme, <strong>la</strong> satisfaction qu'il en a et l'analyse savante<br />

qtill en fait; <strong>la</strong> querelle <strong>de</strong> maître Sangsue et <strong>de</strong><br />

mattre Brigan<strong>de</strong>au, <strong>la</strong> supériorité que l'un affecte<br />

sur l'autre; tout ce<strong>la</strong> est très-divertissant : et surtout<br />

<strong>la</strong> scène <strong>de</strong>s procureurs est si exactement conforme<br />

au style <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is, et d'une tournure <strong>de</strong> vers<br />

si aisée, si naturelle et si adaptée au vrai ton <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

comédie, que j'oserai dire (sous ce rapport seul)<br />

qu'elle rappelle <strong>la</strong> versification <strong>de</strong> Molière. Elle est<br />

si connue, que je n'en citerai qu'un seul exemple,<br />

uniquement poor soumettre mon opinion au jugement<br />

<strong>de</strong>s connaisseurs.<br />

au mois <strong>de</strong> Juin <strong>de</strong>ntier, ua mémoire <strong>de</strong> frais<br />

Peuadain tia caeèot le faire mettra se frais.<br />

Tu l'avais fait <strong>mont</strong>er à sept cent trente livres t<br />

Et ton papier vo<strong>la</strong>nt , tel que tu le délivres,<br />

Étant TU <strong>de</strong> Menteurs t trois <strong>de</strong>s pins spparents,<br />

firent <strong>mont</strong>er te tout à trente-quatre frases ;<br />

Encore direut-lSs que, dans cette occurrence9<br />

Ils te passaient ceat sous contre leur cooseleoee.<br />

Ge<strong>la</strong> est très-gai ; mais ce qui l'est un peu moins ;<br />

c'est que <strong>de</strong>s faits très-attestés aient prouvé que m<br />

n'est pas une p<strong>la</strong>isanterie.<br />

Le sort é'Ésope à <strong>la</strong> vîiie fut aussi très-bril<strong>la</strong>nt;<br />

il etitqtiarante-trois représentations : mais il ne s'est<br />

pas soutenu <strong>de</strong>puis, tant ce premier éc<strong>la</strong>t d'une nouveauté<br />

est mmmit un présage trompeur. Le style<br />

est bien inférieur à celui do Mercure gâtant, et <strong>la</strong><br />

médiocrité <strong>de</strong>s fables que débite Ésope est d f atitant<br />

plus sensible, que <strong>la</strong> plupart avaient déjà été traitées<br />

par <strong>la</strong> Fontaine. On 'serait tenté d'en faire un<br />

reproche grave à l'auteur, si loi-même ne s 9 en était<br />

accusé avec cette franchise mo<strong>de</strong>ste etcouragêust<br />

dont j'ai déjà cité plus d'un témoignage. Voici comme<br />

il s'exprime dans sa préfaça,<br />

« Ce qui m'a para te plus dangereus dans cette entreprise,<br />

c'a été d'oser mettre <strong>de</strong>s fables en vers après l'M-

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